Un "localier" et trois journalistes d'Envoyé Spécial lauréats du Prix Albert Londres 2014 remis à Bordeaux

C'est la plus prestigieuse récompense du journalisme en France. Elle a été décernée lundi soir au palais de la Bourse de Bordeaux à Philippe Pujol pour ses reportages "quartiers shit" parus dans La Marseillaise, et à Julien Fouchet, Sylvain Lepetit et Taha Siddiqui pour "La guerre de la polio". 

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le prix Presse Ecrite


Philippe Pujol parle comme il écrit, d'un trait, avec gouaille et respect.

Il raconte le quotidien des habitants des quartiers nord à travers dix articles parus dans le quotidien régional La Marseillaise pendant l'été 2013.

Sa série il l'appelle "Quartiers shit" où vivent des hommes et femmes piégés, car, comme lui a dit l'un d'entre eux : "on dit qu'on ne peut pas rentrer dans nos quartiers, moi je dis qu'on ne peut pas en sortir".

Au-delà des clichés, avec un ton engagé, à l'image de son "quotidien d'opinion et de gauche", fondé il y a 70 ans, et en homme qui croit, dit-il, "à la subjectivité honnête". Avec sa série, Philippe Pujol, biologiste et informaticien par ailleurs, a l'espoir de faire comprendre que dans sa ville, déjà si bien décrite par Albert Londres, "les élus de tous bords exploitent cette misère absolue car ils peuvent se poser en sauveurs". Des quartiers rongés par l'économie du cannabis où "culpabiliser les mères reste l'argument le plus rassurant pour beaucoup de gens qui ignorent tout de la vie dans ces cités".

Son style est "empathique sans être compassionnel, plein d'audace et de fulgurances", a estimé le Jury en décernant ce prix à un journaliste de la presse quotidienne régionale, ce qui est extrêmement rare.

Quand ce marseillais de 38 ans, spécialiste des faits divers pendant près de dix ans, a reçu l'appel du jury de l'Albert Londres lui annonçant qu'il lui fallait être à Bordeaux lundi pour recevoir le prix, il aurait répondu en reporter : "Mais maintenant, je ne vais plus rien pouvoir faire", en évoquant la déperdition des sources qui désormais le reconnaîtront.

"Cela m'a fait plaisir pour les gens dont je parle. Je vais aller en voir quelques-uns et organiser une petite sauterie"

 

 

Le Prix audiovisuel


A des milliers de kilomètres de là, au Pakistan et en Afghanistan, c'est un peu la même chose qu'ont ramené Julien Fouchet, Sylvain Lepetit et Taha Siddiqui : l'idée de "rencontrer ces Pakistanais courageux qui défient la mort pour se battre", raconte le premier, évoquant la lutte presque impossible contre le joug des talibans opposés au vaccin anti-polio, un virus pourtant responsable de paralysies irréversibles.

Dans "La guerre de la polio", reportage produit par Babel Press et diffusé par Envoyé Spécial en décembre 2013, le trio est également allé au-delà des clichés sur le Pakistan qui ne se résume pas aux "mollahs extrémistes et aux complots", "pour mettre en valeur ces héros du quotidien" : des médecins et membres d'ONG tués par dizaines en tentant de prévenir la maladie.


Julien Fouchet, aujourd'hui correspondant de France 24 à New Delhi, Sylvain Lepetit, installé à Dubaï où il a sa maison de production, Caravelle Prod, et Taha Siddiqui, correspondant notamment du New York Times, âgés respectivement de 38, 32 et 30 ans, ont accédé à l'intimité de familles pachtounes touchées par la polio, maladie pourtant en voie éradication.

Comme à cet instant du reportage où l'on voit un enfant en pleurs, dans les bras de son père et dont le petit genou reste tristement immobile lorsque le médecin le frappe avec son marteau.

Un drame parti d'une fausse campagne de vaccination lancée par la CIA, en pleine traque d'Oussama Ben Laden pour prélever clandestinement l'ADN des habitants et retrouver le chef d'Al-Qaïda. Le stratagème a encore plus éloigné les habitants des deux pays, en particulier dans les zones tribales, des campagnes de vaccination, convaincus désormais par les talibans que les vaccins sont source de mal.

Le reportage, a souligné le jury, a su s'affranchir "des contraintes d'un formatage d'enquêtes de plus en plus en vigueur dans les rédactions". Une manière de déplorer les consignes toujours plus strictes en termes de montage, de ton, de narration, qui tuent l'originalité des sujets à la télévision.

Le jury présidé par la journaliste Annick Cojean a cette année choisi de remettre le prix à Bordeaux, l'un des ports de départ du reporter Albert Londres pour plusieurs de ses reportages, notamment en Afrique.

Cette 76ème édition du prix (la 30ème pour l'audiovisuel) est dédiée à Josette Alia, ancienne présidente du jury, et grande plume du Nouvel Observateur, décédée le 1er mai 2014.

Cinquante candidatures ont été présentées en presse écrite et 42 pour le reportage audiovisuel.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information