Halal ou casher, l'abattage rituel, régulièrement contesté, défend ses pratiques au nom de la liberté de culte. Le député PRG de La Rochelle, Olivier Falorni, veut aussi étudier ces pratiques dans la perspective de la souffrance animale.
Une commission d'enquête parlementaire présidée par le député de La Rochelle Olivier Falorni doit rendre un rapport en septembre sur les "conditions d'abattage des animaux de boucherie" dans les 263 abattoirs français, dont 218 ont l'agrément nécessaire au sacrifice juif ou musulman.Olivier Falorni (apparenté PRG), ne veut pas d'un débat sur le terrain cultuel.
La question qui nous importe, c'est la souffrance animale, et c'est à ce sujet que l'abattage sans étourdissement nous interroge."
Olivier Falorni.
En France, la réglementation oblige à l'étourdissement des animaux destinés à la consommation avant leur abattage. Mais une dérogation est prévue, en vertu des prescriptions juives ou musulmanes selon lesquelles une bête tuée alors qu'elle est déjà inconsciente est impure. La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a invoqué la liberté de culte pour consacrer cette disposition, encadrée depuis 2011 par un régime d'autorisation préalable.
Le député de Charente-Maritime s'est déplacé dans un abattoir halal à Meaux, en Seine-et-Marne. "Nous avons vu un sacrificateur extrêmement expérimenté qui égorgeait l'animal en cinq secondes", confie-t-il. Mais "il y a au moins une minute de doute entre la saignée de l'animal et sa perte de conscience effective".
Contrôle sanitaire précis
Le rituel casher est proche, et même plus strict. Le shohet (sacrificateur) est lui aussi titulaire du CCPA, en plus d'une carte signée par le grand rabbinat de France. Les parties arrières, susceptibles d'avoir été en contact avec le nerf sciatique -jugé impropre-, sont écartées et la carcasse est examinée après abattage pour vérifier qu'elle ne présente pas de lésions, notamment aux poumons.David Bloch emploie deux sacrificateurs casher dans son abattoir à Haguenau, en Alsace. "Quand on nous dit que le métier n'a pas évolué ce n'est pas vrai : on est passés des tueries artisanales à des abattoirs modernes, avec un contrôle sanitaire bien plus précis", assure-t-il en relevant que la réglementation contraint, après un laps de temps n'excédant pas une minute trente, à un "étourdissement pour soulager l'animal si le sacrifice a été mal fait".
Olivier Falorni rappelle que sa commission d'enquête est née après trois premières vidéos choquantes de l'association L214 qui, "en l'occurrence, concernaient l'abattage conventionnel". Certaines défaillances dans les abattoirs relèvent de la maltraitance, selon le député : "Réduire la problématique de la souffrance animale à l'abattage rituel serait un non-sens".