Avec en moyenne 450 phoques veaux marins et 250 phoques gris à l'année, la baie de Somme abrite la plus importante colonie de phoques de France hexagonale. Depuis plus de 30 ans, l'association Picardie Nature veille à leur protection.
La pointe du Hourdel et ses phoques : un incontournable pour de nombreux touristes de passage en baie de Somme. Mais chaque année, l'association Picardie Nature dresse un même constat : "Par méconnaissance de la biologie de l'espèce, des personnes vont s'approcher trop près pour mieux les observer", déplore Sarah Monnet, chargée d'études.
"Ils vont alors provoquer leur mise à l’eau. Certains me disent 'c’est pas grave, ce sont des mammifères marins' mais les phoques ont vraiment besoin de ce temps de repos à marée basse sur les bancs de sable pour allaiter les petits, se reposer, faire leur mue."
Pour éviter ces dérangements d'origine humaine, 25 bénévoles se relaient tout l'été avec une double mission : surveiller les phoques et sensibiliser les visiteurs, leur rappelant la distance de 300 mètres à respecter.
Trois signaux qui doivent alerter
Premier signe : le phoque lève la tête. "Normalement, un phoque dort de tout son soûl sur la plage. S'il vous regarde intensément, c'est que vous êtes un élément perturbateur. Il faut arrêter d'avancer."
Deuxième signe : le phoque se rapproche de l'eau. "C'est son élément de fuite en cas de danger, car il est plus habile dans l'eau que sur des bancs de sable où il doit ramper maladroitement pour se déplacer. Il faut reculer calmement."
Troisième signe : le phoque se met à l'eau. "C’est là que la dépense énergétique est la plus importante. C’est comme si nous on bronzait au soleil pendant des heures et d’un coup on nous jette un seau d’eau sur la tête."
Danger pour les bébés phoques
"Qui dit mise à l’eau, en période de reproduction du phoque, dit potentiellement séparation entre la mère et son petit", alerte Sarah Monnet.
Dans la cohue de la mise à l’eau, il peut y avoir un tel tumulte dans le groupe que le petit va se laisser dériver avec le courant, et sa mère va le perdre de vue. Le petit va vouloir se reposer, peut-être sur un site hyper fréquenté. Quelques heures après, il y a 200 personnes autour de lui.
Sarah MonnetChargée d'études des mammifères marins à Picardie Nature
"La femelle va se poser une question : est-ce que je me mets en danger pour récupérer mon petit ou est-ce que je l'abandonne et j’en refais un l’année prochaine ? La faune sauvage fonctionne souvent sur la deuxième option."
En cas d'observation d'un jeune phoque isolé, il est interdit d'intervenir. "Chaque année, des gens pensent bien faire et portent un jeune phoque pour le rapprocher de l'eau mais on risque de lui faire mal, voire de lui causer des fractures des palmures."
Toute personne peut contacter l'association Picardie Nature qui, en dernier recours, peut récupérer le phoque et le transférer dans un centre de soins spécialisés. Une quinzaine de prises en charge sont ainsi réalisées chaque année.
Le dérangement intentionnel d’un phoque est verbalisable de 750 euros d'amende.