C'est la semaine européenne de la fertilité. En France, un couple sur huit consulte pour des difficultés à devenir parents. 10% des couples restent infertiles au bout de deux ans. En Poitou-Charentes, deux centres les accompagnent : le CHU de Poitiers et le centre de fertilité à la Rochelle. Un parcours lourd, long et semé d'embûches.
Ce geste simple, poser ses mains sur un ventre qui abrite un bébé, est le résultat d’un long chemin pour Gaëlle Noblet et son compagnon.
La jeune femme a 31 ans lorsqu’elle envisage d’avoir un enfant. Mais la nature est capricieuse. Au bout d'un an et demi "d'essais bébé", son médecin traitant lui conseille de faire des examens.
500 fécondations in vitro par an
Gaëlle Noblet se tourne alors vers le centre de fertilité de La Rochelle. 500 fécondations in vitro, des FIV, y sont pratiquées chaque année.
Ce matin-là, Sarah, 33 ans, se lance dans l’étape la plus importante de sa première FIV : le prélèvement d’ovocytes. Son conjoint est lui aussi sollicité, il est au laboratoire, au même moment, pour faire un don de sperme.
Dans cette clinique, le prélèvement d'ovocytes se fait sous anesthésie générale.
Je vais être endormie, je ne vais rien sentir bien sûr, mais là, j'avoue que je suis stressée
Sarah, en parcours de procréation médicalement assistée
Le gynécologue-obstétricien, Nicolas Proust, nous commente le déroulement de ce prélèvement : "On introduit la sonde d'échographie au niveau vaginal afin de repérer les ovaires. On garde les yeux sur l’écran et surtout sur l'aiguille afin de ne jamais la perdre de vue. Une fois la seringue remplie, elle est immédiatement placée dans une mallette thermo-chauffée afin de respecter la chaîne du chaud."
La seringue est ensuite immédiatement transférée au laboratoire. C’est le médecin biologiste spécialisé dans la procréation médicalement assistée, Olivier Moreau, qui prend en main la suite des opérations : "On va rechercher les ovocytes dans le liquide de ponction pour les mettre de côté, les séparer, et bientôt les mettre en contact avec les spermatozoïdes du conjoint afin de favoriser la fécondation qui va, dans quelques jours, donner lieu à un embryon qu’on pourra transférer dans l’utérus de la même patiente".
Plusieurs embryons peuvent se former après cette première étape. Ils seront placés dans une machine, bien au chaud.
Les embryons sont mis en culture pour quelques jours dans des incubateurs qui sont de véritables utérus artificiels
Olivier Moreau, médecin biologiste spécialisé dans la procréation médicalement assistée
Des parcours très médicaux et très éprouvants
Ce centre affiche un résultat de 35% de réussite pour ses fécondations in vitro, contre 22 % en moyenne en France.
De bons chiffres certes mais qui ne masquent pas les difficultés pour chaque parcours.
Aux couples je leur dis, il y a de très très grandes chances que vous ayez un enfant avec nous dans le Centre... Mais au bout de combien de tentatives et après quels traitements ? Ca on ne peut pas le savoir à l’avance.
Nicolas Proust, médecin gynécologue-obstétricien
Il faut en effet se préparer à enchaîner espoirs et désillusions. Aujourd'hui enceinte, Gaëlle a traversé tout cela. En quatre ans, la jeune femme a tenté trois inséminations et c’est le deuxième embryon de sa FIV qui a fonctionné. Un parcours de montagnes russes émotionnelles qu’elle n’oubliera pas.
Psychologiquement, il faut être fort quand même ! Il faut encaisser les échecs. On ne vit pas dans une bulle ! Il y a aussi notre environnement à côté avec des annonces, les naissances autour.
Gaëlle Noblet, future maman
Elle poursuit, évoquant la délicate cohabitation entre le travail et ce calendrier parallèle, composé par moments de plusieurs rendez-vous par semaine. Ce protocole de suivi médical prend beaucoup d'énergie, physique et mentale. Dans ce contexte, "des fois, c’est compliqué d’avoir la forme".
Gaëlle ne veut pas savoir si c’est un garçon ou une fille. Elle veut garder un peu de magie, après toutes ces années très médicalisées.