Bettencourt : les débuts d'un procès très médiatique

Un ancien ministre, un photographe mondain, un capitaine d'industrie...le procès de l'affaire Bettencourt s'ouvre aujourd'hui à Bordeaux. 10 personnes comparaissent pour abus de faiblesse et blanchiment notamment. Elles sont soupçonnées d'avoir voulu capter la fortune de l'héritière de l'Oréal.

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Le procès doit durer 5 semaines. Plus de 150 journalistes ont été accrédités pour rendre compte de cette audience.
La première matinée est déjà riche en rebondissements. Certains s'interrogent même pour savoir si le procès ira à son terme.

Reportage de Jean-Pierre Stahl et de Didier Bonnet


 

Avant même d'entrer dans le vif du sujet, le premier procès de l'affaire Bettencourt s'est ouvert lundi à Bordeaux sur un coup de théâtre: l'annonce de la tentative de suicide d'un des prévenus, Alain Thurin, l'ancien infirmier de la milliardaire Liliane Bettencourt, entre la vie et la mort à l'hôpital.
La veille de l'audience où il devait être jugé pour "abus de faiblesse" au détriment de la milliardaire, Alain Thurin, 64 ans, entré au service des Bettencourt en 2007, "aurait tenté d'attenter à ses jours" en se pendant dans un bois près de son domicile, en région parisienne, a annoncé le procureur Gérard Aldigé.

Alain Thurin "est à l'hôpital entre la vie et la mort" après avoir été découvert par un passant dans un parc de Brétigny-sur-Orge (Essonne), a précisé une source policière. L'ex-infirmier n'avait pas d'avocat pour le représenter au procès.
Un des avocats de Liliane Bettencourt, Me Benoît Ducos-Ader, a déploré un événement "particulièrement troublant et grave, car cet homme a été aux côtés de Mme Bettencourt pendant très longtemps". "C'est quelqu'un qu'on ne voyait pas, il est venu s'expliquer devant le juge, mais mes clients n'avaient absolument aucune nouvelle de lui ", a-t-il ajouté.

Au total, dix personnes sont poursuivies dans le premier volet de ce dossier tentaculaire, pour la plupart soupçonnées d'avoir profité de la vulnérabilité de la richissime nonagénaire, héritière du groupe de cosmétiques L'Oréal.
Sur le banc des prévenus s'alignaient lundi des costumes sombres, à la coupe impeccable, devant les rangs très fournis des avocats. Non loin l'un de l'autre, deux des principaux prévenus, Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt, et le photographe François-Marie Banier, confident de la milliardaire.
Tous deux sont poursuivis pour "abus de faiblesse" et "blanchiment" au détriment de la vieille dame, aujourd'hui âgée de 92 ans, alors qu'elle souffrait de sénilité depuis septembre 2006. Des délits passibles chacun de trois ans d'emprisonnement et de 375.000 euros d'amende.
Sur le même banc, l'ex-ministre UMP Eric Woerth. Le député de l'Oise est poursuivi pour "recel" d'une somme qu'il aurait reçue de Patrice de Maistre, alors qu'il était trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, ce que nient les deux hommes. Mis en examen au printemps 2013, l'ex-chef de l'État a depuis bénéficié d'un non-lieu.

Des centaines de millions d'euros

Dons manuels ou libéralités par millions d'euros, faramineux contrats d'assurance-vie, donations d'oeuvres d'art: le procès, sur cinq semaines, devrait braquer ses projecteurs sur les coulisses de l'hôtel particulier de la 11e fortune mondiale à Neuilly-sur-Seine, ses usages et ses rivalités internes.
A lui seul, François-Marie Banier est accusé d'avoir perçu plus de 400 millions d'euros de la part de Liliane Bettencourt, sans compter les autres cadeaux consentis au compagnon du photographe, Martin d'Orgeval, lui aussi poursuivi.
Des montants à la fois énormes et dérisoires au regard de la fortune de l'héritière de l'empire L'Oréal (plus de 30 milliards d'euros selon le magazine Forbes).

La dimension de ce procès ne doit pas faire oublier les actes

a tempéré Me Arnaud Dupin, autre avocat de Liliane Bettencourt. "Cette femme de 92 ans a droit à ce que justice lui soit rendue face à tant d'abus, tant de délits commis a son encontre", a-t-il déclaré.
La milliardaire, sous tutelle, "plus qu'affaiblie sur le plan psychique", mais "vivant à quelques mètres de sa fille" selon ses avocats, sera la grande absente du procès.

Absence d'un témoin capital? 

Autre absence remarquée lundi, celle de Claire Thibout, ex-comptable de Liliane Bettencourt et principal témoin à charge dans ce volet d'abus de faiblesse. Certificat médical à l'appui, Claire Thibout a fait savoir par le biais de son avocat que son état de santé ne lui permettait pas de se présenter devant le tribunal pour "une durée indéterminée".
Absence d'autant plus gênante que, parmi une kyrielle d'incidents de procédures déjà annoncée, plusieurs avocats de la défense ont l'intention de demander un report du procès en invoquant la mise en examen à Paris de l'ex-comptable pour "faux témoignages".
L'avocate de Patrice de Maistre, Me Jacqueline Laffont, a aussitôt demandé au tribunal "des précisions sur cette impossibilité" d'entendre un "témoin capital" dans cette affaire.
Le tribunal "verra ce qu'il fera", a rétorqué le président du tribunal correctionnel, Denis Roucou, suspendant l'audience jusqu'à mardi à 9H15 pour délibérer sur une demande de la défense concernant une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) portant sur la notion de "blanchiment". Au cas où le tribunal jugerait que cette QPC mérite d'être transmise à la Cour de cassation, les débats seraient suspendus.
Hormis Alain Thurin, seul un prévenu manquait à l'appel: l'ex-gestionnaire de l'île seychelloise de Liliane Bettencourt, Carlos Cassina Vejarano. Partie civile au procès, la fille unique de la milliardaire, Françoise Bettencourt-Meyers, était également présente lundi. C'est par elle, et une plainte visant François-Marie Banier, que l'affaire avait débuté fin 2007.

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