Toto le sanglier sera finalement euthanasié, après décision de la cour d'appel de Douai

Ce vendredi 12 juillet, la cour d'appel de Douai a décidé de maintenir l'euthanasie de Toto le sanglier, recueilli par une famille près d'Arras (Pas-de-Calais) il y a quelques mois. Le parquet évoque un risque de contamination pour les porcs Une décision incompréhensible pour la famille adoptive du sanglier.

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"On est complètement anéantis", réagi Arnaud Bienvenue d'une voix presque éteinte. Ce vendredi 12 juillet 2024, après trois renvois de l’affaire et des rebondissements à n’en plus finir, la cour d’appel de Douai a enfin statué sur le sort de Toto le sanglier : il sera finalement euthanasié. Un choc pour sa famille adoptive, qui dénonce une décision injuste.

Ce n'est certainement pas l'issue qu'attendait la famille après des mois de bataille judiciaire. Le parquet de Douai justifie cette décision en évoquant des risques de contagion de maladies, notamment pour des élevages porcins et les populations de sangliers sauvages.

Une théorie absurde selon le père de famille, qui assure que l'animal domestiqué a toujours été en bonne santé. Il avait fait réaliser un test biologique par la fourrière d'Arras, dans laquelle Toto avait été placé il y a quelques mois. Résultat : aucune trace de maladie détectée chez le cochon apprivoisé.

La solution était pourtant offerte sur un plateau par la ville de Charleville-Mézières (Ardennes), qui proposait d’accueillir gracieusement l’animal dans son parc animalier municipal d’une trentaine d’hectares. Au contraire des Hauts-de-France, la région du Grand-Est héberge une grande population de sangliers sauvages, et il n'est pas rare que des habitants recueillent des blessés comme la famille arrageoise l'a fait en automne.

Interdiction de dire adieu au sanglier

Dans d’autres villes, on récupère des marcassins, des biches, on les sauve dans des corps de ferme, tout le village est au courant et vient voir l’animal et ça ne pose de problème à personne”, proteste Arnaud Bienvenue, qui proposait même d'emmener à ses frais le sanglier dans le parc animalier des Ardennes.

Pour rappel, son fils avait recueilli Toto dans une forêt en automne 2023 alors qu'il n'était qu'un marcassin et qu'il était poursuivi par une meute de chiens de chasse. Après l'avoir élevé dans le domicile familial à Boiry-Becquerelle (Pas-de-Calais), un acte illégal selon la loi, la gendarmerie avait récupéré l'animal et l'avait placé à la fourrière d'Arras en attendant que le tribunal statue sur son sort.

L'Arrageois contacté par téléphone éprouve un profond ressentiment envers l’institution judiciaire. “La justice nous dit aujourd’hui de laisser agoniser les animaux que l’on pourrait trouver sur notre route. Si je croise un oisillon tombé du nid ou un hérisson blessé, je suis censé le regarder agoniser, sans y toucher”, affirme-t-il avec un cynisme empreint de tristesse.

Mes fils sont catastrophés, ils pleurent car ils ne comprennent pas pourquoi on nous traite comme des délinquants. Vous imaginez l’image qu’ils ont de notre système judiciaire à quinze et 23 ans ?” 

Ils ne pourront même pas dire adieu à l'animal apprivoisé qu'ils ont soigné et élevé dans leur foyer car le tribunal a interdit les visites. Par ailleurs, l'euthanasie sera à leur charge, en plus des frais de justice déjà engagés dans l'affaire. 

Les Arrageois ne sont pas les seuls à s’être insurgés de cette situation ubuesque. Le père affirme avoir reçu une centaine de messages et d’appels d’associations de défense des animaux, d’écologistes ou de simples personnes compatissantes voire en colère. La décision de la cour d'appel de Douai tombe quelques semaines seulement après le lancement d'un numéro national contre la maltraitance animale, fin juin. Une autre "incohérence" dénoncée par Arnaud Bienvenue qui, fort de tous ces soutiens, a décidé de se pourvoir en cassation. 

 

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