Éric Ciotti exclu "à l'unanimité" des Républicains mais refuse de démissionner. Retour sur 24h de crise politique

En appelant à rejoindre le RN, Éric Ciotti, le président des LR, a entraîné une sécession au sein des membres de son parti. Certains dénoncent une "trahison", d’autres y voient un "sursaut". Réunis en urgence hors du siège du parti, le bureau politique a décidé de l'exclure et d'investir tous les députés LR sortants, sauf lui et Christelle D'Intorni.

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Le bureau politique aura duré une heure et demi. Et a pris la décision d'exclure Éric Ciotti des Républicains à l’unanimité. La gouvernance du mouvement est assurée par Annie Genevard et François-Xavier Bellamy.

Menant des concertations secrètes, sans aucune concertation, Éric Ciotti est en rupture totale avec la ligne du parti. Il est exclu ce jour des Républicains.

Annie Genevard, secrétaire générale des Républicains

La sénatrice des Alpes-Maritimes Michèle Tabarot présidera la commission d'investiture qui désignera les candidats aux prochaines élections législatives.

La suite logique des réactions que l'annonce par Éric Ciotti d'une alliance avec le Rassemblement national a provoqué. Au sein du parti de droite, beaucoup ont à appelé à la démission de leur président.

La réponse d'Éric Ciotti n'a pas tardé : "aucune des décisions prises à cette réunion n'emporte de conséquence légale. Elle peut avoir des conséquences pénales. Je suis et reste le président de notre formation politique, élu par les adhérents !".

Résultat, c'est avec... un double des clefs qu'Annie Genevard et les membres du bureau politique ont pu retourner au siège du parti.

Une situation ubuesque, alors que se profilent de nouvelles élections législatives... Les membres du bureau politique ont indiqué qu'ils investiraient tous les députés sortants, sauf Éric Ciotti et Christelle D'Intorni, la députée sortante de la 5e circonscription des Alpes-Maritimes. Sur les 61 députés sortants, 59 ont demandé le soutien des Républicains.

Crise politique

Un peu plus tôt dans la journée, le député sortant des Alpes-Maritimes, président des Républicains, a fait fermer le siège du parti à Paris, place du Palais-Bourbon, et donné ordre aux permanents de quitter les lieux.

Le patron des LR n'était pas présent lors de ce bureau national, expliquant sur les réseaux sociaux, qu'il "ne répond pas aux exigences démocratiques de nos statuts et de notre réglement intérieur. [...] Il n'a aucune valeur juridique".

Selon Éric Ciotti, "seuls les militants pourraient (lui) enlever" sa fonction acquise d'une courte tête fin 2022.

Une véritable crise politique interne alors que de nouvelles élections législatives se profilent les 30 juin et 7 juillet prochain.

Les LR maralpins qui ne soutiennent pas Éric Ciotti

Parmi les LR des Alpes-Maritimes, la fédération la plus importante de France, beaucoup dénoncent le chemin pris par leur président. Ainsi, les députés sortants, Éric Pauget, député sortant de la 7e circonscription, Jean Léonetti, maire d'Antibes, et Michèle Tabarot, députée sortante de la 9e circonscription.

Le premier estime que, "comme en 2017 et en 2022, il n'y aura pas, pour moi, de rapprochement, ni avec la politique menée par le président Macron qui abîme notre pays, ni vers l'inconnu des extrêmes". Le deuxième "prend acte, à regret, de la proposition d'Éric Ciotti. Personne ne s'étonnera que j'y sois opposé". Enfin, la troisièmre a affirmé à nos confrères du Figaro : "la position exprimée par Ciotti est une impasse".

Pour sa part, le maire de Villeneuve-Loubet, Lionnel Lucas a également dénoncé dans un post sur X les agissements de Éric Ciotti.

Du côté du Sénat, prise de position identique pour Dominique Estrosi-Sasonne. "Aujourd’hui, Éric Ciotti a pris une décision seul", a-t-elle déclaré au micro de France 3 Côte d'Azur ce mardi. "Une décision grave de conséquences, mais une décision où il a refusé, où il a botté en touche, pour ne pas convoquer les instances de notre parti. Éric Ciotti s'obstine. Il a annoncé pour l'instant qu'il ne démissionnerait pas... Nous nous voulons qu'Éric Ciotti parte".

"Je ne peux me résoudre à faire alliance avec le RN", a répliqué la sénatrice Alexandra Borchio-Fontimp.

Pour faire simple, la majorité des sénateurs LR a voté, à l'unanimité, "tout accord avec le RN", à l'exception du sénateur maralpin, Henri Leroy, qui soutient le premier carde des LR.

À noter, également, le fait que Benjamin Millo, le chargé des relations presse d'Éric Ciotti, a fait savoir qu'il "quittait ses fonctions aurpès d'Éric Ciotti, mais qu'il restait chez les Républicains".

"Enfermé dans ton siège, tu n'entends pas les Niçois"

Hors LR, Christian Estrosi (Horizons) s'est adressé à son meilleur ennemi. Et il l'a fait via un message sur Threads et X, le réseau social qu'il avait quitté... en décembre 2023. "Éric Ciotti, vu que tu as décidé de t’allier avec le Rassemblement national, alors, vas-y ! Enfermé dans ton siège parisien, tu n’entends pas les Niçois. Ils sont dégoutés par ton attitude. Tu fais honte à notre ville !"

Pour sa part, le maire de Saint-Laurent-du-Var, Joseph Ségura, un proche de Christian Estrosi, a sollicité le président du conseil départemental Charles Anges Ginésy à retirer toutes ses fonctions départementales à Éric Ciotti : "M. Ciotti retourne sa veste et trahit sa pensée après avoir dénoncé l’incompétence du RN et la dangerosité de son programme pendant des années". Et d'ajouter : "je demande également à Charles Ange Ginésy de clarifier sa position en désavouant publiquement son président de la commission des finances en lui retirant ses fonctions".

Les soutiens d'Éric Ciotti

Si Éric Ciotti n’est pas parvenu à entraîner avec lui, jusqu'à ce jour, d’autres dirigeants du parti, il peut compter sur quelques soutiens régionaux comme l'eurodéputé LR, Laurent Castillo : "face à l'extrême gauche et à un président qui a tant abîmé la France, l'heure est au sursaut ! Le redressement national passera par une coallition des droites".

Parmi les députés sortants des Alpes-Maritimes, "pro-Ciotti", peu de surprise avec Christelle D'Intorni, la député sortante de la 5e circonscription, qui s'est rangée derrière le président des Républicains. "C'est un choix courageux", a-t-elle déclaré à nos confrères de France bleu Azur.

En revanche,  son suppléant, Stanislas André, s'est désolidarisé de son choix dans un communiqué de presse : "en tant que député remplaçant de la 5e circonscription des Alpes-Maritimes, et conseiller national LR, je me désolidarise totalement de ce que je considère comme un reniement à la fois de notre Histoire et de nos valeurs. J'appelle l'ensemble des élus et militants LR à dénoncer fermement cet accord sur un coin de table et à s'organiser dans les prochaines heures pour défendre nos couleurs et notre honneur le 30 juin et le 7 juillet."

Bernard Chaix, vice-président départemental, conseiller municipal de la ville de Nice, et Henry Leroy, sénateur maralpin, soutiennent le premier cadre des LR. "Je suis en phase avec Éric Ciotti. Je salue sa décision, c'est le seul moyen de sauver la France !" a assuré le dernier à nos confrères de BFM Côte d'Azur.

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