Pédophilie: le "chirurgien de Jonzac" désormais suspecté d'avoir fait 250 victimes, une affaire inédite

La justice a identifié "250 victimes potentielles" du chirurgien à la retraite Joël Le Scouarnec, suspecté de viols et agressions sexuelles sur des patients mineurs durant près de 30 ans de carrière dans le Centre et l'Ouest, une affaire de pédophilie d'une ampleur inédite en France. 

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Le procureur de la République de La Rochelle a révélé ce lundi que 184 plaintes avaient été déposées à l'encontre du chirurgien de Jonzac. Au total, 250 victimes de Joël Le Scouarnec auraient été identifiées.
Incarcéré depuis sa mise en examen il y a deux ans, Joël Le Scouarnec, 68 ans devra répondre du 13 au 17 mars devant la cour d'assises de la Charente-Maritime à Saintes, d'accusations de viols et d'agressions sexuelles sur quatre victimes, mineures à l'époque des faits. 
Ces faits, qu'il reconnaît partiellement, remontent aux années 1989 à 2017. Durant cette période, le chirurgien a travaillé en Touraine, à Loches (Indre-et-Loire), en Bretagne, à Vannes et Lorient et en Charente-Maritime, à l'hôpital de Jonzac, lieu de son dernier domicile.

La liste des accusations s'allonge 

Les enquêteurs ont découvert en 2017 à son domicile de mystérieux carnets comprenant près de 200 noms d'enfants, laissant présager une affaire d'une ampleur inégalée.
Après la clôture du premier dossier en mars, la justice a donc décidé d'ouvrir une procédure distincte des quatre premiers cas pour retrouver et entendre d'autres éventuelles victimes. 
A ce jour, les gendarmes ont pu identifier "250 potentielles victimes de faits non prescrits", un chiffre exceptionnel pour ce type d'affaire, et "184 ont souhaité déposer plainte", a annoncé ce lundi, le procureur de La Rochelle Laurent Zuchowicz. La plupart étaient mineures au moment des faits (181). Selon le magistrat, 209 personnes ont déjà été auditionnées et "plusieurs d'entre elles font état de souvenirs précis".
L'enquête se concentre en Bretagne, et notamment dans le Morbihan où 100 faits potentiels ont été répertoriés et 23 autres dans le Finistère.
Au total, d'avril 1991 à janvier 2014, 159 agissements pourraient relever de crimes et ou délits "sur le ressort de la cour d'appel de Rennes".

Perruques et poupées

Devant le nombre important de plaignants résidant sur ce secteur, le parquet de La Rochelle s'est dessaisi du dossier au profit du parquet de Lorient. Le procureur de Lorient peut décider de confier une information judiciaire à un juge d'instruction ce qui rendrait possible une nouvelle mise en examen du médecin.

  Compte-tenu du nombre de faits et de victimes potentielles recensées, le délai d'enquête s'annonce encore long et l'ouverture d'une information judiciaire n'est pas encore d'actualité,
- la procureure de la République à Lorient, Laureline Peyrefitte.

L'affaire est partie des confidences d'une voisine

Le "chirurgien de Jonzac" avait été arrêté en mai 2017 à la suite d'une plainte pour viol déposée par les parents d'une fillette, une voisine de sa maison de Jonzac, dont les confidences ont lancé l'affaire.
La justice constate à l'époque que l'homme n'est pas un inconnu : il a déjà été condamné en 2005 à Vannes pour détention d'images pédopornographiques. 
En menant des perquisitions à son domicile, les enquêteurs découvrent sous le plancher des images pédopornographiques, des poupées et des perruques. 
Il y a aussi ce carnet manuscrit. Le chirurgien y décrit des scènes sexuelles à caractère pédophile, près de 200 cas au total. Devenus le point de départ du second volet, ces carnets répertorient les garçons d'un côté, et les filles de l'autre avec les noms et les prénoms, et parfois les coordonnées, indiquait cet été une source proche de l'enquête. 

Révélations des carnets : viols ou fantasmes ?

Les enquêteurs tentent depuis de déterminer si ces carnets décrivent des agressions sexuelles ou viols qui se sont effectivement produits, ou s'il s'agit de simples "fantasmes", comme le martèle l'avocat du chirurgien dans le volet charentais, Thibaut Kurzawa. 
"La voix de L'Enfant va s'assurer qu'il y ait des enquêteurs formés et en nombre", a déclaré la présidente de l'association de défense des enfants Martine Brousse, partie civile au procès.
Les investigations principales continueront à être menées par la Section de Recherches de la gendarmerie de Poitiers "afin de garantir la continuité de l'enquête".

 
 
 
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