L'île de Ré est un marché de résidences secondaires avec des acquéreurs qui peuvent acheter comptant. Pour une maison, le prix moyen est de 8100 euros le m2. Et même ici, l'immobilier connaît un sérieux ralentissement.
C’est une splendide maison. Blottie dans l’une de ces ruelles qui font le charme de l’île de Ré : cinq chambres, quatre salles d’eau, une grande pièce de vie. Cette demeure de 189 m2 en plein cœur de la commune de La Flotte est à vendre depuis huit mois. Il y a eu treize visites, son prix qui a déjà baissé deux fois, mais rien. Toujours aucune offre. "Nous ressentons de l’impatience", confie Christian Voisine, le propriétaire. "Comme nous avons un autre projet, c’est frustrant de ne pas pouvoir le démarrer."
Cette maison n’a pourtant aucun défaut selon l’agent immobilier qui s’occupe de la vente. Certes, elle coûte encore 1 050 000 euros et s’adresse à une population aisée, mais sur l’Île de Ré, le prix moyen des maisons est de 8100 euros le m2 selon le site Meilleurs Agents. "Sur les treize visiteurs de cette maison, un seul a fini par acheter un bien, détaille Lionel Bercier, mandataire immobilier. Les gens ne passent pas à l’acte."
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Et ce n’est pas une question de pouvoir d’achat ou de taux d’intérêt. Le marché de l’île de Ré est à 90 % un marché de résidences secondaires, avec des acheteurs qui ont les moyens d’acheter sans souscrire de prêt. "Ce qui est assez surprenant, c’est que plusieurs clients m’ont annoncé que la maison correspondait à leurs critères, mais ils ne se décident pas à acheter", continue Lionel Bercier. Face au contexte national, les clients sont attentistes. "Les gens se demandent ce qu’il va se passer, si le marché va baisser, s’il va reprendre."
Le réseau de ce mandataire a trois fois plus de biens à vendre que d'ordinaire. Rien que sur la commune de La Flotte, une centaine de maisons sont à vendre. Sur le site Leboncoin, près de 580 annonces sont en ligne.
Stabilisation en 2025
Pour Benoît Frigière, directeur de plusieurs agences sur l’île, le marché a retrouvé son niveau des années 2010-2015. Son réseau a même connu de meilleurs résultats en 2024 qu’en 2023. Les stations balnéaires résistent mieux à la morosité immobilière que le reste de la France.
Malgré tout, sans être inquiet, habitué aux variations du marché immobilier, Benoît Frigière constate aussi une baisse de la demande des acquéreurs. « Notre gros problème : nous avons des vendeurs qui se mettent un peu au-dessus du marché, mais comme nous sommes sur un marché baissier, six mois après, le marché a perdu en valeur, le vendeur accepte une baisse de son prix, mais ce prix reste au-dessus du marché. Aujourd’hui, nous avons du mal à convaincre nos vendeurs d’accepter de faire un geste s’ils veulent vendre leur maison."
Pour cet agent immobilier, le plus dur de la crise serait en train d’être amorcé. En 2023, 815 transactions immobilières ont eu lieu sur l'île de Ré. En 2024, une centaine de moins devraient être réalisées.
Une stabilisation du marché est annoncée en 2025 au niveau national par les professionnels.
