Alain Thurin, ex-infirmier de Liliane Bettencourt, qui avait tenté de se suicider à la veille du procès tenu à Bordeaux en début d'année, est apparu ce lundi très affaibli devant le tribunal correctionnel qui doit le juger durant deux jours pour des abus de faiblesse sur l'héritière de L'Oréal.
Finalement jugé apte à comparaître, M. Thurin doit répondre du chef d'abus de faiblesse sur la milliardaire, aujourd'hui âgée de 92 ans et sous tutelle, et complicité de ce même délit. Il est notamment accusé d'avoir obtenu d'elle "d'être bénéficiaire par testament d'une somme de dix millions d'euros", un legs qu'il dit avoir refusé.
L'infirmier, âgé de 65 ans, s'est présenté très diminué et affaibli devant les juges du tribunal correctionnel de Bordeaux, entouré et soutenu par son épouse, sa fille, et son conseil, l'avocat parisien Me Benoît Chabert.
M. Thurin, placé "sous médication anxiolytique", marche avec difficulté et n'a pas souhaité s'exprimer devant les journalistes, déclarant simplement lors d'une suspension de séance: "Je ne maîtrise pas la situation judiciaire".
Avant sa venue à la barre, son avocat a produit un rapport médical décrivant les séquelles de son suicide manqué, et notamment ses difficultés de mémoire. Et c'est assis que M. Thurin a dû répondre aux questions du président Denis Roucou, d'une voix hésitante et à peine audible.
Placé en famille d'accueil après une enfance difficile, marqué par la naissance d'un fils autiste dont il s'est beaucoup occupé, Alain Thurin a effectué une carrière d'infirmier à l'Assistance Publique. Jusqu'à sa retraite, dont il ne se rappelle
plus la date... Viendront ensuite, à partir de 2007, les années passées au service de "Madame", Liliane Bettencourt.
De l'ex-confident de la milliardaire, le photographe François-Marie Banier, condamné en première instance à Bordeaux à trois ans de prison dont six mois avec sursis pour abus de faiblesse et escroquerie sur la vieille dame, l'infirmier lâche : "Je ne pouvais pas le sentir".
"Madame était fatigable (...) Il (Banier) lui bouffait toute son oxygène".
M. Banier a également été condamné à 350.000 euros d'amende et plus de 158 millions d'euros de dommages et intérêts. Il a fait appel.
Quant aux raisons qui avaient poussé M. Thurin à installer "un transat à côté du lit de Madame", alors qu'il avait une chambre assignée dans l'hôtel particulier des Bettencourt, il explique :
"Madame n'avait pas la voix assez forte, on ne pouvait pas l'entendre". "Elle s'agitait la nuit et était déjà tombée"