Selfies, caresses, chiens sans laisse : le dérangement des phoques en baie de Somme passible de 135 euros d'amende

Chaque année, les administrations et associations de protection de l'environnement font de la pédagogie pour éviter que les touristes ne dérangent les phoques de la baie de Somme. Il s'agit d'une infraction passible de 135 euros d'amende.

Sur les 1040 phoques présents sur le littoral des Hauts-de-France cette année, 739 se trouvent en baie de Somme, d'après le dernier comptage effectué par survol aérien. Et l'été est une saison idéale pour les observer depuis la pointe du Hourdel ou Cayeux-sur-mer. On peut admirer les animaux et leurs petits... mais à distance ! Il est tentant de s'approcher pour faire une photo souvenir, mais c'est une très mauvaise idée. Ils peuvent se sentir menacés par la présence de l'humain et prendre la fuite, laissant leurs petits seuls et en difficulté.

"Imaginez qu'on vous dérange trois fois par nuit !"

"À partir du moment où le phoque lève la tête et vous regarde, c'est qu'il est déjà en état d'inquiétude. Il ne faut pas les déranger car les petits ont besoin de leur mère pour se nourrir et prendre 1,5 à 2 kilos par jour. C'est très important, ils sont dans une phase de croissance et si la mère constate la présence d'un humain, elle ne viendra pas nourrir son bébé, explique Pierre Bourgeon, chef du service opérations au parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale. Ils ont aussi besoin de dormir, c'est un besoin physiologique, comme pour nous. Imaginez qu'on vous dérange trois fois par nuit ! S'ils se mettent à l'eau à chaque fois pour fuir, ils dépensent de l'énergie inutilement." La recommandation est donc de ne pas s'approcher à moins de 300 mètres. Il alerte également sur la présence des chiens qui ne sont pas tenus en laisse et peuvent, eux aussi, déranger les phoques. 

La problématique existe depuis plusieurs années. Chaque été, des bébés sont abandonnés par leurs mères et finissent parfois par en mourir. Cet été, la météo maussade qui attriste les touristes et les locaux laisse un peu de répit aux phoques. Avec moins de fréquentation humaine sur la plage, et des colonies installées un peu plus loin que d'habitude, les perturbations sont moins nombreuses. 

Une infraction au code de l'environnement

Mais les associations et administrations de protection de l'environnement restent vigilantes. En baie de Somme, on rencontre à la fois des phoques veaux-marins et des phoques gris, deux espèces protégées depuis les années 1960. Les déranger constitue une infraction de 4ème classe, passible d'une amende de 135 euros et pouvant aller jusqu'à 750 euros. Des inspecteurs de l'environnement effectuent régulièrement des contrôles. Ils dépendent de l'Office national de la biodiversité, de l'Unité littorale des affaires maritimes ou de la Réserve naturelle nationale de la baie de Somme. "C'est une police de l'environnement qui constate tout type d'infractions au code de l'environnement, et le dérangement des phoques en fait partie", explique Pierre Bourgeon. Il précise néanmoins que la priorité est donnée à la pédagogie et la sensibilisation avant d'aller vers de la répression. 

En cas de rencontre avec un bébé éloigné de sa colonie, il conseille de ne pas tirer de conclusion hâtive et d'observer, de loin, la situation. "Il faut voir si le bébé est vraiment perdu, où si la mère est dans le coin. Souvent, les gens appellent le centre de soins un peu trop vite, voyant un bébé phoque qui est tout seul, mais c'est seulement parce que sa mère est partie se nourrir." Gardez vos distances et il y a de grandes chances que la mère revienne auprès de son petit. En revanche, si un animal est échoué, il ne faut pas le toucher et contacter l'observatoire Pelagis au 05.46.44.99.10.

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