Présidentielle : les maires de Poitou-Charentes partagés sur leur choix de parrainage

Alors que Jean-François Fountaine, maire de La Rochelle, annonce officiellement avoir donné sa signature à Jean-Luc Mélenchon, les maires de petites communes rurales sont plus réticents à s'engager publiquement.

"Cette décision est avant tout un soutien démocratique, un acte civique mais ne signifie bien évidemment pas un soutien politique". C'est en caractères gras que Jean-François Fountaine concluait son communiqué de presse hier en annonçant son choix de parrainage pour l'élection présidentielle. On se doutait pourtant qu'il y avait effectivement peu de chances que le maire de La Rochelle puisse, le 10 avril prochain, glisser un bulletin Mélenchon dans l'urne. 

"Il faudrait plutôt des parrainages citoyens"

A l'instar de David Lisnard, maire Les Républicains de Cannes, qui lui aussi annonçait la semaine dernière donner sa signature au candidat des Insoumis, l'édile de Charente-Maritime avait d'abord annoncé sa décision en conseil municipal et la justifie aujourd'hui par souci d'"assurer la pluralité des candidats" à cette élection.

"Je n’aurais pas pu apporter mon soutien à Marine Le Pen ou Éric Zemmour, ce n’est pas possible, mais je voulais que mon parrainage soit utile et je pense qu’il est indispensable que Jean-Luc Mélenchon puisse être candidat", explique le "divers gauche" Jean-François Fountaine, "je pense qu’il faut garder un système de parrainages sinon on va avoir des candidatures invraisemblables, mais il faudrait plutôt des parrainages citoyens, par exemple 100 000 signatures d’électeurs. Ce n’est pas parce que je suis maire que ma voix est plus importante qu’un autre". 

Si à Poitiers, Léonore Moncond'huy a officiellement apporté son soutien à Yannick Jadot, pour l'heure aucune trace des intentions de Jérôme Baloge à Niort ou de Xavier Bonnefont à Angoulême sur le site du Conseil Constitutionnel. Mais nul doute qu'ils devraient user de leur pouvoir en la matière.

"La démocratie, tous les matins, je la fais vivre dans ma commune".

Il en va malheureusement différemment pour les maires de communes rurales. A Marsais en Charente-Maritime, Steve Gabet a récemment expliqué son désarroi par voie de communiqué à la presse et auprès de ses 940 administrés. "Ce système de parrainage obsolète est une dure réalité pour les candidats, mais aussi et surtout pour nous, les maires sans étiquettes", écrit le jeune édile, "nous sommes la première strate politique, en contact avec la population, nous ne sommes pas cachés dans l'hémicycle".

De fait la décision de François Hollande de rendre public le choix des maires en avril 2016 a sérieusement refroidi bien des élus, soucieux de ne froisser personne dans leurs conseils municipaux ou au comptoir du bar du village. Steve Gabet a donc décidé d'attendre le dernier moment et, selon les sondages d'intentions de vote, de donner sa signature au candidat le plus haut mais encore à la peine pour valider son entrée en course. 

Son homologue Jean Goriou, maire de Saint-Georges-du-Bois et président de la communauté de communes Aunis Sud, lui, ne veut pas en entendre parler. " Je n’ai jamais accordé de parrainage", tranche-t-il d'entrée de jeu, "qu’on nous accuse aujourd’hui de bloquer la démocratie en ne donnant pas notre signature, ça me fait doucement rire. La démocratie, tous les matins, je la fais vivre dans ma commune. Le conseil municipal, c’est un rassemblement de gens qui ont envie de faire quelque chose pour leur territoire. Moi, je ne veux même pas savoir les sensibilités politiques des gens qui sont autour de la table avec moi. Ce n’est pas compatible avec la gestion de petites structures comme les nôtres".

Une consultation citoyenne 

D'autres comme Wilfried Fournier à Saint-Genis d'Hiersac en Charente, ont décidé de consulté les 667 électeurs de la commune. Lui aussi s'appuie sur les sondages et invite ses administrés à faire le choix parmi les candidats qui n'ont pas encore obtenu le fameux sésame des 500 signatures, mais uniquement ceux qui ne sont pas loin du but. La consultation se tiendra en mairie le 28 février prochain.

"Je m'étais dit que s'il y avait des candidats que j'estimais légitimes et qui étaient au seuil des 500 voix, il n'était pas exclu que je leur donne mon parrainage", explique-t-il, "il y en a trois ou quatre donc je consulte la population. j'insiste bien sur le mot consultation. Ce n'est pas un vote ni un référendum, légalement je dissocie bien les choses".

Ce jeudi, Jean Castex recevait à Matignon l'ensemble des associations d'élus locaux ainsi que les présidents de l'Assemblée Nationale et du Sénat afin "d'évoquer ensemble cette situation dans le respect de la liberté de chacun", "parce qu'il y a un sujet profondément démocratique". Peut-être serait-il alors judicieux de réfléchir tout de suite à une réforme de ce système de parrainage. Mais ça, c'est le ou la futur.e Président.e de la République qui en décidera en temps voulu. 

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