wwww Un couperet judicaire qui inquiète Arnaud Bienvenu. Sa famille a recueilli l'animal blessé, alors qu'il n'avait que quelques jours. Mais, il est interdit en France de détenir un animal sauvage. Placé dans un refuge, il attend la sentence, comme sa famille adoptive.
Sur l’écran de téléphone, les photos de Toto défilent. Celles des premiers jours à la maison de ce marcassin. "Le bébé de la famille" lâche Arnaud Bienvenu.
C’est son fils qui l’a sauvé : "Il tenait dans une main, il avait quelques jours. Mon fils l’a récupéré lors d’une battue de chasse où il a été pris par une meute de chien… il est intervenu pour en sauver, il n’en a sauvé qu’un. La mère est partie" raconte le père de famille.
On l’a biberonné comme un bébé, on s’est levés la nuit
Arnaud Bienvenu
C’est donc à Boiry-Becquerelle, un village de 400 habitants au sud d’Arras qu’atterrit le petit marcassin. Arnaud Bienvenu poursuit : "On l’a biberonné comme un bébé, on s’est levés la nuit, on lui a donné du lait, du glucose, on a étudié sur internet, on l’a élevé comme nos chats, nos chiens dans la maison avec les enfants, pendant 2 mois. Il a grandi dans la maison. Il a été élevé avec nos animaux".
Repris de justice
Mais en novembre 2023, la gendarmerie est venue frapper à leur porte. Pour prendre Toto. Arnaud Bienvenu raconte : "C’était un drame pour la maison, c’était notre animal de compagnie". Il confesse aussi que, quand il a recueilli l’animal orphelin, "il ne s’est pas trop posé de questions. Aujourd’hui, quand on reçoit des convocations du parquet on se sent comme un délinquant". La détention d’animaux sauvages est interdite en France.
Toto avait deux mois quand il a quitté le cocon familial. Il y en a 8 désormais. Il a été placé à la fourrière de la Communauté urbaine d’Arras. "Nous avons recueilli un marcassin de 40 kilos, mais très rapidement il va atteindre les 100 kilos, il est dans un enclos, bien soigné bien nourri… " explique Jean-Luc Tillard, vice-président de la Communauté urbaine d’Arras. Un espace spécifique a été aménagé pour le bien-être du sanglier.
Quel avenir pour Toto ?
"Dès le départ, nous avons recherché là où on pourrait faire accueillir le sanglier, il faut une structure agréée. On ne peut pas, c’est interdit, le relâcher dans la nature" poursuit Jean-Luc Tillard. En effet, Toto est trop habitué à l’homme pour repartir vivre en liberté.
Le parquet d’Arras a requis, le 10 juin, l’euthanasie du sanglier. Une demande rejetée deux jours plus tard par la présidente du tribunal d’Arras.
Arnaud Bienvenu rêve d'un bel avenir pour Toto : "J’aimerais qu’il reparte avec ses congénères, pas en forêt, puisque c’est impossible… Mais il existe partout en France, des enclos où on fait de l’élevage de sanglier, un peu comme un zoo. Toto serait mieux avec ses congénères à servir de reproducteur !"
Il poursuit : "J’ai envoyé au parquet des adresses de personnes assermentées qui pourraient le prendre, je n’ai jamais eu de réponse. J’ai trois sociétés qui m’ont contacté".
Quand un oiseau tombe du nid, quand un hérisson se fait écraser… on a toujours récupéré les animaux dans la famille, je l’ai fait, mon père l’a fait. Je ne suis pas le seul en France à récupérer un animal abandonné… On pense bien faire mais on est traité comme un délinquant.
Arnaud Bienvenu
Enfin, il confie son désarroi : "Au fond de nous-même, on savait qu’on faisait quelque chose qui n’était pas dans la logique. Mais bon, quand un oiseau tombe du nid, quand un hérisson se fait écraser, on a toujours récupéré les animaux dans la famille, je l’ai fait, mon père l’a fait. Je ne suis pas le seul en France à récupérer un animal abandonné… On pense bien faire mais on est traité comme un délinquant. Je n’aurais pas dû mais la prochaine fois, je fais quoi ? Mon fils aurait peut-être dû laisser le sanglier se faire écarteler par les chiens ? Si je vois demain un animal qui souffre, je le laisse agoniser ? C’est ce qu’on nous demande et, je ne suis pas d’accord".
L'avocat de la famille, Mâitre Camus, a annoncé juste avant l'audience du 28 juin que Charleville-Mézières, dans les Ardennes, se proposait d'accueillir l'animal. L'emblème du département est un sanglier et la ville disposerait des agréments nécéssaires à l'hébergement de Toto.
Le 28 juin, la Cour d'appel de Douai qui devait trancher l'avenir de Toto a renvoyé l'affaire au 8 juillet 2024.