Un petit écureuil de 4 mois a été relâché dans les jardins du château de Chantilly, dans l'Oise, le 30 avril dernier. Il a été recueilli et soigné en février par l'association Picardie Faune Sauvage, après avoir été retrouvé blessé.
Il sort timidement sa petite tête rousse de la caisse et tend ses oreilles touffues. Pour lui, ce mardi 30 avril, c'est le jour J. Ce jour-là, ce petit écureuil a été remis en liberté dans le parc du château de Chantilly (Oise). En quelques petits sauts rapides, il s'est extirpé vers la sortie de la cage avant d'aller se réfugier derrière un arbre.
L'animal âgé aujourd'hui de 4 mois a été recueilli par l'association Picardie Faune Sauvage, centre de soins, en février dernier, il était alors légèrement blessé. "Il a été trouvé dans un parc, sur le sol, il a certainement été sorti de son nid par un chat. La situation était compliquée, on ne pouvait pas le remettre dans son nid ou le laisser dans la nature", détaille Christophe Rousseau, président de l'association.
Deux gros mois ont été nécessaires pour le remettre sur pattes. Il a fallu pour l'association suivre plusieurs étapes, et tenter de remplacer le rôle de ses parents pour lui donner des bases afin qu'il soit autonome. "La première difficulté, ça a été de l'allaiter, car il n'était pas du tout sevré. Il a fallu qu'il accepte ce qu'on lui donnait, car ce n'était pas forcément dans ses habitudes alimentaires", ajoute Christophe Rousseau.
Une pesée quotidienne
L'animal qui ne faisait que 60 grammes, lorsqu'il a été trouvé, a été pesé chaque jour pour surveiller sa croissance et adapter la quantité de nourriture. Au bout de quelque temps, l'étape du sevrage a commencé : des fruits gras et des graines lui ont été donnés pour qu'il puisse aussi développer sa dentition.
Il fallait pallier le manque de ses parents pour lui apprendre toutes ces choses nécessaires avant de le relâcher dans la nature
Christophe RousseauPrésident de l'association Picardie Faune Sauvage
Progressivement, il a été mis dans une volière plus grande pour apprendre à chercher lui-même sa nourriture et à faire ses acrobaties. Pendant toute cette période, "il a toujours été nourri par le même soigneur, c'est important, ça évite qu'il soit imprégné. Dans la nature, il va garder le stress quand il verra des humains", complète le président de Picardie Faune Sauvage.
Une espèce protégée
Ce n'est pas la première fois que l'association soigne des écureuils roux. L'année dernière, sur les 2 000 animaux pris en charge, 20 étaient des écureuils. La plupart du temps, il s'agit de petits éloignés de leur nid, de blessures qui résultent de la prédation des chats ou des chiens, mais aussi de la destruction de leurs habitats avec la taille des haies.
Cette espèce est aujourd'hui protégée depuis 2007. "Elle n'est pas en grand danger, mais en même temps, elle n'évolue pas non plus, leur population a même tendance à décroître légèrement. Ils ont de moins en moins de place et un habitat qui est donc fortement réduit", atteste Christophe Rousseau.
Une collaboration avec le château de Chantilly
L'association Picardie Faune Sauvage est conventionnée avec le château de Chantilly. Depuis un an, les deux établissements collaborent ensemble, plusieurs hérissons ont été relâchés, mais c'est une grande première avec un écureuil.
C'est un apport mutuel, "on s'est mis d'accord sur les animaux qui pouvaient nous intéresser et qui pouvaient contribuer à l'équilibre de la forêt comme les chauves-souris, mésanges, rapaces nocturnes, chouettes et hiboux... Pour l'association, ça permet de relâcher ses animaux dans un cadre sécurisé, en dehors de la prédation humaine", explique Thierry Basset, responsable parc et jardin du domaine de Chantilly.
Le domaine de Chantilly s'étale sur 280 hectares, dont 120 de forêts et de jardins. De nombreux arbres sont touchés par des parasites et différentes maladies. Ces animaux relâchés, "oiseaux et mammifères sont des auxiliaires de la nature et nous permettent de lutter écologiquement contre ces problématiques", raconte Thierry Basset.
Dans le parc, la présence des écureuils séduit en raison de leur capacité à semer des graines. Thierry Basset décrit : "cet animal a toujours peur de manquer de nourriture, alors il fait des stocks de petits fruits forestiers et il les cache. Il en éparpille et oublie parfois où ils sont, et les fruits germent". Il contribue indirectement à la régénération naturelle des espaces. L’arrivée de cet animal s'inscrit dans un contexte plus large pour le site, qui mène différentes actions pour sensibiliser et préserver ses écosystèmes.
Une autre opération du même type devrait avoir lieu après l'été avec la remise en liberté de plusieurs chouettes hulottes.