Dans une lettre adressée à Olivier Falorni, député de la 1ʳᵉ circonscription de Charente-Maritime, Élisabeth Badinter a assuré que son époux Robert Badinter aurait soutenu le projet de loi sur la fin de vie. Olivier Falorni est rapporteur de la commission spéciale, dont les travaux ont débuté ce lundi 22 avril 2024. Il nous a accordé un entretien.
Dans une lettre publiée le dimanche 21 avril 2024 dans le journal La Tribune, Élisabeth Badinter a décidé d'assurer Olivier Falorni, député de la 1ère circonscription de Charente-Maritime, du soutien de son époux Robert Badinter au projet de loi sur la fin de vie. Olivier Falorni est le rapporteur général de la commission spéciale dont les travaux ont débuté ce lundi 22 avril 2024.
France 3 Nouvelle-Aquitaine : Qu'avez-vous ressenti en recevant la lettre d'Élisabeth Badinter ?
Olivier Falorni : Un grand honneur. Recevoir une lettre de Madame Badinter, c’est émouvant et son contenu ne l’est pas moins, parce qu’elle rappelle quelle a été l’évolution et quelle a été la position de son mari. J’avais eu l’occasion d’ailleurs de la connaître en novembre 2021, puisque je l’avais rencontrée, ils m’avaient reçu à leur domicile. Et Robert Badinter m’avait dit à l’époque qu’il était favorable à ma proposition de loi. Mais seule Madame Badinter pouvait dire réellement ce que pensait Robert Badinter de l’aide à mourir. Elle l’a fait avec des mots d’une force incroyable et d’une clarté absolue.
Merci madame Badinter de m’avoir fait l’honneur de cette lettre. Elle est d’une très grande force. Elle m’accompagnera durant tout le débat parlementaire. Pour faire une grande loi républicaine. #Findevie #RobertBadinter https://t.co/6wyO6bQTEa
— Olivier Falorni (@OlivierFalorni) April 21, 2024
France 3 Nouvelle-Aquitaine : C'est aussi une manière de clarifier la position de Robert Badinter, face aux opposants au texte.
Dans sa lettre, elle le dit, Robert Badinter n’a jamais assimilé aide à mourir et peine de mort. Je crois que les choses sont claires. Là aussi, pour reprendre les mots de Madame Badinter, prétendre qu’il était opposé à l’aide à mourir, ce serait trahir sa mémoire et sa pensée.
France 3 Nouvelle-Aquitaine : Comment vont se dérouler les travaux de la commission spéciale, dont vous êtes le rapporteur général ?
Cette commission spéciale a été mise en place la semaine dernière. Elle va commencer [aujourd'hui] les auditions, des différents acteurs concernés par la fin de vie, en premier lieu la ministre de la Santé, Madame Vautrin, que nous auditionnerons à 18h. Nous auditionnerons ensuite le comité consultatif national d’éthique, dont Alain Claeys, ancien rapporteur de la loi Claeys-Leonetti. Il y aura ensuite évidemment l’étude du texte en commission entre le 13 et le 20 mai, puis en séance publique, dans l’hémicycle, à partir du 27 mai.
France 3 Nouvelle-Aquitaine : De quelle façon allez-vous aborder les prochains mois ?
En bon Charentais-Maritime, je dirais que ce texte a un peu tardé à arriver à quai, il est aujourd’hui bien arrimé, sur deux piliers : les soins palliatifs, l’aide à mourir. Maintenant, il va commencer sa grande traversée, pas trop longue, je l’espère. Tous les éléments essentiels y sont, je pense que le Parlement l’enrichira notamment pour préciser les conditions d’accès à l’aide à mourir. En tout cas, il s’agit bien d’expliquer le fait que, selon moi, rien n’est contradictoire entre soins palliatifs et aide à mourir, que les soins palliatifs sont une réponse et que l’aide à mourir est un recours. Je m’y engagerai avec détermination, humilité, gravité et respect de toutes les convictions.