La statue de Toussaint Louverture réalisée par le sculpteur sénégalais Ousmane Sow a été inaugurée aujourd'hui dans la cour du Musée du Nouveau Monde à La Rochelle en présence du sculpteur sénégalais.
La statue haute de 2m80 représente Toussaint Louverture, le père de l'indépendance haïtienne, en pied et le regard penché sur un parchemin. Cet ancien esclave devenu général et homme politique français est devenu le chef de la révolution haïtienne et l'un des grands noms de la lutte pour l'émancipation des noirs et l'abolition de l'esclavage.
Une statue pas assez visible ?
Au delà de l'acte de mémoire, cette inauguration a réveillé à La Rochelle le vieux débat autour du passé négrier de la ville et la difficulté parfois de l'assumer. Une polémique est née à propos de l'emplacement choisi pour cette statue, érigée dans la cour de l'hôtel particulier d'armateur du 18ème siècle qui abrite le musée du Nouveau Monde. L'association Mémoria dédiée à la mémoire de la traite des Noirs et de l’esclavage à La Rochelle conteste ce choix. Elle aurait souhaité un lieu plus visible de tous "moins clivant, facilement accessible, pour une mise en lumière sans équivoque d'un symbole de l'abolition de l’esclavage". L'équipe municipale pour sa part souligne le côté symbolique de cet emplacement dans un lieu dédié au passé négrier de la ville et à l'abolition de l'esclavage et envisagerait des travaux pour rendre la statue visible en dehors des heures d'ouverture du musée. Il faut savoir que les planteurs et armateurs rochelais étaient très présents à St-Domingue, l'ancien Haïti.
Plus de 400 navires négriers partis de La Rochelle
La Rochelle est considéré par les historiens comme le deuxième port de France pour le commerce triangulaire après Nantes et avec Bordeaux. Avant d'être aux mains des armateurs de la ville, la traite négrière est lancée très tôt au 16ème siècle par des contrebandiers.Le commerce triangulaire entre La Rochelle, l'Afrique et les Caraïbes, deviendra très prospère au 18ème siècle consolidant la richesse de la ville. L'historien rochelais Mickaël Augeron, spécialiste de cette époque, rappelle que toute une partie de la population, en dehors des armateurs, profitait de la traite des noirs dans laquelle les plus riches plaçaient leur argent sans aucune mauvaise conscience.
On estime que 427 navires sont partis de La Rochelle au 18ème siècle chargé de pacotille pour rejoindre les côtes africaines et embarquer des esclaves destinés aux plantations des Antilles. Les navires revenaient chargés entre autre de sucre ce qui explique le nombre important de raffineries dans la cité rochelaise à cette époque.
Le commerce triangulaire a pris fin en 1792. 130 à 160 000 esclaves avaient alors été déportés aux Antilles sur les navires rochelais.
Nathalie Combès et Marc Millet ont rencontré l'historien Mickaël Augeron. Ils évoquent en sa compagnie l'histoire négrière de la ville et les traces de ce commerce toujours visibles dans la cité.
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Reporatge de Nathalie Combès, Marc Millet et Nadine Pagnoux-Tourret
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©INA