Dix lionceaux nés dans un cirque. L'association One Voice porte plainte pour reproduction illégale

La loi contre la maltraitance animale interdit, d'ici à 2028 la présentation d'animaux sauvages dans les cirques. Et la reproduction n'est plus possible a priori depuis décembre 2023. Mais une dizaine de lionceaux sont nés dans un cirque, actuellement en représentation en Charente-Maritime. L'association One Voice porte plainte et demande la saisie des lionceaux.

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Deux lionceaux au regard triste. Ils semblent s’ennuyer, un peu perdus dans leur cage. Des images ont été filmées en plusieurs fois en septembre 2024. L’association de protection animale One Voice a envoyé ses enquêteurs au cirque Claudio Zavatta à Le Gua en Charente-Maritime, suite à une alerte de visiteurs. Selon la loi sur la maltraitance animale, les cirques itinérants n’ont plus le droit, depuis décembre 2023, de faire se reproduire leurs animaux sauvages.

Il y a deux mois, une dizaine de lionceaux sont nés au cirque Claudio Zavatta de deux portées différentes. One Voice a déposé plainte auprès du parquet de La Rochelle le 19 septembre dernier, fait un signalement auprès de l'Office français de la biodiversité et envoie désormais la vidéo aux médias pour crier au scandale : « Il [le cirque] piétine donc la loi. Et pourquoi s’en priverait-il, quand le gouvernement fait de même ? Presque trois ans après la parution du texte, l’arrêté d’application de l’interdiction de reproduction n’a toujours pas été publié. Rien n’a été fait, si ce n’est endormir l’opinion publique, convaincre les citoyens que les animaux étaient sauvés, le tout pour mieux continuer à leur faire subir enfermement et exploitation jusqu’à leur mort. »

La loi interdisant l’exploitation d’animaux sauvages dans les cirques d'ici à 2028 est sortie, mais certains décrets d’application manquent encore. « Nous avons un dispositif légal qui interdit la reproduction », assure Caroline Lanty, l’avocate de One Voice. « Est-ce qu'il y a besoin d'un décret d'application pour l'article 413.10 de cette loi ? Je ne sais pas, mais la loi est suffisamment précise pour que les établissements ne fassent plus se reproduire leurs animaux non-domestiques. »

Une absence de décret ?

De son côté, le cirque s’appuie sur cette absence de décret pour estimer ne pas avoir franchi de ligne rouge. « En début d’année, nous avons réussi à placer neuf lions adultes en refuge », explique Vincent Justin, le monsieur Loyal du cirque Claudio Zavatta. « Mais il nous en reste trois, deux femelles et un mâle, qui vivent dans le même véhicule depuis toujours et que nous ne pouvons pas séparer, car ils forment une famille et ils finiront par faire une dépression si on les sépare. Nous n’avons pas eu le choix d’avoir des naissances, car c’est la nature qui a fait son œuvre. La reproduction fait aussi partie du bien-être animal. »

Des lions retirés des spectacles du fait de l’interdiction de présentation d'ici à 2028, le cirque cherche aujourd’hui un refuge pour placer ses trois derniers fauves, aujourd’hui accompagnés de leur ribambelle de lionceaux.

Au téléphone, Vincent Justin s’agace de cette nouvelle plainte. « Nous avons eu un contrôle des services vétérinaires et tout s’est très bien passé. Ils ont vu les lionceaux et nous n’avons eu aucune remarque sur aucun sujet. » Il ajoute : « Les services de l’État nous contrôlent régulièrement et c’est la seule preuve que nous faisons bien notre travail. »

Le service Santé-Protection animale de la direction départementale de la protection des populations de Charente-Maritime nous confirme que le 30 août, lors du contrôle, aucune sanction n'a été donnée au cirque avec quelques nuances : « La difficulté, aujourd'hui avec cette loi de 2021, en l'absence de décret d'application, il n'est pas possible de sanctionner. Cela n'empêche pas de discuter, de faire des recommandations et de faire passer le message. Le cirque va progressivement rentrer dans le cadre. La loi va finir par faire son effet. Et on sent bien que les lionceaux ne seront pas conservés et ne serviront pas pour des numéros. » Les services vétérinaires précisent encore qu'aucune infraction n'a été constatée sur le sujet de la maltraitance animale tout en concluant : « Les lionceaux n'auraient pas dû être là. »

« Ce cirque n’est pas le seul à continuer à pratiquer la reproduction »

Muriel Nadal, la présidente de One Voice, continue cependant d'avoir une vision particulièrement sombre de la situation : « Ce cirque n’est pas le seul à continuer à pratiquer la reproduction. Cela leur rapporte beaucoup d’argent, car nous savons qu’il existe un trafic avec les taxidermistes et les particuliers qui veulent adopter un lion. »

« Nous restons trois semaines dans chaque ville où nous nous installons pour limiter les déplacements »

Le cirque Claudio Zavatta déroule, de son côté, toutes les pratiques mises en place pour faciliter la vie des animaux et pas seulement des fauves : « Nous restons trois semaines dans chaque ville où nous nous installons pour limiter les déplacements. Là, actuellement à Pons, nous disposons d’un champ enherbé et la première chose que nous avons faite, c’est de mettre en place les parcs pour que les chevaux, les lamas ou les dromadaires puissent sortir. »

Et maintenant les numéros avec les fauves sont remplacés par des prestations avec des artistes brésiliens ou colombiens : « Il faut désormais plus de numéros, ça demande donc un à deux ans de répétition. Et cette transition des cirques traditionnels passe inaperçue auprès des médias », se désole Vincent Justin (Mr Loyal du cirque Claudio Zavatta). Sa consolation, c’est que le chapiteau se remplit toujours autant : 300 à 400 personnes à chaque spectacle pour voir les 25 numéros.

One Voice continue de tirer la sonnette d'alarme

One Voice continue en revanche de tirer la sonnette d’alarme dans son communiqué de presse : « En 2028, que deviendront les tigres et les lions toujours parqués derrière les barreaux ? […] Sont-ils destinés à finir entre les mains des taxidermistes qui remplissent les poches des circassiens ? Ou seront-ils envoyés dans des structures indignes à l’étranger, où leur supplice se poursuivra sans répit […] ? Grâce à l’inaction de l’État, qui ne semble pas pressé de proposer de nouvelles solutions d’accueil, les établissements qui choisiront de se sédentariser n’auront même pas besoin de se poser la question : ils pourront garder leurs animaux, comme si de rien n’était. »

L’association se dit prête à récupérer les lionceaux du cirque Claudio Zavatta si le parquet décidait de leur saisie. Contacté, le procureur de La Rochelle nous a annoncé ne pas avoir encore traité le dossier.

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