Plébiscité en début de saison pour son jeu séduisant, Bordeaux-Bègles traverse depuis janvier une crise de confiance surprenante, laissant craindre le pire à quatre journées de la fin du Top 14. L'UBB était 5e fin janvier, avec des certitudes. Elle est 9e et en plein doute. Décryptage.
L'UBB reste sur quatre revers consécutifs, dont deux à domicile -d'un point à chaque fois - contre le Stade Français et La Rochelle, qui ont fortement plombé ses rêves de barrages.
Mardi, l'entraîneur des arrières Vincent Etcheto résumait la situation :
"On est tous responsables, du président au kiné en passant par les joueurs, tout le monde a son mot à dire et sa pierre à apporter à l'édifice parce qu'on est dans un moment critique pour le club".
"Il ne faut pas tomber dans la psychose, mais être clair, cela va très vite dans les deux sens", pointait pour sa part le pilier Jefferson Poirot.
Perpignan en est un exemple. A la même époque l'an dernier, ils ne pensaient pas descendre et jouaient les six places qualificatives.
Montpellier comme déclencheur
Comment en sont arrivés là ? Même les principaux intéressés ont du mal à trouver des explications rationnelles tant les scenarii des matches ont été différents.Il faut aussi se rappeler qu'en novembre-décembre, les hommes de Raphaël Ibanez avaient déjà concédé quatre défaites de rang (entre la 10e et la 13e journée) sans trop de conséquences sur leur classement.
Il est évident que la défaite à Montpellier (24-34, 17e journée), malgré une supériorité numérique d'une heure, a été le déclencheur de la passe actuelle. Mais certains admettent que les déplacements précédents à Oyonnax (23-28), Bayonne (12-15) et surtout au Racing (9-12), qu'Etcheto considère "comme un match gagné", ont étiolé la confiance d'un groupe s'interrogeant au coeur de l'hiver sur sa façon de jouer pour gagner à l'extérieur.
L'UBB joue-t-elle trop ? Doit-elle privilégier le jeu au pied et un rugby plus restrictif, loin de ses gènes? Le débat a été ouvert en son sein avec le souvenir paradoxal que son plus mauvais match cette saison à l'extérieur, à La Rochelle, s'est soldé par une victoire (29-26), la seule hors de ses bases.
Marti pas surpris
Etcheto en rajoute une couche :
"on se dit qu'on ne sait plus gagner, on rate des deux contre un, cela se joue sur des détails. Là où il y avait du sourire, il y a un peu plus de crispation".
Autres paramètres à prendre en compte, l'absence de certains "tauliers", comme le demi de mêlée sud-africain Heini Adams, les centres Julien Rey et Félix Le Bourhis, les piliers Jean-Baptiste Poux et Sébastien Taofifenua, à des moments charnières de la saison, qui a ébranlé l'édifice.
Enfin, difficile de passer sous silence le feuilleton Ibanez, bombardé favori en début d'année par les médias pour succéder cet automne à Philippe Saint-André à la tête des Bleus, ce qui a légèrement pollué l'ambiance. Coïncidence de dates ?
"Cela ne nous a pas perturbés mais on en a parlé", conclut un cadre de l'équipe.
L'UBB se déplace à Lyon samedi. A suivre.