Ile de Ré : 17 grands dauphins échoués dans l'anse de la Pointe du Groin

Attirés par des bans de mulets, les mammifères marins se sont faits piégés par la marée descendante. Malgré l'intervention de nombreux sauveteurs, trois d'entre eux n'ont pas survécu.

Hier, Aurélie Rousseau, ostréicultrice aux Boucholeurs, travaille sur ses parcs avec tous les membres de son équipe. En fin de matinée, ils remarquent une agitation suspecte dans les eaux rétaises. Très vite, ils comprennent qu'un groupe de dauphins s'est aventuré là, à quelques encablures de la côte. "On a embarqué et ma collègue a entendu du bruit et on s’est aperçu que c’était des dauphins. On les a vu se débattre et nous, on connait la mer, et quand on a vu là où ils étaient, on a compris qu’ils allaient se faire prendre au piège et ça n’a pas raté".

L'alerte est immédiatement donné et c'est toute une opération de sauvetage qui s'organise dans l'urgence. Les éco-gardes de la communauté de commune reçoivent le soutien des pompiers des Portes et de La Rochelle, deux zodiacs arrivent par la mer ainsi qu'une vedette de la SNSM. Avec les scientifiques du réseau "échouage" Pelagis, l'objectif est que ces 17 grands dauphins ne se déshydratent pas et, surtout, qu'ils remettent le cap sur le large.

Ils n'ont pas senti le danger arriver

"Ils étaient en train de chasser le mulet à marée basse et ils étaient dans une telle frénésie qu’ils n’ont pas vu que l’eau se retirait", explique Eléonore Meheust, scientifique du réseau Pélagis, "huit individus se sont échoués vivant et, ensuite, c’est tout le groupe qui s’est retrouvé piégé.  Avec les pompiers, les éco-gardes et les bénévoles de Ré Nature Environnement, on est intervenu pour les renflouer, tenter de les remettre à l’eau pour limiter la casse".

Avec le réchauffement estival des eaux, comme on a pu le remarquer cet été, les dauphins n'hésitent pas à rentrer dans les pertuis charentais à la recherche de nourriture. La baie de la pointe du Grouin est peu profonde et en pente douce. Du coup, leur système d'éco-localisation, leurs sonars, fonctionne beaucoup moins bien et ils n'ont pas senti le danger arriver. Malheureusement, trois d'entre deux dont deux juvéniles n'ont pas survécu. Un des animaux portait de nombreuses traces de blessures sur le corps. 

"Ce sont des nécroses pathologiques", constate Eléonore Méheust, "c’est un tout jeune mais s’il était un peu malade, ça explique pourquoi il a stressé rapidement. Avec un système immunitaire affaibli, assez rapidement il ne va pas supporter le stress et faire un arrêt cardiaque".

Mortalité naturelle, pathologies infectieuses ou capture par des engins de pêche ; les causes d'échouages de dauphins sont multiples. A la Pointe du Grouin, c'est la faim qui aurait pu causer le décès d'une quinzaine d'animaux sans l'intervention humaine.