Les deux anciens Premiers ministres, François Fillon et Alain Juppé, en meeting jeudi soir à Saint-Médard-en-Jalles (Gironde) pour les municipales, veulent afficher une image d'unité à l'heure où l'UMP peine toujours à se rassembler, après la grave crise de l'hiver dernier.
Officiellement, il ne s'agit que d'un affichage en vue des scrutins de mars 2014. MM. Fillon et Juppé, qui prendront la parole à tour de rôle lors de la réunion publique, ne devraient pas aborder la présidentielle de 2017.
Même si le tableau qu'offriront le pré-candidat déclaré à l'élection présidentielle et le maire de Bordeaux, qui laisse planer le doute sur ses intentions, y fera forcément songer.
A l'instar d'autres personnalités de leur parti, en premier lieu son président Jean-François Copé, en déplacement aux Etats-Unis et Canada toute la semaine, et aussi Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Bruno Le Maire ou Laurent Wauquiez, qui sillonnent la France pour prêter main forte aux candidats, ils veulent peser de tout leur poids d'anciens chefs de gouvernement et faire des municipales un succès pour l'UMP. Le parti est toujours en convalescence après la grave crise occasionnée par l'élection controversée de son chef.
Saint-Médard-en-Jalles, où les couleurs du principal parti d'opposition sont défendues par Jacques Mangon, ne constitue qu'une étape dans le marathon effectué toute la semaine par M. Fillon, lundi à Paris, mardi à Nantes, mercredi dans les Alpes-de-Haute-Provence. Jeudi, en Aquitaine, le député de Paris mène campagne au pas de charge: après une matinée dans les Pyrénées Atlantiques (Biarritz et Anglet), il se retrouve en milieu de journée en Gironde (La Teste de Buch et Gujan-Mestras). Vendredi, direction Angoulême, avec là encore un programme très dense: réunion d'échange avec des chefs d'entreprise, déjeuner avec des candidats, rencontre avec des militants UMP de Charente.
A Saint-Médard-en-Jalles, l'ancien Premier ministre devrait de nouveau marteler tout le mal qu'il pense de la politique économique du gouvernement socialiste, et dire, comme il l'a fait à Nantes, la ville dont Jean-Marc Ayrault fut le maire jusqu'à son entrée à Matignon, que "le président de la République et son Premier Ministre sont incapables d'exercer leur autorité". "Les élections municipales doivent être le premier acte de redressement national", répète à l'envi M. Fillon.
Nul doute non plus qu'il redira que "l'urgence absolue est de stopper la spirale fiscale", qu'"il faut sortir des 35 heures", lutter "contre le communautarisme", "accueillir moins pour intégrer mieux" et qu'entre "le laxisme socialiste et l'extrémisme du Front national", l'UMP se doit de "défendre une autre vision de notre pays".
Sarkozy et Juppé
Autant de thèmes qui devraient être au centre de son futur programme de candidat à la primaire pour la présidentielle. Mais il ne soufflera mot de cette échéance qu'il est fermement décidé à affronter, quand bien même les sympathisants UMP, selon les sondages, lui préfèrent, et de très loin, Nicolas Sarkozy (7% des préférences contre 60% à l'ancien président, selon le dernier sondage Ifop).Idem pour Alain Juppé (13% des préférences, selon le même sondage) qui pourrait être réélu dès le 1er tour aux municipales à Bordeaux avec 57% des voix, selon un récent sondage. Après avoir déclaré au Point qu'il pourrait "passer le flambeau" à un successeur "au cours de son (4e et) dernier mandat", une formule montrant, selon son challenger PS Vincent Feltesse, qu'il brigue "un mandat par intérim", il a tenu lundi à mettre les points sur les i, via twitter. "Que Le Point se rassure : si je suis élu en mars prochain, ce sera pour 2014/2020 !!!". Mardi, il revenait à la charge en 140 signes: "mais bon Dieu, quand arrêtera-t-on de parler de 2017?"
Exit la présidentielle? Pas si simple. En se montrant ensemble, les deux hommes veulent "montrer qu'il leur faudra compter avec eux. En réalité, leur meeting a deux objectifs: embêter Sarkozy, embêter les quadras" aux ambitions affirmées, croit décrypter un ancien ministre.