Comme sur tous les campus de France, l'université de La Rochelle a du fermer ses amphithéâtres. Enseignants et étudiants sont contraints de travailler par ordinateurs interposés.
Le parvis de la fac de langues et de sciences humaines est déserté. La prairie en face du bâtiment des sciences est balayée par les vents et aucune âme en vue sur le campus rochelais. En temps normal, ils sont plus de 9.000 étudiants à animer cette partie de la ville. Triste paysage. Comme au printemps dernier, le confinement a mis un coup d'arrêt à la vie universitaire dans le pays. Une première expérience qui a cependant servi de leçon pour les équipes pédagogiques. À son corps défendant, Sophie Sablé, maître de conférence, a ressorti son ordinateur portable pour garder le lien avec ses élèves de master Biotechnologies. Seule dans sa classe, elle donne cours à vingt-quatre d'entre eux. Son inquiétude, bien sûr, c'est le risque d'en perdre quelques uns au fil du temps. Au sortir du premier épisode d'avril et mai dernier, nombre d'entre eux ont exprimé clairement leur préférence pour ce qu'il faut désormais appeler "les cours en présentiel". "C'est compliqué à gérer et à mettre en place", explique-t-elle, et rien ne remplace le contact physique.
Au menu du jour pour les étudiants de Sophie Sablé, le risque biologique alimentaire et la taxonomie des micro-organisme. Non loin de là, au même moment dans son appartement, devant son ordinateur, Gwenaëlle Guirriec essaye de garder toute sa concentration pour ne pas perdre le fil du cours. Sa colocataire s'est installée sur la terrasse avec son portable sur les genoux. Elle aussi aurait bien sûr préféré être physiquement en classe avec ses camarades, mais pas uniquement pour le confort pédagogique.On est vraiment séparé par l'écran et j'ai aussi beaucoup de difficulté parce que je ne les visualise pas, ou alors en tout petit. Donc on n'a pas une interaction spontanée et fluide entre nous. La prise de parole est plus difficile pour les étudiants, pour poser leurs questions lorsqu'il y a un souci. Et ça, c'est quand tout va bien avec leur connexion et la mienne... C'est un outil intéressant mais qui n'est pas adapté pour permettre un enseignement correct pendant de longues périodes.
Roxane, elle, est étudiante en sciences économiques à Poitiers, mais a préféré rentrer chez ses parents à Saintes pour le confinement. De toute façon, le campus poitevin aussi a fermé ses portes depuis une semaine. Comme Gwenaëlle, c'est devant son ordinateur qu'elle passe une grande partie de ses journées confinées. "Certains professeurs jouent moins le jeu que d'autres", explique-t-elle, tout en concédant que les choses se sont quand même graduellement mises en place en cette année de pandémie. Elle déplore toutefois comme beaucoup l'inégalité de traitement entre tous les étudiants en France aujourd'hui.Malheureusement, je pense qu'il faut s'adapter à la situation. C'est de la frustration et de la tristesse parce que je finis mon master en décembre. A partir de janvier je suis en stage et donc mes derniers mois à étudier, je les vivrai confinée. Je ne vais pas vivre pleinement mes trois derniers mois de fac.
De fait, en France, les 85.000 étudiants de classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) et les 260.000 élèves des BTS et formations assimilées ont pu, eux, continuer à assister aux cours en classe malgré le confinement. « Nous avons aujourd'hui transmis la liste des enseignements qui prétendent à pouvoir être réalisés sur site" expliqueJean-Michel Carozza, vice-président de l’Université de La Rochelle, "et, dès la semaine prochaine, les activités d'enseignement pratique pourront reprendre à La Rochelle Université". Le rectorat a, en effet, répondu favorablement à cette demande.En classe de TD, on est généralement 35 ou 40 dans une salle. Les lycéens aujourd'hui sont aussi 35 ou 40 en classe.Les BTS ont cours, les étudiants en prépa en cours et nous non. C'est injuste. A la limite, les cours en amphithéâtre, je peux comprendre, mais les travaux dirigés, c'est les mêmes conditions qu'ailleurs.
Corentin Fouchard et Pierre Lahaye ont rencontré étudiants et enseignants à La Rochelle