Le maire UMP de Bordeaux Alain Juppé et son adversaire aux municipales, le député PS Vincent Feltesse, ont tenu jeudi leur 1er face à face marqué par de vifs échanges sur le sport et la culture, que le maire sortant est accusé d'avoir méprisée.
Un premier débat organisé dans le cadre "des rencontres Sciences Po /Sud Ouest"
La culture
Pour Vincent Feltesse : La culture fait partie des "grands brûlés de la politique municipale". A l'appui de cette affirmation, il a cité l'absence d'un grand festival, le défaut de soutien à des structures locales, les difficultés des théâtres ou encore le budget pour les acquisitions de seulement "quelques milliers d'euros" du Centre d'arts plastiques contemporains de Bordeaux (CAPC)."Est-ce que le rayonnement culturel c'est un festival de huit jours ? Ma réponse est non", a estimé Alain Juppé en défendant la nécessité de "rapprocher la culture du citoyen" avec les arts de la rue, les actions éducatives en direction des plus jeunes, notamment de l'Opéra de Bordeaux, ou encore les festivals de quartier. La Revue des Beaux arts a classé Bordeaux en troisième position dans ce domaine, a-t-il affirmé, soulignant que Bordeaux avait 74 ateliers d'artistes qu'il ferait volontiers "visiter" à Vincent Feltesse.
"Indiquez-moi dix ateliers d'artistes", lui a rétorqué son rival socialiste. "Si vous les connaissez aussi bien, citez-moi les dix", a dit le maire, clôturant ainsi une première vraie passe d'armes sur le fond.
Le sport
Le président socialiste de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) et l'ancien Premier ministre, qui brigue son quatrième mandat, ont aussi affiché leurs divergences sur l'usage du stade Chaban-Delmas, résidence des Girondins jusqu'à la livraison en 2015 du futur grand stade de la ville.Pour Alain Juppé, il faudra "transformer le stade en une sorte de plaine des sports" et l'ouvrir sur le quartier. Selon lui, l'Union Bordeaux-Bègles (UBB), qui y délocalise certains matches du Top 14, irait ensuite jouer dans le grand stade en construction. "Chaban Delmas doit (...) garder sa vocation rugby", a affirmé Vincent Feltesse évoquant le dernier match de l'UBB contre Brive où "29.000 spectateurs" avaient "vibré". Il a considéré que la redevance serait "trop chère" dans le nouveau stade et pourrait conduire le club à sa "fin".
Economie et fiscalité
En matière d'économie, ils se sont aussi opposés notamment sur le point de savoir si un projet de réparations de yachts de luxe, dit de "refit", soutenu par M. Feltesse, devait s'installer dans les Bassins à flots, ancienne friche industrielle en pleine rénovation où sera construite une grande Cité des civilisations du vin, dont l'ouverture est prévue en 2016. "Je suis défavorable à ce projet", a dit le maire, sans écarter pour autant que "l'on se mette autour de la table", pour en discuter, mais estimant qu'il n'est pas compatible, notamment avec le "fort potentiel touristique" du quartier qui l'entourera.Vincent Feltesse s'est en outre engagé à ne pas augmenter la fiscalité de Bordeaux, qui arrive en "troisième position des villes les plus fiscalisées" selon lui, ce qu'Alain Juppé n'a pas démenti soulignant cependant qu'en termes de hausse des impôts "Bordeaux est en dixième position au cours de la dernière mandature".
Déclarations des deux candidats à l'issue du débat
"J'ai une vision plus consensuelle (...) J'ai trouvé qu'il avait une vision plus polito-partisane", a déclaré après le débat Alain Juppé en évoquant notamment son souhait du maintien d'une "cogestion" de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) par la droite et la gauche. Il a passé plus de temps "à défendre un bilan qu'à donner une perspective", a pour sa part estimé M. Feltesse.
Pour les membres de l'entourage, ils ont convenu que le maire sortant avait été "plus fort", en première partie du débat. Il a ensuite été "déstabilisé sur la culture", par M. Feltesse, a estimé l'un des proches du socialiste. Vincent Feltesse est un adversaire "sérieux" et "la victoire n'en sera que meilleure", a dit un proche d'Alain Juppé.
Selon le dernier sondage de décembre la liste de l'ancien Premier ministre, soutenue par l'UMP, le MoDem et l'UDI recueillerait 59% des voix, soit plus du double du nombre de voix allant à la liste PS-EELV conduite par le député socialiste de la Gironde
Le compte rendu avec Elise Galand et Didier Bonnet