Le procès Bettencourt met en lumière François-Marie Banier, ex-confident de la milliardaire

Artiste précoce évoluant dès la fin des années 60 au milieu des esthètes et mécènes du Tout-Paris, François-Marie Banier s'est présenté mercredi comme un créateur touche-à-tout n'ayant pas le sens de l'argent.

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Présenté comme un homme peu intéressé par la question de l'argent, François-Marie Banier est tout de même devenu multimillionnaire. Le photographe mondain est aujourd'hui soupçonné d'avoir abusé de la faiblesse de la milliardaire Liliane Bettencourt.

Le Tribunal correctionnel de Bordeaux, après avoir écarté toutes les questions de procédure soulevées pendant deux jours par la défense, a commencé sa plongée au coeur de "l'affaire Bettencourt" avec l'examen de personnalité de l'ex-confident de la femme la plus riche de France.

A la barre, le photographe, âgé de 67 ans, issu d'une "famille bourgeoise" à "l'éducation conventionnelle" avec un père "très violent", a raconté son entrée dans le monde de l'art avec la publication de son premier roman à l'âge de 22 ans. Chroniqueur dans la presse parisienne, il côtoie les grands noms des rédactions (Françoise Giroud, Pierre Lazareff) et devient aussi un familier des milieux de la mode, collaborant très vite avec Pierre Cardin puis Yves Saint Laurent. Il se targue d'avoir créé les noms des "deux parfums les plus vendus dans le monde", qui lui rapportent à l'époque de très confortables royalties.

L'artiste, sur la défensive et à l'emportement facile, assure ne pas avoir le sens des affaires. Il a toutefois reconnu avoir réussi à amasser un conséquent patrimoine: biens immobiliers -- au moins deux appartements dans le très chic 6ème arrondissement de Paris, deux riads à Marrakech, une propriété dans le Gard --, des tableaux de maître conservés dans des coffres de banque, des livres anciens, etc...

"J'avais de l'argent avant!" 

Dans ma vie j'ai toujours travaillé, du matin au soir! 


se justifie le photographe.

Avant de s'énerver lorsque la défense insinue qu'il a profité du mécénat de Liliane Bettencourt, rencontrée en 1987, et dont il a reçu plusieurs centaines de millions d'euros: "J'avais de l'argent avant !", s'écrie-t-il. "C'était de l'argent qu'il lui faisait plaisir de donner, ça lui procurait une grande joie!".

Quant aux facultés mentales de la milliardaire, aujourd'hui âgée de 92 ans et placée sous tutelle, il proteste:

Vous savez très bien que Mme Bettencourt avait toute sa tête et n'était pas le personnage risible que l'on a montré


"Elle avait trouvé en moi une sorte de correspondance dans la joie, dans la créativité, ce n'était pas un personnage fantoche", assure-t-il. Un reproche à peine voilé adressé à "la plaignante", ainsi qu'il désigne au tribunal Françoise Bettencourt-Meyers, fille unique de l'héritière du groupe de cosmétiques L'Oréal, qui avait déclenché l'affaire en portant plainte contre lui fin 2007 et qui est partie civile au procès.
François-Marie Banier dément aussi avoir été omniprésent auprès de Liliane Bettencourt, comme l'ont affirmé plusieurs témoins pendant l'instruction: "Chacun avait sa vie!", dit-il à propos du couple Bettencourt. "Ils se sont autant insinués dans ma vie que moi dans la leur!". Pour lui, "c'était une vie d'amis normale".

Séduisant, plein de fantaisie ​

Deux de ses amis sont venus témoigner pour éclairer une personnalité "aimante", "séduisante" et "pleine de fantaisie": le comédien, metteur en scène et directeur de théâtre Jean-Michel Ribes, ainsi que Corinne Paradis, mère de la chanteuse et actrice Vanessa Paradis. François-Marie Banier est le parrain de Lily Rose, fille de cette dernière et de l'acteur américain Johnny Depp.

Peu avant, le tribunal a eu lecture de la lettre, aussi poignante que confuse, adressée au Procureur de la République de Bordeaux par l'un des dix prévenus, Alain Thurin, ex-infirmier de l'héritière de L'Oréal, où il tente d'expliquer sa tentative de suicide du 25 janvier.
Alain Thurin, 64 ans, se trouvait encore mercredi dans un coma profond, intubé et ventilé, à l'hôpital d'Arpajon (Essonne), après s'être pendu dans un bois proche de son domicile.
"La décision que je vais prendre demain dimanche avait déjà été réfléchie, seule la date restait à définir", écrit l'ex-infirmier de Liliane Bettencourt, qu'il appelle "Madame" comme la plupart des employés de l'hôtel particulier de la 11e fortune mondiale (environ 30 milliards d'euros) à Neuilly-sur-Seine.

Le tribunal doit juger sur cinq semaines dix hommes, dont le député UMP et ex-ministre Eric Woerth, soupçonnés d'avoir profité entre 2006 et 2011 de la vulnérabilité de la milliardaire, pour des dons, donations ou legs portant au total sur des centaines de millions d'euros.
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