Il y a plus d'un siècle, des hommes du monde entier sont venus mourir ici. Leurs sépultures, les monuments qui les honorent sont désormais inscrits au patrimoine mondial de l'humanité. Gros plan sur deux d'entre eux, à Ablain-Saint-Nazaire et Givenchy-en-Gohelle.
139 sites funéraires et mémoriels français, allemands, belges, américains et du Commonwealth de la Première Guerre mondiale, répartis en France et en Belgique font désormais partie du patrimoine mondial de l'Unesco.
À Notre-Dame-de-Lorette, à Ablain-Saint-Nazaire, dans le Pas-de-Calais, la plus grande nécropole militaire française, la garde d'honneur salue cette reconnaissance, internationale.
"Pour nous, c'est une fierté, car c'est un lieu qui inspire, et c'est une reconnaissance pour tous ces hommes, c'est un hommage pour eux tous", explique Alain Burette, un garde d'honneur.
Depuis 1925, on se rend à Lorette comme on vient en pèlerinage. "On parlera de cette colline, haute de 165 mètres, comme la colline aux 100 000 morts. On a décrété qu'à partir de mars 1915, on a déjà subi 104 000 pertes françaises au cours des batailles d'Artois pour libérer cette colline", rappelle Sarah Roynette, guide conférencière de l'office de tourisme de Lens-Liévin.
"Quand on parle de morts de masse de la Première Guerre mondiale, quand on arrive sur le site, on comprend tout de suite. Ça marque, ça impressionne. Quand on comprend aussi que dans les ossuaires il y a autant de corps que sous chaque tombe, c'est très impressionnant", poursuit Sarah Roynette.
L'anneau de la mémoire
À la nécropole s'est ajouté plus récemment l'anneau de la mémoire qui rend hommage à 580 000 soldats, tombés sur les territoires du Nord et du Pas-de-Calais, toutes nationalités confondues.
Et puis il y existe sur le site un mémorial 14-18 pour ceux qui veulent apprendre, comprendre. À l’intérieur, un citoyen britannique explique qu'un de ses ancêtres a été tué à Roclincourt, en 1916 et il est enterré à Arras. Robin Martinn explique : "Cette mémoire doit rester vivante, c'est important pour comprendre. Les cimetières et ce musée permettent de comprendre d'où on vient dans ce monde".
Un peu plus loin à Givenchy-en-Gohelle, toujours parmi les sites classés à l'Unesco, le mémorial canadien de Vimy, qui commémore la prise héroïque et meurtrière d'une crête en 1917. Un lieu de mémoire soigneusement préservé par le Canada. "Sur le billet de 20 $ canadien, ce monument est représenté. Maintenant avec l'inscription à l'Unesco on va attirer davantage de Canadiens", estime John Desrosiers, du ministère canadien des anciens combattants.
"À l’heure où la guerre est revenue aux portes de l’Europe, où des destructions patrimoniales majeures sont perpétrées par les forces russes en Ukraine, ces lieux du souvenir incarnent plus que jamais un plaidoyer pour la paix, le dialogue et la culture", a, quant à elle, réagi Rima Abdul Malak, ministre de la Culture à l'annonce de cette inscription à l'Unesco.