La ville de Charleville-Mézières, dans les Ardennes, s'est portée volontaire pour accueillir le sanglier nommé Toto, domestiqué par une famille de l'Arrageois. Le parquet d'Arras avait requis l'euthanasie de l'animal en juin. La demande a été rejetée et l'affaire sera de nouveau examinée le 8 juillet, au tribunal d'appel de Douai.
Toto le sanglier aura-t-il droit à un happy end ? C'est un nouveau rebondissement dans l'affaire concernant l'animal, recueilli et élevé depuis plusieurs mois par une famille du Pas-de-Calais. Face au risque d'euthanasie requis par le parquet d'Arras en juin, la mairie de Charleville-Mézières, dans les Ardennes, semble avoir trouvé la solution : une place de choix au sein de son parc animalier.
Rappelons les faits, puisque l'histoire de ce cochon sauvage est digne d'un roman-feuilleton. Tout commence en automne dernier, alors que le fils de la famille Bienvenu, parti se promener en forêt, croise la route de plusieurs marcassins poursuivis par des chiens de chasse. Le jeune homme réussit à en sauver un et le ramène au domicile familial, situé à Boiry-Becquerelle, village de 400 habitants au sud d’Arras.
Pendant deux mois, la maisonnée entière se met au chevet du petit animal et soigne ses blessures. "On l’a élevé comme nos chats, nos chiens, dans la maison avec les enfants", expliquait déjà à France 3, en juin, le père de famille, Arnaud Bienvenu.
Les Ardennes à la rescousse
Une adoption inconditionnelle témoignant d'une grande empathie mais... tout à fait illégale. Si le porc est considéré comme un animal domestique, selon la liste fixée par arrêté ministériel , son congénère forestier n'a pas droit aux mêmes égards. Un sanglier, même apprivoisé par les humains, demeure un animal sauvage aux yeux de la loi. Il est donc interdit d'en détenir chez soi.
La gendarmerie a depuis récupéré l'animal et l'a placé à la fourrière de la Communauté urbaine d’Arras. Le relâcher dans la nature est impossible car il est trop habitué à l'homme. En juin, le parquet d'Arras demande l'euthanasie de l'animal. Le cochon serait porteur d'une maladie selon une analyse, mais un second examen démentira par la suite cette information.
Une issue tragique qui ne fait pas l'unanimité parmi les défenseurs des animaux... Mais la solution se trouve peut-être un peu plus loin, dans la région Grand Est. "Je ne peux me résoudre à assister à cet acte barbare sans intervenir", a réagi le maire de Charleville-Mézières (Ardennes), Boris Ravignon, dans un communiqué de presse.
"Que ce soit chez nous dans les Ardennes ou ailleurs, il y a des exemples d'autres manières de faire. On veut avant tout lui offrir de bonnes conditions de vie", renchérit la mairie, qui propose d'accueillir Toto au sein de son parc animalier de 34 hectares. Cerfs élaphes, chevreuils, sangliers, mouflons et daims européens, chèvres domestiques, moutons roux ardennais... Le sanglier pourrait bientôt rallonger la liste des pensionnaires du parc.
Toto, dans la lignée de Woinic et Dudule ?
La mairie de Charleville-Mézières le rappelle, bien que chassé, le sanglier est un symbole des Ardennes. Il figure d'ailleurs au centre de son fier drapeau. Toto serait-il alors la prochaine mascotte de la ville ? "On verra, cela dépendra du public", tempère le bureau du maire, qui a d'ores et déjà constaté un certain engouement pour l'histoire romanesque du porcin arrageois.
Toto rejoindrait d'autres sangliers historiques de la région, tel Woinic, une sculpture de sanglier géant réalisé par Éric Sléziak en Ou encore Dudule, mascotte vivante du club de foot de Sedan dans les années 1956, exhibée lors de la Finale de la Coupe de France à Paris cette même année.
Alors, euthanasie ou retraite dans les Ardennes pour Toto ? Les défenseurs du sanglier auront la réponse lundi 8 juillet, car la cour d’appel de Douai doit à nouveau statuer sur l'affaire.