Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le maire de Rochefort interpelle le chef de l'Etat. Ailleurs, d'autres édiles ont pris des arrêtés pour défendre leurs commerces de centre-ville ou se sont réunis pour exprimer leur inquiétude.
"Je ne suis pas un révolutionnaire ! Je reste républicain et démocrate mais je veux faire des propositions de bon sens". "Pas révolutionnaire", mais surtout avocat, le maire de Rochefort (Charente-Maritime) sait bien qu'un arrêté municipal ne peut pas primer sur un décret gouvernemental. Hier pourtant, symboliquement, comme de nombreux édiles de l'Hexagone, Hervé Blanché (DVD) s'était publiquement exprimé contre ce qu'il considère comme une rupture d’égalité et de traitement entre la grande distribution et le petit commerce.Comme beaucoup de ses homologues, il avait ainsi publié un arrêté stipulant que "les commerces non alimentaires de la commune de Rochefort sont autorisés à rester ouverts à compter du 31 octobre 2020 à 8h00 jusqu'au rétablissement d'une concurrence loyale et non faussée". Un acte politique donc plus que juridique et, dès ce matin, des agents de la municipalité faisaient le tour des magasins dans le centre-ville pour leur conseiller de ne pas ouvrir leurs portes.
Une situation qui, selon lui, ne satisfait pas non plus les responsables de grandes surfaces qu'il a pu joindre, inquiets comme lui "de la grogne qui monte". "Une grogne" qui semble trouver quelques échos à Paris, notamment du côté de Bercy. Interpellés par le Syndicat de la Librairie Française, le ministre de l'économie, Bruno Lemaire et Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, ont décidé hier de fermer les rayons "livres" des enseignes de grande distribution pour tenter de rétablir une situation de concurrence plus équitable. La possibilité d'une réouverture des librairies dans deux semaines avec un nouveau protocole sanitaire aurait également été évoquée. C'est également ce que souhaite le maire de Rochefort et c'est tout l'objet de son message vidéo.Moi, j'ai une crainte terrible, c'est qu'à la fin de ce confinement plein de boutiques ne ré-ouvrent pas alors qu'ils ont tout fait pour être dans les clous. Ce n'est pas dans les commerces du centre-ville que le virus se propage. Que ce soit chez les coiffeurs, les instituts de beauté, les marchands de jouets, de livres ou de vêtements, on est protégé. Le Président de la République demande l'aide des maires et bien nous, les maires, on sait ce qui se passe sur le terrain.
Partout en Poitou-Charentes, d'autres maires et d'autres responsables d'agglomération relaient le même message. Dans le bocage bressuirais, six communes des Deux-Sèvres avaient pris hier un arrêté. Xavier Bonnefont, maire d'Angoulême (Charente) appelait également à plus de souplesse pour la survie des commerçants de proximité.Dans cette vidéo, je voulais interpeller le président de la République, mais surtout dire aux commerçants et artisans du centre-ville que nous sommes à leurs côtés même si nous sommes limités dans nos moyens d'action.
Idem à Saintes (Charente-Maritime) où le maire de Saintes a donné rendez-vous à ses homologues devant la sous-préfecture de Saintonge cet après-midi pour remettre le même courrier destiné à Matignon.Le @departement86 soutient les #commercesdeproximite @AlainPichon86 Président de @AMFVienne remet au secrétaire générale @Prefet86 un courrier à destination de @JeanCASTEX #SoutenonsNosCommercants #égalité #équité pic.twitter.com/j0nSnK9GWc
— Valerie Dauge ⭐️⭐️ (@DaugeValerie) October 31, 2020
Pour l'heure, la seule réponse de l'Etat est celle formulée, par exemple, par Nicolas Basselier, Préfet de Charente-Maritime. Dans un communiqué de presse, il rappelle que "les arrêtés qui ont pu être pris par les maires dans ce domaine sont manifestement illégaux. Par conséquent, tout arrêté municipal pris en ce sens fera l’objet d’un référé-suspension immédiat de la part du préfet auprès du tribunal administratif de Poitiers. Le préfet a donné des instructions fermes aux forces de sécurité intérieure pour verbaliser tout commerce qui ouvrirait sur la base de tels arrêtés municipaux, alors que le décret du 29 octobre 2020 ne les y autorise pas".Attachés à la légalité et mobilisés aux côtés de nos commerçants de proximité, nous vous demandons, Monsieur le Premier Ministre, de revoir très rapidement la définition des commerces de première nécessité pour soit l’élargir dès lors que les conditions sanitaires permettent de protéger la santé des commerçants, de leurs salariés et de leurs clients, soit fermer les activités non essentielles des grandes et moyennes surfaces. A plus long terme, des solutions devront également être réfléchies pour tenter de réguler les ventes des géants du net. Il n’est pas acceptable que des commerçants de proximité qui respectent les obligations sanitaires doivent fermer alors que des activités identiques aux leurs sont autorisées aux entreprises de grande distribution et aux géants de la vente à distance sur internet. Par ailleurs, nous demandons que certains commerces comme notamment les libraires et les salons de coiffure puissent être considérés comme des commerces d’activités essentielles sous réserve qu’ils respectent les précautions sanitaires.
Dans le centre-ville de Bressuire, Anne-Marie Baillargé et Anna Pettini ont rencontré des commerçants en colère et inquiets :