"C'est la survie du port qui est en jeu" : la longue route des pêcheurs du Bassin d'Arcachon pour travailler en hiver

Chaque année, d'octobre à mars, les pêcheurs d'Arcachon prennent la mer depuis la Rochelle ou Royan afin d'éviter les manœuvres dans les dangereuses passes du Bassin. C'est lors d'un de ces rapatriements par la route que deux marins ont perdu la vie le 30 janvier.

Deux marins, originaires d'Arcachon ont été tués dans un accident de la route mercredi 30 janvier. Ils se trouvaient, avec trois autres marins, à bord d'un minibus qui circulait entre La Rochelle et Arcachon.

Tous rentraient d'une sortie de huit jours en mer à bord du Cap Horn 2. Le patron du bateau, grièvement blessé dans l'accident, a dû être amputé de son bras.
 

"Limiter les risques"

Une tragédie pour l'ensemble des pêcheurs du port d'Arcachon. D'autant plus, que si les pêcheurs rentraient par la route, après une semaine en mer au cours de laquelle ils avaient essuyé la tempête Gabriel; c'était pour limiter les risques, souligne Yves Herszfeld, directeur du port et de la criée d'Arcachon, très affecté par le drame.

"Ils étaient contents parce qu'ils avaient bien pêché mais ils avaient travaillé dans des conditions difficiles avec la tempête, du coup ils ont voulu rentrer se reposer chez eux… C'est terrible".
 

Eviter les passes et leurs vagues

C'est en effet une spécificité propre à Arcachon. Chaque année, pendant les mois d'automne et d'hiver, les pêcheurs et le produit de leur pêche ne sortent pas en mer en partant directement de leur port d'attache, mais prennent la route jusqu'à Royan ou la Rochelle. Le chemin retour se fait de la même façon.

La raison : éviter de manœuvrer dans les passes du bassin d'Arcachon, leurs bancs de sable et leurs vagues qui atteignent facilement cinq mètres avant de se briser.
 

Aller et retour par la route


Il y a une grosse douzaine d'années, c'est Yves Herszfeld qui a pris la décision de faire systématiquement transiter équipages et poissons par la route entre octobre et mars, sauf, exceptionnellement, en cas de grosse accalmie sur plusieurs jours, après plusieurs naufrages dans les passes.
 

Je me souviens avoir assisté,  impuissant, à un naufrage, et m'être dit qu'il fallait faire quelque chose.



En 2000, une équipe de Thalassa avait  suivi les pêcheurs du Bassin par jour de tempête. Un équipage déja, obligé de prendre la route jusqu'à Royan.
 


"Depuis, les pêcheurs choisissent. Ils peuvent rester à bord et  se reposer, ou rentrer en voiture". En cas de retour par la route, tous les cas de figure sont envisagés : véhicule affrété par l'armateur, conduit par l'épouse d'un des marins, par un marin lui-même… "On essaie toujours de faire en sorte de trouver la meilleure solution", explique le patron de la Criée.
 

Trente pour cent du poisson rentre par la route


La pêche elle aussi rentre par le même biais. "Chaque jour, j'envoie un camion. On rapporte environ 2 000 tonnes de poisson chaque année, et environ 30% de ce poisson rentre par la route", explique Yves Herszfeld.

Une alternative à la mer indispensable au fonctionnement du port. "C'est la période ou la pêche est la plus importante, si on ne fait pas ça, on ne peut pas fonctionner. C'est la survie du port qui est en jeu".
 
Une collecte a été organisée en l'honneur des deux marins morts sur la route par le directeur du port de pêche d'Arcachon, Yves Herszfeld.
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