Les documents des Archives départementales de Charente-Maritime révèlent un aspect méconnu de l'affaire Dreyfus. L'ex-capitaine Alfred Dreyfus, accusé de haute trahison et condamné à la déportation perpétuelle, est resté pendant 36 jours à la prison de St-Martin-de-Ré avant sa déportation.
Alfred Dreyfus est arrivé le 18 janvier 1895 à la prison de St-Martin avant son transfert pour le bagne de Guyane. Pendant sa détention, il sera soumis à l'isolement total et surveillé en permanence, comme en témoigne le nombre impressionnant de rapports transmis aux autorités par le directeur du dépôt de St-Martin-de-Ré, une centaine de documents au total aujourd'hui conservés par les Archives départementales.Les gardiens surveillaient à chaque minute le détenu et rapportaient le moindre de ses faits et gestes, relevant souvent l'état d'abattement et de tristesse du prisonnier dont les autorités craignaient qu'il n'en vienne à se suicider.
"C'est la première fois qu'un tel dispositif de sécurité et d'isolement est mis en œuvre en France. C'est un détenu politique dans un contexte très tendu. Il est soumis à l'isolement total et surveillé vraiment en permanence" relève Jeanne Bernard-Grit, conservateur aux Archives départementales de Charente-Maritime et auteure d'un livre à paraître "Alfred Dreyfus en détention à l'île de Ré, 18 janvier-21 février 1895".
Après 36 jours passés à St-Martin, Alfred Dreyfus quittera la prison de l'île de Ré pour être embarqué à bord du Ville de Saint-Nazaire et envoyé au bagne de Guyane, sans même avoir été informé de la destination du bateau.
Nathalie Combès, Marc Millet et Nadine Pagnoux-Tourret ont rencontré Jeanne Bernard-Grit aux Archives départementales. Elle nous révèle des documents historiques inédits.
Reportage de Nathalie Combès, Marc Millet et Nadine Pagnoux-Tourret
Intervenante : Jeanne Bernard-Grit, conservateur aux archives départementales 17
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