Areva annonce 1 milliard d'économies mais temporise sur le volet social

Temporisant sur le volet social de son redressement Areva a dévoilé ce mercredi la première phase de sa thérapie de choc avec un plan d'un milliard d'euros d'économies, d'importantes cessions et un recentrage de ses activités, alors qu'un rapprochement capitalistique avec EDF est possible.

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Le directeur général d'Areva Philippe Knoche a affirmé que le groupe n'écartait pas des suppressions d'emplois, alors que le spécialiste du nucléaire a confirmé
une perte record de 4,8 milliards d'euros pour 2014.
"Nous ferons tout pour que, s'il doit y avoir des départs, ils se fassent sur la base du volontariat", a déclaré Philippe Knoche lors d'une conférence de presse du groupe, détenu à plus de 87% par des capitaux publics.

Areva prévoit d'engager "à partir de la fin du mois de mars" une phase de concertation avec les organisations syndicales sur "un projet d'accord-cadre" relatif à "l'emploi, aux rémunérations et au temps de travail".

Le ministre du Travail, François Rebsamen a assuré sur France Inter que le gouvernement suivait "de près" le dossier et qu'à ce stade aucune suppression de poste n'avait été évoquée, notamment lors d'une rencontre lundi avec le président du conseil d'administration d'Areva, Philippe Varin en présence du ministre de l'Economie Emmanuel Macron.
Mardi soir, ce dernier assurait qu'il n'y aurait pas de "carnage social" dans le groupe public.


Il n'y a "a priori pas de licenciements prévus" mais des "départs volontaires ou anticipés", a également affirmé la ministre de l'Energie Ségolène Royal.

Cela n'a pas suffi à rassurer Pascal Evariste, coordinateur CGT d'Areva, qui voit dans la communication "catastrophiste" du groupe une volonté d'"amener les éléments sociaux entre avril et septembre". "Nous estimons que ce n'est pas aux salariés de payer les conneries, ni les malversations autour d'Uramin (société acquise en 2007, ndlr), a-t-il ajouté.

Le milliard d'économies visé à horizon 2017 se fera via "de nouveaux leviers d'achats", "une forte amélioration de la productivité" et "en allégeant les structures et en optimisant les implantations géographiques", selon le groupe.

Areva table sur un retour dans les trois ans à un niveau de marge "comparable à celui de ses concurrents sur les différents marchés du monde".
Le groupe a aussi annoncé une nette réduction de ses investissements et un programme de cessions d'actifs supérieur aux 450 millions d'euros prévus en octobre dernier.
Le groupe prévoit également "la levée de financements bancaires au niveau des actifs industriels" et "des partenariats comportant un volet financier".


Rapprochement capitalistique possible avec EDF

Un rapprochement capitalistique avec EDF, qui pourrait prendre une participation dans le groupe ou dans certains actifs, n'est pas exclue, mais des discussions sur ce point n'interviendront que "dans un second temps", a affirmé Philippe Knoche.

La "refonte" du partenariat entre l'électricien et le spécialiste du nucléaire qu'annonce Areva pourrait aller "jusqu'à un rapprochement, y compris capitalistique", a estimé M. Macron, dans un entretien au Figaro paru mercredi.

Le gouvernement plaide en effet pour la création d'une véritable filière française du nucléaire autour d'Areva, EDF et du CEA (commissariat à l'énergie atomique).
Cette filière constitue "un facteur essentiel de la souveraineté et de l'indépendance énergétique de notre pays", ont rappelé dans un communiqué Mme Royal, M. Macron et le ministre des Finances Michel Sapin.

Dans un premier temps, ce rapprochement passe par l'achèvement des projets en cours (EPR de Flamanville, EPR d'Hinkley Point au Royaume-Uni), l'optimisation de la gamme de réacteurs développée par les deux groupes français et le "défi de la compétitivité", selon Areva.

Une recapitalisation publique est en revanche "prématurée", aux yeux d'Emmanuel Macron alors que le groupe dit étudier "des moyens de renforcement de ses fonds propres".

Pour Jean-Pierre Bachman, coordinateur CFDT, l'Etat doit au contraire "prendre ses responsabilités". "Il y a un besoin clair de recapitalisation. Le groupe n'est pas encore sauvé", a-t-il estimé.

Areva doit ses résultats catastrophiques aux difficultés (retards et surcoûts) engendrées sur les projets d'EPR Olkiluoto 3 en Finlande, et de Flamanville en France, au fiasco financier de l'acquisition d'Uramin, à la morosité du secteur nucléaire depuis l'accident de Fukushima en 2011 et à des pertes dans les énergies renouvelables.
En 2014, les provisions passées pour le seul projet d'EPR finlandais ont atteint 720 millions d'euros.

A l'avenir, le groupe entend se recentrer sur "le coeur des procédés nucléaires" sans pour autant abandonner son modèle intégré promu par sa précédente dirigeante Anne Lauvergeon (2001-2011), allant de l'extraction d'uranium au traitement des déchets issus des centrales nucléaires.

Areva compte aussi sur les vents porteurs en Chine et plus généralement en Asie dans le nucléaire pour en faire une priorité de son développement et y renforcer sa présence.
Le groupe a conclu un accord stratégique il y a un an avec le chinois CNNC sur l'ensemble des activités nucléaires et participe également au chantier des deux EPR Taishan 1 et 2, qui avancent mieux que les deux autres en Finlande et en France.
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