"La grande famille du Globe", un documentaire pour refaire le tour du monde

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Le Festival International du Film et Livre d'Aventure de La Rochelle propose une soirée-débat en ligne autour du film du documentariste Nicolas Raynaud sur la dernière édition du Vendée Globe. Deux invités de prestige pour cet événement, Yannick Bestaven et Charlie Dalin.

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Des bras au ciel, des visages extatiques dans le brouillard rouge des fusées de détresse, des badauds admiratifs sur la jetée des Sables d'Olonne et des embrassades de vestes de quart ; évidemment, le dernier documentaire de Nicolas Raynaud commence par la fin, l'arrivée de cette incroyable neuvième édition du Vendée Globe. Immédiatement, nous voilà replongés dans ces heures de joies intenses, toutes ces émotions partagées et ces longues semaines passées à suivre la course sur nos smartphones et à regarder quotidiennement les carnets de bord vidéo des 33 circumnavigateurs. D'emblée, on se dit, que, tout un chacun, à notre petite et si modeste échelle, nous aussi on fait un peu, même lointainement, partie de cette "grande famille du Globe".

Retour aux Sables d'Olonne à l'automne 2020.

Pour son film, Raynaud a "convoqué" quatre grands témoins de l'Everest des mers. Quatre marins d'exception et pas des moindres : Alain Gautier, un des treize marins de la première édition et vainqueur de la seconde, Michel Desjoyaux, le seul double vainqueur de l'épreuve, Vincent Riou, premier en 2005 "avec seulement six heures d'avance" et Armel le Cléac'h qui s'imposait en 2017 devant Thomson. Assis face au réalisateur dans la Cité Eric Tabarly à Lorient, les quatre navigateurs nous livrent leur vision de cette course en particulier et du métier de coureur au large en général. 

Flashback donc et retour aux Sables d'Olonne à l'automne 2020. Il y a ce souvenir presque oublié d'un départ inédit pour cause de crise sanitaire. "Le scénario du grand départ est complètement chamboulé", raconte la voix off, "le strict confinement lié au coronavirus ce dimanche 8 novembre impose un ponton déserté. Les embrassades et les derniers au revoir ne sont plus cachés par la foule. A la vue de tous, ils n'en sont que plus forts". On se souvient alors de cette drôle d'ambiance. Les héros de la fête s'étaient calfeutrés entre quatre murs pour être sûr qu'un stupide test positif ne les garde à terre. Et puis il a bien fallu larguer les amarres. Michel Desjoyeaux se confie à la caméra.

Vous ne vous en rendez peut-être pas compte depuis le ponton mais, quand on est le skipper qui part, il y a un côté un peu glauque. Maintenant on sait que quand les marins partent, il y a de fortes chances qu'ils reviennent entiers. Où on ne sait pas forcément, mais au moins qu'ils reviennent entiers. N'empêche que ça fait un peu le dernier salut aux artistes et peut-être qu'on ne les reverra jamais. Moi, cette partie-là, ça me colle des frissons.

Michel Desjoyeaux, double vainqueur du Vendée Globe

"Le Vendée Globe ne pouvait pas mieux tomber".

"Quel moment, quelle émotion, je vous jure ! J'en ai vu des copains partir sur le Vendée Globe mais qu'est-ce que c'est fort ces sensations, qu'est-ce que c'est bizarre. J'en avais les larmes aux yeux", confirme Yannick Bestaven dans la première vidéo qu'il enverra du bord de Maître Coq. Car, bien sûr, la matière première du film, ce sont ces centaines d'heures de confession filmées par les coureurs eux-mêmes. Nicolas Reynaud a vécu la course de l'intérieur au sein du PC presse à plusieurs reprise par le passé, les vacations radio plus ou moins audibles et les communiqués qui n'intéressaient que les afficionados, quelques émissions de télé et les magazines spécialisés. 

Le Vendée Globe ne pouvait pas mieux tomber avec ce confinement, c'est sûr. Là, les réseaux sociaux prennent tout leur sens. Avant, il y avait quelques images mais à part France Télévision et deux, trois chaînes, il n'y avait pas de robinet. Maintenant les robinets sont partout. Sur YouTube, toutes ces images sont libres de droit. C'est bien sûr positif mais si on se souvient, il y a quelques années, il n'y avait rien. Les répercussions étaient moindres.

Nicolas Raynaud, documentariste

"Ou s'arrête la course ? Où commence l'aventure ?" ; c'est l'intitulé de la soirée proposée le 7 avril prochain par le Festival International du Film et du Livre d'Aventure. En présence du vainqueur Bestaven et de son dauphin Charlie Dalin, cela sera l'occasion de reparler de la tempête tropicale Théta que seuls Jean Le Cam et Alex Thomson avaient décidé de braver en bon vieux briscards, de l'abandon de l'anglais pourtant parti favori, du naufrage de Kevin Escoffier bien sûr, mais aussi de se demander comme Vincent Riou dans le film si "la philosophie des coureurs du Vendée Globe a changé".

"Cette solidarité des gens de mer, c'est un pilier de notre discipline".

Bien sûr, les contacts avec les équipes et les amis à terre sont plus faciles de nos jours, les instruments de navigation et l'informatique à bord ont modifié les choix de navigation et les bateaux sont bien plus performants. Certains vont même jusqu'à penser que les nouvelles générations de marins sont bien trop frileux comparés à leurs aînés. Mais pour Nicolas Raynaud, malgré les révolutions technologiques et des budgets parfois démesurés, cette course restera toujours une aventure hors du commun et ces femmes et hommes, des sportifs hors normes. 

La "vieille génération" des Gautier ou des Desjoyeaux prenaient plus souvent des coups de vent dans la gueule parce qu'ils les voyaient moins venir et ils n'avaient pas les bateaux pour les éviter. Maintenant on a une telle connaissance de la météo qu'on arrive à se placer correctement selon la force du vent et l'état de la mer. Si tu peux éviter de prendre 70 nœuds de vent, tu l'évites et c'est normal. Quant à la communication, comme dit Riou, à un moment, ça s’arrête et quand tu raccroches, la solitude est encore plus forte. Si tu n'es pas bien seul en mer, tu vas en chier même si tu peux appeler quand tu veux tes copains sur WhatsApp. C'est un faux débat pour moi.

Nicolas Raynaud, documentariste

Et ce qui ne changera jamais bien sûr, c'est le bon sens marin et la solidarité de tous ces gens de mer. Avant de passer le Cap Horn, Jean Le Cam dit à sa caméra : "tous ensemble, on va essayer de remonter jusqu'au bout". Une petite phrase qui résonne forcément différemment maintenant que l'on sait que le doyen de la course avec sa "4L un peu customisée" se demandait alors si son voilier délaminé allait tenir le coup jusqu'aux Sables. Et puis, bien sûr, il y a cette fin hollywoodienne et ce suspens dû aux heures de compensation attribuées suite au sauvetage d'Escoffier. Si l'en était besoin, "la grande famille du Globe" met les choses au point par la voix de Vincent Riou.

C'est quelque chose qui n'est pas discutable parce que cette solidarité de gens de mer, c'est un pilier de notre discipline. Si ce pilier peut continuer d'exister aujourd'hui, c'est parce qu'on est capable de reconnaître dans la compétition l'investissement des gens qui vont porter secours aux autres. C'est un non sujet, c'est comme ça et pas autrement. Point.

Vincent Riou, vainqueur du Vendée Globe en 2005

Cette soirée et ce débat sont proposés avec le partenariat du port de plaisance de La Rochelle. Nicolas Raynaud y participera en visio conférence. Une soirée en ligne et en direct qui ne sera pas rediffusée. Il vous faudra donc être à l'heure et vous connecter via ce lien à 20h45 le 7 avril devant vos écrans d'ordinateur. Comme vous l'avez fait pendant plus de deux mois de mer durant le Vendée Globe.

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