Le patron des LR Eric Ciotti réélu dans les Alpes-Maritimes, tout comprendre de son parcours politique en huit dates clés

De Christian Estrosi à Jordan Bardella, en passant par François Fillon et Laurent Wauquiez, Éric Ciotti a alterné alliances et trahisons. Un parcours politique, témoin et moteur de la droitisation du parti Les Républicains. Un député réélu à Nice au soir du second tour des élections législatives.

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Le président des Républicains, qui a conclu une alliance avec le Rassemblement national, avait nettement distancé ses adversaires au premier tour dans la première circonscription des Alpes-Maritimes, son fief depuis 2007.

Sa stratégie lui a permis de sauver son siège. Il a recueilli 45,14% des suffrages dans la 1ʳᵉ circonscription des Alpes-Maritimes ce dimanche 7 juillet.

Il remporte ainsi la triangulaire qui l'opposait à Olivier Salerno, de La France insoumise (LFI), candidat pour le Nouveau Front populaire (32,13%), et Graig Monetti, du parti Horizons, qui se présentait sous la bannière Ensemble (22,73%). 

Retour sur son parcours.

28 septembre 1965 : Éric Ciotti naît à Nice

Éric Ciotti voit le jour dans une famille originaire de Saint-Martin-Vésubie, dans les montagnes des Alpes-Maritimes. Fils unique, il ne reprend pas la quincaillerie familiale de son père, Bernard Ciotti, à Nice. Il se lance dans une licence d’économie avant d’entrer à Science Po. 

23 juin 1988 : Éric Ciotti entre au service de Christian Estrosi 

Tout juste diplômé de Sciences Po Paris, Éric Ciotti, 22 ans, devient l’assistant parlementaire de Christian Estrosi, élu député RPR des Alpes-Maritimes. C’est le début d’une amitié politique, qui s’étiolera vingt ans plus tard, quand s’aiguiseront les appétits de l’ambitieux collaborateur. C’est à cette époque que le jeune homme parvient à être exempté de service militaire. Le Canard Enchaîné révèle, en 2016, que François Fillon, alors député RPR, écrit en janvier 1991 à Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense, pour lui éviter un passage sous les drapeaux.

Mais, c’est finalement au titre du soutien à la famille – en raison de la grossesse de sa compagne – qu’Éric Ciotti échappe au service militaire, dont il deviendra un ardent défenseur.

17 juin 2007 : entrée à l’Assemblée, cette fois, comme député

Éric Ciotti est élu député de la 1ère circonscription des Alpes-Maritimes sous la bannière de l’UMP, en obtenant au second tour 60,92% des voix face au socialiste Patrick Allemand.

L’éternel collaborateur sort de l’ombre et devient peu à peu le "Monsieur Sécurité" de la "Sarkozie". Il s’impose localement comme premier adjoint au maire de Nice, Christian Estrosi, avant de prendre à la tête du conseil général des Alpes-Maritimes, qu’il présidera de 2008 à 2017, date de la fin du cumul des mandats. 

Dans l’hémicycle, le Niçois se distingue avec des propositions de loi qui marqueront la droitisation de l’UMP.

En témoigne, par exemple, la suppression des allocations pour les parents en cas d’absentéisme à l’école – adoptée en 2010, avant d’être abrogée sous François Hollande car jugée, entre autres, inefficace.

S'ensuit, la même année, la proposition d’infliger une peine de deux ans de prison aux parents de mineurs délinquants, qui ne respecteraient pas leurs obligations – mesure à laquelle le député renonce, face au tollé.

En 2011, le parlementaire persiste avec une loi prévoyant l’encadrement militaire des mineurs condamnés pour des faits de délinquance.

18 novembre 2012 : psychodrame à l’UMP

L’arrivée de François Hollande à l’Élysée plonge la droite dans la crise. La guerre ouverte entre Jean-François Copé et François Fillon prend un tour ubuesque au soir du 18 novembre 2012, quand les deux leaders revendiquent la victoire. "Les Copéistes" dénoncent des "irrégularités" dans le scrutin à Nice, fief des "Fillonnistes", Christian Estrosi et Éric Ciotti.

Réélu député des Alpes-Maritimes, Éric Ciotti continue de se faire le défenseur d’une ligne identitaire et sécuritaire. En 2013, par exemple, il marque son opposition au mariage pour tous et à l’homoparentalité. La même année, le parlementaire dépose une proposition de loi pour permettre aux entreprises de réglementer le port de signes religieux sur le lieu de travail, en réaction à l'annulation, par la Cour de cassation, du licenciement d'une employée voilée de la crèche privée Baby Loup. Une mesure jamais adoptée.

23 avril 2017 : François Fillon éliminé, le choix du "ni-ni"

L’accession à l’Élysée d’Emmanuel Macron condamne à nouveau Les Républicains à rester dans l’opposition. À la suite de la défaite de François Fillon, dont la campagne a été minée par les scandales judiciaires concernant l’emploi fictif de son épouse, Éric Ciotti fait le choix du "ni-ni" : ni Emmanuel Macron, que le député des Alpes-Maritimes qualifie d’"héritier légitime d’un quinquennat désastreux", Marine Le Pen qu’il désigne comme "un danger pour notre pays". 

Tandis que des figures tutélaires de la droite rejoignent la majorité présidentielle, Éric Ciotti pousse la candidature de Laurent Wauquiez à la tête du parti. Tous deux sont partisans d’une ligne dure, frôlant avec celle défendue par le Rassemblement National.

4 décembre 2021 : Ciotti échoue à la primaire

Surprise du premier tour de la primaire interne aux Républicains, le Niçois parvient à se hisser à la première place avec 25,59% des suffrages.

Je suis de droite, j'ai le cœur à droite et je ne m'en excuserai pas, tout comme vous, je le sais !

Eric Ciotti au dernier meeting avant l'élection du président des Républicains en 2022.

France 3.

Le succès du député des Alpes-Maritimes illustre la droitisation des militants LR. Mais la candidate Valérie Pécresse, arrivée deuxième, récolte pour sa part le soutien de l’ensemble des cadres du parti et l'emporte haut la main au second tour. Éric Ciotti paye alors sa proximité idéologique avec l’extrême droite.

Tandis que le chroniqueur devenu politicien Éric Zemmour marque une percée dans les sondages, Éric Ciotti déclare : "Entre Macron et Zemmour, je le dis : je préfère Zemmour", un candidat à la présidentielle avec qui il reconnaît "partager une partie du constat", notamment lorsqu'Éric Zemmour "décrit une France en déclin menacée par l’islamisme et une immigration de masse". "Il est inutile de nier ce constat, je le fais depuis des années, ce serait ridicule", précise-t-il sur Public Sénat.

11 décembre 2022 : Éric Ciotti, président des Républicains

Sa victoire ne fait aucun doute. Elle est cependant moins large qu’escomptée. Éric Ciotti remporte 53,7% des suffrages face au président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau. Adoubé par Laurent Wauquiez, personnalité qu’Éric Ciotti promet de porter jusqu’à l’Élysée, le député niçois reçoit dans l’entre-deux-tours le soutien d’une partie de la "Chiraquie". À commencer par Christian Jacob.

Le voilà à la tête d’une machine grippée. Un parti qui peine à se mettre en ordre de marche pour reconquérir le pouvoir. Tiraillé entre l’opposition à Emmanuel Macron et le soutien à certains des textes portés par la majorité présidentielle, le parti expose ses divisions à l’Assemblée Nationale sur fond de réforme des retraites, en février 2023. Tandis que le député Aurélien Pradié prend la tête d’un groupe de parlementaires frondeurs, Éric Ciotti semble perdre le contrôle sur ses troupes.

11 juin 2024 : le ralliement au RN 

La dissolution prononcée, Éric Ciotti franchit le Rubicon. Son intention d’annoncer au "20 heures" un accord conclu avec le RN fuite dans la presse. Éric Ciotti précipite alors son intervention et apparaît au journal de la mi-journée. "J’ai pris tout le monde de court", se félicite le Niçois, dans Le Monde.

Persuadé que LR est voué à disparaître, le député fait le choix de pactiser avec le parti l’extrême-droite. Ce ralliement surprise, Éric Ciotti l'a imaginé avec le magnat des médias Vincent Bolloré (CNews, Europe 1, etc.), révèle Le Monde deux jours plus tard. Une influence qu’admet aujourd’hui le député niçois.

Cette décision est vécue comme une trahison par les cadres de LR, qui organisent à la hâte un bureau politique en vue de l'exclure du parti. Une tentative déjà annulée à trois reprises par la justice. Éric Ciotti revient à son bureau, place Beauveau, dans les locaux du parti, au terme de 24 heures invraisemblables.

Toujours président de Les Républicains, Éric Ciotti se maintient coûte que coûte. Mais avec ses ex-camarades, le divorce est consommé. Il fera face à un candidat soutenu par le reste de l'appareil, Virgile Vanier-Guerin, dans la 1ʳᵉ circonscription des Alpes-Maritimes.

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