Manuel Valls jette ses dernières forces dans la campagne pour les départementales en tenant meeting ce jeudi à Tulle, fief électoral du chef de l'Etat, qui pourrait basculer à droite.
Le Premier ministre achève son tour de France de meetings par une avant-dernière étape en Corrèze, département arraché à la droite aux cantonales de 2008 par François Hollande.
Pour ce scrutin qui démarre dimanche, la gauche part divisée - les communistes ont une liste à part - et une forte abstention est redoutée.
"En Corrèze, c'est plié", juge Vincent Brousse, historien et expert de la carte électorale limousine, d'autant que le FN ne présente opportunément pas de candidat dans plusieurs cantons, augmentant le risque de défaite socialiste, selon lui.
En mars 2014, la majorité actuelle a perdu la plupart des communes importantes (Brive-la-Gaillarde, Ussel), hormis Tulle, la ville du président.
"M. Valls va volontiers là où c'est difficile. Il aime les batailles. Il va là où il y a des enjeux", souligne-t-on à Matignon, en relevant que la Corrèze, longtemps aux mains des chiraquiens, n'est pas "historiquement un bastion de gauche".
Le département a en effet été ravi à la droite en 2008 avec un seul siège de majorité et conservé de justesse en 2011 avec deux sièges de majorité.
Au programme du premier ministre ce jeudi: une visite d'entreprise à Eyrein puis celle de la réhabilitation du quartier de l'ancienne papeterie d'Uzerche. Enfin une réunion publique de soutien aux "candidats de la majorité départementale" à Tulle même, la ville dont le président de la République fut maire de 2001 à 2008.
Au même moment à quelques kilomètres, Bernadette Chirac, candidate suppléante à Brive, tiendra une réunion publique.
Dénoncer le Front national
Tout au long de sa tournée qui l'a conduit notamment dans l'Aude, l'Ille-et-Vilaine, la Haute-Vienne, la Meurthe-et-Moselle, l'Essonne - son fief -, Manuel Valls s'est employé à mobiliser son électorat en dénonçant le Front national et démontant ses propositions "dangereuses et insensées", une stratégie de stigmatisation décriée par certains y compris dans son camp.Son prédécesseur, Jean-Marc Ayrault, a ainsi jugé cette semaine qu'il s'agissait de mettre au centre de l'élection non "pas le Front national" mais "le choix de majorités départementales", et plaidé pour davantage de "pédagogie".
"Le FN ment, il ment aux Français, il faut le dire, il faut l'expliquer", soulignait le chef du gouvernement mercredi soir encore, à Carvin dans le Pas-de-Calais.
Le Premier ministre a-t-il pris des risques en s'engageant autant dans un scrutin où la gauche pourrait, au total, perdre 30 à 40 départements (sur 61 actuellement)?
Son avenir à son poste est en tout cas assuré: François Hollande a affirmé, dans une interview à Challenges, qu'il n'y aurait "pas de changement (...) de Premier
ministre".
Le président a jugé que c'était "une très bonne idée" que M. Valls vienne en Corrèze, "tout comme de façon générale de mener une campagne très active partout en France", souligne-t-on dans l'entourage du chef de l'Etat. "Et ce n'est jamais risqué de faire campagne et d'essayer de convaincre", ajoute-t-on.
Dans un baromètre Ipsos-Le Point publié lundi, la cote de popularité de M. Valls a dégringolé de 10 points, tombant à 42% d'avis favorables. Un niveau qui reste cependant bien plus élevé que celui du président de la République (26 % d'opinions favorables).
Le résultat en Corrèze aura en tout cas valeur de symbole dans un département qui a donné à la France deux présidents de la République en 20 ans.
M. Valls doit terminer ses déplacements par la Drôme et l'Ardèche vendredi, deux autres départements susceptibles d'être gagnés par la droite.