Le procès fleuve pour abus de faiblesse de la 11ème fortune mondiale doit durer jusqu'au 27 février au tribunal correctionnel de Bordeaux. Mardi les juges entendront l'ex-comptable, Claire Thibout, en visio-conférence. Témoin clef de l'affaire.
Cette troisième semaine d'audience va permettre d'entrer dans le détail des comptes, fonds et flux liés à la fortune de Liliane Bettencourt.
Eric Woerth, député UMP et ex-ministre, poursuivi pour un recel, doit être entendu. Il a jusque là toujours nié les faits.
Le tribunal attend aussi le témoignage de l'actuel tuteur de Lilianne Bettencourt, Olivier Pelat.
La gestion de la fortune passée au crible
L'ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire, Patrice de Maistre, poursuivi pour abus de faiblesse et blanchiment, devrait entrer dans le détail de cette gestion.
A travers lui, les comptes non-déclarés de son ex-employeur, 14 au total, dont deux seulement qu'il dit avoir connu, devraient venir sous le projecteur, tout comme l'île seychelloise d'Arros, acquise par Liliane Bettencourt à l'insu du fisc et depuis revendue.
L'ancien commissaire aux comptes a déjà commencé à plaider au tribunal comment il a été "progressivement mêlé à tout cela", à régler ces questions d'argent dissimulé, alors que "ce n'était pas le contrat de départ", lui le très officiel directeur-général de la société Théthys, gérant les dividendes tirés par les Bettencourt du groupe de cosmétiques L'Oréal.
Dans des enregistrements-pirates effectués par l'ex-majordome de la milliardaire, il a parlé d'opérations d'évasion fiscale.
La comptable, témoin clef mardi
Claire Thibout, ex-comptable de Liliane Bettencourt, sera mardi l'un des témoins-clefs de la semaine.
Elle-même mise en examen à Paris pour faux témoignages et attestation mensongères, sur plaintes de François-Marie Banier et Patrice de Maistre, elle avait transmis au tribunal de Bordeaux un certificat médical arguant d'une incapacité à témoigner.
Mais une contre-expertise demandée par le président du Tribunal correctionnel, Denis Roucou, a jugé l'ex-comptable de 56 ans en "bonne santé", quoique sujette à "des tensions anxio-dépressives" et un "stress" directement lié à l'affaire. Elle sera donc entendue par visioconférence, l'expertise ayant estimé que venir à Bordeaux "pourrait être préjudiciable à sa santé".
Témoin "fondamental" à charge mais à l'importance "démesurée" dans l'instruction, selon les avocats de la défense, elle sera donc confrontée, quoiqu'à distance, à ceux qu'elle accuse "d'abus de faiblesse". Un moment fort du procès sans aucun doute.
Accusatrice principale de François-Marie Banier et Patrice de Maistre pour "les abus de faiblesse", c'est elle aussi qui a affirmé avoir remis début 2007 au gestionnaire, qui était, selon elle, "l'intermédiaire avec les politiques", 50.000 euros en liquide lesquels auraient été destinés à Eric Woerth, alors trésorier de campagne de l'ex-chef d'Etat Nicolas Sarkozy. Ce que tant Patrice de Maistre qu'Eric Woerth nient.
Si l'ex-chef de l'Etat, un temps mis en examen en 2013 pour "abus de faiblesse", a finalement bénéficié d'un non-lieu alors que la justice abandonnait le volet du dossier portant sur un financement politique occulte, Eric Woerth, lui, est resté, selon son avocat, un "oublié du non-lieu", en tout cas un prévenu marginal au procès. Assurément en terme de chiffres, si l'on compare le montant le concernant et les sommes faramineuses (plus d'un demi-milliard au total) sur lesquelles portent les chefs d'accusation.
Patrice de Maistre, en tout début de procès n'a fait nul mystère de son affinité politique avec l'UMP, étant membre du "premier cercle" de donateurs, ni de ses contributions, légales et transparentes, aux campagnes de Nicolas Sarkozy et Eric Woerth.
Les deux premières semaines du procès ont été centrées sur les personnalités, puis les donations ou libéralités de millions, de dizaines, de centaines de millions de l'héritière de L'Oréal au profit des principaux prévenus, et en première ligne l'ami et confident François-Marie Banier.