Unanimité de la commission d'enquête, les 21 retenues sur le bassin de la Boutonne n'auront pas leur déclaration d'intérêt général. C'est un sérieux coup d'arrêt à ce projet des irrigants, très contesté.
Dans leur rapport, les commissaires enquêteurs pointent de nombreuses insuffisances du dossier porté par le Syndicat mixte des réserves de substitution de la Charente-Maritime (SYRES 17). Et ce sur plusieurs volets.
La question financière
> Le financement de l'opération. Le coût des travaux a été estimé mais il y a quelques années déjà et pour un projet à 24 bassines. Il n'a pas été actualisé. Pour les commissaires, ce flou n'est pas acceptable, sachant que des subventions publiques sont attendues.
> L'absence de calendrier des chantiers.
> La non-fixation d'un prix de l'eau pour l'irrigant. Une information importante pour les exploitants. Le niveau de ce tarif conditionne leur participation au projet et donc sa rentabilité.
La question écologique
> Les conditions de remplissage. Les critiques formulées lors de l'enquête concernent principalement cette question. Pour les enquêteurs, les moyens de contrôles de ces réserves pour qu'elles ne nuisent pas à l'environnement et au maintien de la ressource commune "se doivent d'être irréprochables", car certains dégâts peuvent être irréversibles. Or, les conditions ne permettent pas un contrôle efficace, rapide et réactif par le maître d’ouvrage en cas de dysfonctionnement. Manque par exemple un dispositif télécommandé pour piloter à distance les vannes si besoin urgent.
> Les mesures compensatoires. Aucune incitation à la sobriété n'est prévue, ni aucun encouragement à redistribuer l'eau. De même, l'accès aux réserves de substitution n'est pas conditionné à l'abandon des anciens forages.
La question de l'usage
> Collectif ou privatif. De par leur localisation, certaines bassines ne sont raccordables qu'à un seul irrigant. Cela semble contraire à l'esprit du projet, qui vise à améliorer la situation de chacun des adhérents et non d'en privilégier une poignée. Contraire en tout cas à la notion d'intérêt général, selon le rapport.
Avis défavorable
Pour toutes ces raisons, les trois commissaires enquêteurs ont rendu un avis défavorable à ce projet qui concerne le bassin de la Boutonne. L’avis définitif du préfet de Charente-Maritime sera connu dans deux mois maximum.
Pour mémoire, un autre projet de réserves de substitution (en Vienne, Deux-Sèvres et Charente-Maritime) avait lui été validé en septembre dernier, à une large majorité, par le Conseil départemental de l’environnement (après enquête publique favorable). L’Agence régionale de santé s’était prononcée contre. Les préfectures ont donné leur feu vert aux travaux.
La plupart de ces projets ont suscité et suscitent encore de nombreuses manifestations d'opposants et de critiques, de la part des élus écologiques notamment.