On l'appelle civelle au dessus de la Loire et en Vendée et on dit plutôt pibale plus au sud. Mais dans les deux cas, il s'agit de bébés anguilles qui se revendent à prix d'or et dont la pêche répond désormais à une réglementation stricte car l'espèce est menacée de disparition.
Depuis trente ans, l'anguille est une espèce en danger et protégée dont la population d'alevins que l'on appelle civelles ou pibales s'effondre.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette diminution : le changement climatique, les barrages, la pollution, la surpêche et évidement le braconnage qui a longtemps été pratiqué à grande échelle. Car le prix de ces bébés anguilles, qui se pêchent dans les estuaires, s'est envolé pendant des années notamment quand le marché asiatique, gros consommateur, était encore accessible. Aujourd'hui, l'exportation d'anguilles et de civelles est totalement interdite hors de l’Union Européenne et répond à des quotas stricts à l'intérieur de l'UE
L'or blanc des estuaires
Depuis 2010, face au danger de disparition de l'espèce, l'Europe impose des quotas de pêche contraignants. Les pêcheurs ont droit à 130 kilos par an revendus entre 300 et 400 euros le kilo pour la consommation et 180 euros pour celles qui sont destinées au repeuplement. Ils sont une centaine sur la façade sud-ouest de l'Atlantique.Quand les quotas de pêche sont atteints, les pêcheurs doivent cesser cette activité. Ils se retournent alors vers d'autres espèces car cette pêche n'est généralement qu'un complément pour les professionnels de Charente-Maritime mais ils demandent une révision des chiffres des quotas.
Autre sujet de mécontentement pour les pêcheurs, le manque d'harmonisation de la législation au niveau de l'Europe avec une réglementation plus souple en Espagne et au Portugal."Ça fait plusieurs années, qu'on demande que le quota national soit relevé et qu'on demande une ouverture sur l'Asie avec un quota spécifique à l'Asie" explique Philippe Michaud, président du comité des pêches de Charente-Maritime.
Plus d'informations avec le reportage de Yann Salaün, Marc Millet et Maud Coudrin. Ils ont suivi un pêcheur de pibales lors d'une sortie :