Livre : Gilbert Bordes nous apporte sa vérité sur la bête du Gévaudan

Elle reste encore aujourd’hui source de fantasmes. La bête du Gévaudan, horrible bête sanguinaire qui n'hésite pas à s'attaquer aux enfants. Gilbert Bordes avec "La Malbête" nous propose sa vérité sous forme d'un roman historique.

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1764, Gévaudan, une créature sanguinaire sème la terreur. Vont suivre trois années d'agressions sauvages qui vont coûter la vie à plusieurs dizaines de personnes. La bête du Gévaudan n'est pas, comme le monstre du Loch Ness, une créature légendaire...

Ces attaques eurent lieu dans un vaste territoire qui recouvre aujourd’hui les départements de la Lozère, du Cantal et de la Haute-Loire. Dès l’origine, ces évènements vont prendre une ampleur considérable du fait d’une médiatisation internationale sans équivalents ! Des gravures de la Bête sont publiées partout, de Paris jusqu’à San Francisco !

La pression médiatique devint telle, qu’elle poussa le roi Louis XV, à passer à l’action. S'ensuit la traque de la bête et tous ces fantasmes qui vont avec. Est-ce un animal échappé de l’enfer, comme le prêchent les curés, venu punir la population terrifiée pour ses maigres péchés ? Une bête dressée par un criminel ?

Gilbert Bordes fait de l’histoire de la bête du Gévaudan un roman historique. Un colporteur rusé et son jeune apprenti mènent l'enquête. L'auteur nous livre sa vérité. 

Questions à Gilbert Bordes

Né en 1948, à Tulle, en Corrèze, Gilbert Bordes a été instituteur puis journaliste. Membre de l'Ecole de Brive, il est l’auteur de plus d'une cinquantaine de romans régionaux et historiques.

Pourquoi la bête du Gévaudan est tellement ancrée dans l'histoire, dans l'imaginaire des gens ?

Tout simplement parce que je crois qu'au tout début, c'est une lutte entre la nature et l'homme. L'homme qui veut l’asservir, l'homme qui a besoin de travailler dans les champs pour se nourrir, et la nature qui se rebelle. La nature qui, elle, continue sa vie à elle, qui n'est pas celle des hommes. À mon sens, c'est un peu ça au départ.

Pourquoi cette histoire-là vous a intéressé ? 

Cela fait très longtemps qu'elle m'intéresse, parce que je suis né dans le Massif central. Mais vous savez, la Corrèze, tout comme la Lozère et toutes ces régions-là sont absolument fabriquées pareil, avec des gorges profondes, des petites montagnes. C'est la même géologie. Et forcément, les gens, il y a deux siècles ou un peu plus, ils vivaient de la même manière. Cette affaire m'intéresse depuis longtemps parce qu'on a toujours parlé du loup. D'abord, si vous lisez, vous vous rendez compte que pendant l'histoire, on a fait tout ce qu'on a pu pour éliminer les loups qui étaient mangeurs de troupeaux et même parfois de petits enfants.

Et ensuite, de nos jours, on commence à dire que le loup, c'est le gentil nounours, qu'il ne fait de mal à personne et qu'il faut absolument protéger. Voilà pourquoi j'ai écrit ce roman, parce que je pense qu'il y a un chemin moyen, mitoyen à trouver.

Alors justement, pour vous, c'est lequel ? Qu'est-ce que vous avez voulu montrer ou en tous les cas démontrer ?

Le loup de ma bête du Gévaudan, c'est un loup, mais qui a été quand même déformé par les hommes, à mon sens. Et d'ailleurs, c'est bien un peu ce que la plupart des gens qui s'intéressent à la question croient désormais. Un loup apprivoisé, que l'homme est capable de rendre extrêmement dangereux, tout simplement parce que c'est l'homme qui lui apprend le mal.

Un loup qui a été déformé par les hommes

Gilbert Bordes

Mais d’un autre côté, le loup n'est pas un animal gentil. C'est un prédateur. Et il faut le prendre comme tel, c'est-à-dire qu'il a besoin de manger de la viande. Pour manger de la viande, il doit chasser. Il chasse les animaux, donc nos animaux de ferme, quand il le peut. Mais à l'époque du Gévaudan, des gamins qui, à 6, 7 ans, ne pouvaient pas pousser la charrue, étaient utilisés à garder les troupeaux de la montagne. Rien n'est plus facile que d'attraper un enfant à cet âge-là quand on est un loup. Surtout quand on est un loup solitaire. Ce sont des proies qui étaient faciles.

Vous montrez aussi dans votre livre, le décalage total, la méconnaissance de Versailles par rapport à ces contrées, on va dire très lointaines et très rurales.

Absolument. À cette époque-là, à Versailles, on vivait isolé du reste du monde et personne ne travaillait. Et dans le Gévaudan, par contre, il fallait travailler beaucoup pour réussir à manger à peu près à sa faim quand la nature le voulait bien. 

Vous montrez aussi le poids de la religion extrêmement important. 

Imaginez quand même cette bête qui commence à s'en prendre aux enfants, aux jeunes filles et bientôt aussi parfois de temps en temps à des adultes. C'est quand même très facile pour l'Evêque de Mende de faire lire sa lettre dans toutes ses paroisses en disant que c'est de la faute des vilaines, puisque c'était encore des vilaines, de la faute des hommes qui ne prient pas, qui ne respectent pas suffisamment les commandements de l'Église et évidemment, Dieu les punit. C'est une façon comme une autre de rapporter la couverture à soi. 

Vous avez fait beaucoup de recherches. Quelle est votre intime conviction sur cette fameuse histoire du Gévaudan ? 

 La conviction, c'est que c'était un loup. Alors est-ce que c'était un loup à moitié chien ? Ça, c'est probable. C'est ce que disent maintenant beaucoup de chercheurs. Il existait à cette époque d'énormes chiens les mâtins de Naples, qui étaient un peu nos patous d'aujourd'hui.

Vous savez, quand on mélange le troupeau dans les montagnes, ces énormes chiens étaient évidemment capables de se brider avec des loups, puisque c'est la même espèce, en fait. Et donc la descendance donnait des animaux qui n'avaient pas peur des hommes parce qu'ils avaient une hérédité de chiens et qui étaient des chasseurs et des grands prédateurs parce qu'ils avaient une hérédité de loups. Il se pourrait que ce soit ce genre d'animal.

Il se peut aussi que ce soit des loups, un loup, venus du sud du Massif central, des Cévennes, où les guerres de religion étaient officiellement terminées mais se poursuivaient encore. C'est-à-dire qu'il y avait des bagarres entre catholiques et protestants. Et bien sûr, les gens décédés restaient sur place. Les loups qui ne sont pas des bons chasseurs mangeaient des charognes. Ils en profitaient, évidemment. Donc ils auraient pris le goût de la chair humaine. Et une fois ce loup venu dans le Gévaudan, aurait pu continuer ses funestes habitudes.

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