Chaque village a son monument, le plus souvent érigé après la Première Guerre mondiale. La France est brutalement privée de près de 10 % de la population masculine. Ce traumatisme profond a frappé chaque famille et incité les élus à ces hommages gravés dans le marbre. Gros plan sur un monument d'Oléron où le sculpteur a glissé un message pacifiste.
Des grenades et une cartouchière sous les pieds d’une veuve et de son orphelin. Il y a des monuments aux morts qui sortent de l’ordinaire et interpellent. À Dolus-d'Oléron, elle trône devant la mairie.
La mère est en pleurs, c'est la douleur extrême. C’est pour ça qu’on classe ce monument-là dans les monuments "doloris" mais vient s’ajouter la scène à l’arrière où elle piétine des grenades et une ceinture de cartouchières, elle marche dessus !
Philippe Lafonhistorien local
Un symbole discret…
Lors de la cérémonie de commémoration du 106ᵉ anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918, peu de personnes ont remarqué le symbole. Certains en revanche le connaissent et ont une tout autre interprétation.
C'est l’amour d’une femme qui emmène son fils pour lui dire, voilà ce que ton père était capable de faire, c’est le seul symbole que je retienne. Le symbole des armes, c’est autre chose.
Major Vaillant
Gardé secret jusqu'au dernier moment
Cette statue a été imaginée et créée en 1922 par un jeune Parisien, diplômé des Beaux-Arts. André Vincent était manifestement pacifiste et le petit détail bien caché sous les pieds de la veuve est passé inaperçu auprès des autorités préfectorales et locales.
La statue est faite sur place. Le sculpteur a travaillé sous des bâches. C’est quand il découvre son œuvre que les élus vont être surpris par la qualité de ce monument et qu’ils vont rajouter 50 % au devis, tellement ils sont satisfaits.
Philippe Lafonhistorien local
Loin des symboles guerriers, la veuve et l’orphelin de Dolus-d'Oléron ont traversé les époques. Le monument est toujours en place devant sa mairie depuis plus d’un siècle.