À Échillais, en Charente-Maritime, un chef d'entreprise de 36 ans réalise des vidéos de sable magique ou sable cinétique. L'une de ses vidéos a été vue 50 millions de fois. Il est devenu une référence en matière de vidéos dites "satisfaisantes".
À l’arrière de sa cuisine, Cyrille Guérineau s'est aménagé un petit studio pour réaliser des vidéos toutes simples, mais très populaires. Sous l'objectif de son appareil photo, ce chef d'entreprise de 36 ans manipule, découpe, écrase du sable magique, aussi appelé sable cinétique. "C'est un sable qui ne colle pas aux doigts, pour les enfants en général", explique-t-il.
À l'aide de toutes sortes d'outils et objets comme un emporte-pièce, un couteau, ou encore un verre à pied, il lui suffit d'une quinzaine de minutes pour achever une vidéo de quelques secondes, destinée aux réseaux sociaux. Selon lui, une telle vidéo peut être vue "entre 5 000 et 50 millions" de fois. En effet, 50 millions de vues, c'est le record que Cyrille a atteint avec une de ses vidéos, il y a trois ans.
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"C'est mon fils qui me demandait 'Papa, est-ce que tu veux venir sur Tiktok avec moi faire celui qui a le plus d'abonnés ?' et du coup en cherchant dans son placard à jouer, j'ai trouvé du sable cinétique et je me suis dit que j'allais essayer de faire des vidéos avec ça", raconte-t-il. "Au bout d'une semaine, la première vidéo est partie à 300 000 vues, et ça a commencé à prendre à ce moment-là. Ensuite, les millions de vues ont commencé à arriver et ça a décollé. Au jour actuel, j'ai dépassé le milliard de vues sur toutes les plateformes."
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Des vidéos bizarrement satisfaisantes
Cyrille est même devenu le 150ᵉ TikTokeur de France grâce à ces vidéos dites satisfaisantes, ou "oddly satisfying" en anglais, un phénomène né en 2013 avec ses propres codes : un jeu de matière, des couleurs vives, la précision du geste et enfin le son avec des bruits amplifiés.
Dans un épisode de son émission "Les dessous des images", diffusée sur Arte, la journalise Sonia Devillers s'interroge : "Mais que se passe-t-il dans notre corps quand nous regardons ces vidéos soi-disant satisfaisantes ? Comment notre cerveau réagit-il ?"
"Il y a une sorte de prédictibilité : je sais où est-ce qu'on va venir et j'ai hâte de le voir", lui répond Alber Moukheiber, docteur en neurosciences cognitives. "Notre cerveau est un organe prédictif, on est tout le temps en train d'essayer de prédire et d'anticiper, on a envie de voir comment le sable va être coupé de manière très propre. C'est un peu comme quand on anticipe la chute d'une blague, parfois, on commence à rire avant d'arriver à la chute d'une blague parce qu'on sait où est-ce que ça va aller."
Les vidéos comme celles que produit Cyrille représentent une économie à part entière, mais leur succès peut être éphémère ou fluctuant. Le tiktokeur d'Échillais perçoit de 0 à 1 000 euros par mois, mais il a déjà réussi à signer un partenariat à hauteur de 27 000 euros.