Une pétition pour sauver Toto le sanglier de l’euthanasie, la mairie qui veut l'accueillir va agir en justice

Nouvel épisode dans l'affaire Toto le sanglier, initialement recueilli par une famille du Pas-de-Calais en tant que marcassin blessé en marge d'une chasse. Mi-juillet, la justice a confirmé en appel qu'il doit être euthanasié. Ses soutiens ne baissent pas les bras : une pétition a été lancée. Et un pourvoi en cassation s'organise, avec la participation de la mairie de Charleville-Mézières (Ardennes), qui propose d'accueillir Toto.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

L'affaire Toto le sanglier n'en finit plus de faire réagir. Ce petit marcassin blessé et seul survivant d'une chasse, avait été recueilli par la famille Bienvenu, à l'automne 2023, avant sa saisie par la gendarmerie. 

Le tribunal de grande instance (TGI) d'Arras (Pas-de-Calais) avait statué : la famille n'a pas le droit d'élever un animal sauvage, et il doit être euthanasié. Un jugement confirmé en appel le vendredi 12 juillet 2024. L'arrêt de la cour d'appel de Douai (Nord) se base notamment sur un test qui démontrerait que Toto est atteint par la maladie porcine d'Aujeszky, une "pseudo-rage" contagieuse et très rapidement mortelle (mais pas dangereuse pour l'être humain). 

Le mercredi 17 juillet, France 3 Nord-Pas-de-Calais a appris que pour demander au premier président de la cour d’appel de Douai de revenir sur son ordonnance d’euthanasie et inclure la ville de Charleville-Mézières (Ardennes) comme partie en cassation, la municipalité a formulé un recours en tierce opposition principale par l’intermédiaire de son avocate. Une audience pour statuer sur ce recours est programmée le lundi 22 juillet à 10h00, à Douai. 

Mais la famille Bienvenu, qui engrange de nombreux soutiens, ne perd pas espoir. Des associations de défense animalière montent au créneau. Une pétition a été créée (26 731 signatures le 17 juillet), et notamment relayée par Vakita, le média engagé de Hugo Clément (voir ci-dessous).

Voir cette publication sur Instagram

Une publication partagée par Vakita (@vakitamedia)

Et du côté judiciaire, on s'organise également pour mener rapidement un pourvoi en cassation. Arnaud Bienvenu a confirmé à France 3 Champagne-Ardenne que ce pourvoi serait déposé dans l'après-midi de ce mardi 16 juillet 2024. "On voulait faire vite, on ne veut pas qu'ils l'euthanasient avant le pourvoi. Ils disent qu'il est malade alors qu'il ne l'est pas : on sait bien que quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage." Il a pris contact avec "des associations animalistes. Elles sont efficaces : elles ont envoyé une vidéo à tous les élus, et j'ai eu un retour d'un sénateur et d'une députée."

Ce pourvoi constitue une démarche à laquelle s'associe la municipalité de Charleville-Mézières. Cette dernière avait proposé d'accueillir Toto dans son parc animalier : le sanglier est l'animal-totem du département. Et son maire, Boris Ravignon, s'est vertement indigné en apprenant qu'euthanasie il y aurait. 

Joint par France 3 Champagne-Ardenne, l'édile souligne que l'arrêt d'appel a pu "certes, nous accabler au début. Mais on ne s'est pas laissé trop abattre. Une avocate que je connais m'a exprimé toute l'horreur que [ça] lui inspirait. Elle a décidé de nous aider à préparer un recours, que la mairie est en train d'essayer de porter. On s'est naturellement rapproché de l'avocat de la famille Bienvenu."

Une histoire qui émeut le public

"On essaye d'aussi d'animer l'opinion publique, par le biais d'une pétition notamment. Pas mise en ligne par nous, mais elle nous convient bien. Pour qu'on puisse faire un peu connaître l'aberration de cette décision. Alors même que - je le rappelle encore -  la ville de Charleville-Mézières [propose] un parc animalier, qui existe, avec des enclos. Il va juste falloir individualiser l'enclos où pourrait vivre Toto car il ne peut pas vivre au contact de ses congénères. Quelques mètres de clôture à ajouter, c'est parfaitement réalisable, et ce très rapidement." (voir la réserve naturelle sur la carte ci-dessous)

Le maire de Charleville le scande, "on n'est même pas sûr qu'il soit malade. Certains tests le décrivent comme non-malade. Par ailleurs, cette maladie, à ma connaissance, est mortelle. En quelques mois, j'ai du mal à croire que Toto soit malade, et survivant. Tout ça est étrange." 

"Quand bien même il faudrait l'isoler, on le fera. Ça a toujours été notre ligne. On a toujours souhaité un enclos à part, car nos sangliers sont sauvages. Or, Toto a été recueilli très tôt par les humains, on ne peut pas le remettre dans la nature ou au contact des autres sangliers : il n'a pas le même mode de vie."  Bien sûr, après tous ses mois en captivité à la fourrière près d'Arras, le petit marcassin s'est mué en gros sanglier.

Un pourvoi devant  la plus haute juridiction de l'ordre judiciaire, la Cour de cassation, juge de la bonne application du droit et non pas des faits, demande du temps et de l'argent. "Je crois qu'une cagnotte est en cours. Un certain nombre d'associations, comme la SPA, se sont émues de l'affaire et sont en train de participer. Et l'avocate qui travaille pour nous le fait à titre bénévole." Il n'y a donc pas pléthore de moyens dispendieux pour sauver ce sanglier.

Du bon sens, tout simplement

Boris Ravignon commente qu'avec cette histoire, "beaucoup de gens sont émus ou touchés, ils ont envie qu'elle s'arrange. Nous, on souhaite juste l'accueillir. On a déjà des sangliers qui vivent ce parc animalier. Cet effort est tout à fait à notre portée."

On fait ce recours pour essayer de corriger ce qui me semble vraiment être une erreur d'appréciation de la part des magistrats.

Boris Ravignon, maire de Charleville-Mézières

"J'ai honnêtement un peu de mal à comprendre comme une proposition aussi simple, peu coûteuse, rapide, facile, ne l'a pas déjà emporté. On fait ce recours pour essayer de corriger ce qui me semble vraiment être une erreur d'appréciation de la part des magistrats. Peut-être n'ont-ils pas été bien informés de la proposition qui était la nôtre ? On la réédite, et on la complète."

"Le bien-être animal, c'est quelque chose qui réunit la majeure partie de nos concitoyens. Là, on a un moyen concret de montrer en quoi ça consiste. La justice a décidé qu'il ne pouvait plus vivre avec sa famille, mais il n'y a rien d'obligatoire à ce qu'il soit abattu." Il invite à faire prévaloir "le bon sens" et conclut : "depuis le début de la semaine, il y a de l'espoir". En témoigne les "nombreux encouragements" qu'il a reçus.

Et si tout est bien qui finit bien, car "on rêve tous d'une fin heureuse à cette histoire", le maire accueillera chaleureusement la famille Bienvenu si elle voulait se rendre au parc animalier pour rendre visite à Toto. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information