Le sabotage du deuxième plus gros dépôt de munitions allemand a été dirigé par le groupe Alerte, groupe de résistants bordelais. Sa destruction, juste après le débarquement, a privé les allemands de précieux renforts d'armes et de matériel.
L'un des membres du groupe Alerte, René Marchadier, 22 ans en 1944, se souvient de ce sabotage sanglant.
"On se réunit 32 rue de la Devise, raconte le lieutenant Marchadier, sous-chef du Groupe Franc "Alerte", chez Mademoiselle Crauste, (la responsable du groupe). C'est une femme qui a de réelles aptitudes d'organisation et une foi ardente en la France. C'est chez elle qu'arrivent les courriers. Nous n'avons pas d'explosifs en ce moment, mais mademoiselle Crauste, de son pseudo Jacqueline, sait toujours où il y en a, et, un soir elle en apporte la quantité voulue dans un carton à chapeaux. Elle est suivie d'un artificier, Roger, qui nous apprend leur emploi. Je me rends à Jonzac par le train avec ces explosifs et j'explique à Ruibet leur maniement. Les crayons ont un retard possible de détonation de six heures."
Le dépôt est installé dans une champignonnière, située dans les anciennes carrières de Heurtebise à Jonzac en Charente, protégée par 20 mètres de roche. Un bombardement aérien aurait peu de chance de le détruire et serait extrêmement meurtrier pour le village. René Marchadier propose un sabotage de l'intérieur.
Ce sont deux jeunes résistants travaillant sur place qui sont chargés de placer les explosifs. Mais l'opération échoue deux fois, la mise à feu ne fonctionnant pas. A la troisième tentative, l'un des résistant, le jeune Ruibet, met lui-même le feu aux mèches,en criant "Vive la France", sachant qu'il va sauter avec le dépôt.
L'explosion des tonnes de munitions et d'explosifs, qui pouvaient remplir 120 trains, durera deux jours, sans interruption.
René Marchadier, 92 ans aujourd'hui, nous a reçu chez lui à Lormont, près de Bordeaux et nous raconte son souvenir du 6 juin 1944.