Bernard Lavilliers est venu à La Rochelle tout droit depuis Brooklyn pour célébrer l'anniversaire des Francofolies et surtout la mémoire de son ami Jean-Louis Foulquier.
Jeudi soir, il était sur l'esplanade Saint Jean-d'Acre, la plus grande scène du festival, aux côtés de Jacques Higelin, Hubert-Félix Thiéfaine, Alain Souchon ou Laurent Voulzy pour rendre hommage au fondateur du festival, disparu en décembre dernier."Il ne faut pas être nostalgique, ni triste, même si c'est la première fois que je ne vais pas me bourrer la gueule avec Jean-Louis Foulquier. J'ai chanté pour le public, évidemment, mais surtout pour lui. Il était là sur mon épaule", confie le chanteur, en regardant la mer.
"C'était un découvreur de talents, un fouineur. Il a trouvé Bénabar, il a trouvé Higelin, il m'a trouvé, moi. On était déjà en train de jouer dans des caves, mais on ne passait pas à la radio. Il n'y avait que José Artur et lui qui faisaient des émissions avec des chanteurs", explique Bernard Lavilliers.
1.789 mômes dans la cour de l'Elysée
Foulquier était proche des artistes parce qu'il était lui même un artiste, un aventurier, qui aimait l'ivresse, la convivialité, l'amour des hommes. "On a fait tellement de bringues, tellement de conneries ensemble... et pas des petites !", confie-t-il. Son meilleur souvenir ? Le bicentenaire de la Révolution Française en 1989. "Il avait fait venir 1.789 mômes de toutes les couleurs de la francophonie. Le 13 juillet, ils ont tous chanté "Noir et blanc" (une chanson de Lavilliers) dans la cour de l'Elysée, avec moi, et le président Mitterrand, qui chantait aussi, mais faux ! Le lendemain, le 14, on est venu chanter avec les 1.789 gamins aux Francofolies", raconte-t-il."Rien ne l'arrêtait! Il a combiné ça avec l'Elysée, il a payé les billets des enfants. Pendant un an, il leur a fait répéter la chanson dans les lycées. C'est déjà beau d'y penser, mais lui en plus le faisait", poursuit-il. Sa réalisation la plus folle aura été les Francofolies, nées en 1985 d'un rêve d'enfance unissant son amour pour la fête, sa ville natale et la chanson. "Jean-Louis était le roi des Francofolies, c'était comme un seigneur avec ses chevaliers", se souvient Bernard Lavilliers.
"Sur un festival, d'habitude, j'arrive à 18H00, je joue à 20H00 et je m'en vais. On n'a pas le temps de bouffer ensemble, de boire des verres. Ici, il m'est arrivé de rester huit jours alors que je chantais une fois et d'aller voir les autres. Il y a toujours moyen de faire ça aux Francos", témoigne-t-il.
Trente ans plus tard et dix après l'arrivée d'un nouveau patron, Gérard Pont, à la tête du festival, l'esprit des débuts est-il toujours là ? "Depuis quelques années, c'est un festival clés en mains. Il est affiché, programmé, des gens y investissent de l'argent, c'est devenu une institution. Au départ, ce n'était pas du tout ça, on a improvisé pendant dix ans. On a ouvert des salles avec Jean-Louis, on se disait "tiens, on va jouer dans ce bar là, on va mettre des rappeurs, ce sera marrant", dit le chanteur.
"On n'est plus à la même époque. Mais je pense que l'ange gardien est toujours là".