Naufrage du Grande America : 365 conteneurs coulés et du pétrole sur la côte atlantique dimanche ou lundi

Une nappe d'hydrocarbures se dirige depuis mercredi vers les côtes de Charente-Maritime et de Vendée, après le naufrage du navire italien "Grande America". Il a sombré par 4.500 mètres de fond au large de La Rochelle avec des matières dangereuses et 2.200 tonnes de fioul lourd dans ses soutes.


La nappe d'hydrocarbures pourrait atteindre les côtes françaises de Nouvelle-Aquitaine dimanche ou lundi. Elle s'étendait sur une dizaine de kilomètres de long et un kilomètre de large, "à plus de 200 km des côtes", jeudi vers 5h.

François de Rugy, le ministre de la Transition écologique a expliqué jeudi sur franceinfo qu'un pompage "d'une partie de la nappe" va être tenté, après le naufrage mardi du navire italien "Grande America". Mais que "quand la mer est mauvaise, c’est extrêmement difficile de mettre des barrages flottants, il est extrêmement difficile voire impossible de pomper en mer".
 

Nous avons des modèles avec Météo France qui tiennent compte des courants marins avec la force du vent, des vagues et on peut donc estimer à ce jour qu’au plus tôt ces nappes de pétrole pourraient toucher le littoral français vers dimanche soir ou lundi. Nous ne savons pas à l’heure où nous parlons s’il y a une fuite d’hydrocarbures depuis les soutes, depuis plusieurs soutes.

 
Ce n'est plus qu'une question d'heures. Les nappes de fioul lourd liées au naufrage du bateau italien Grande America pourraient toucher le littoral français vers dimanche soir ou lundi. Les plus proches du rivage sont à 200km du littoral de la Charente-Maritime, notamment de l'Île d'Oléron. ©F3 PC
 

Des vols de reconnaissance et de surveillance


"Au cours du vol réalisé mercredi après-midi au-dessus de la zone de naufrage du Grande America par l'avion de patrouille maritime Atlantique 2 de la Marine nationale, une nappe d'hydrocarbures a été localisée", a indiqué dans la soirée la préfecture maritime.

Ces observations aériennes ont été confirmées par le BSAA (Bâtiment de soutien et d'assistance affrété) VN Sapeur, maintenu sur la zone du naufrage, selon la même source. La mer y est très forte, avec des vagues de quatre à six mètres.
 

Le préfet maritime de l'Atlantique, le vice-amiral d'escadre Jean-Louis Lozier, a ordonné l'appareillage depuis Brest du navire spécialisé dans la lutte antipollution BSAA Argonaute. Il est attendu sur zone ce jeudi matin, a précisé la préfecture maritime, indiquant avoir également sollicité le concours des moyens de lutte antipollution de l'Agence européenne pour la sécurité maritime (EMSA).
 

"Selon nos prévisions, des fragments pourraient atteindre certaines zones des côtes de Nouvelle-Aquitaine d'ici dimanche ou lundi, du fait d'une météo particulièrement défavorable, qui risque par ailleurs de rendre plus délicates les opérations de dépollution en mer", a déclaré dans un communiqué dans la nuit le ministre de l'Ecologie, François de Rugy.

La France va notamment déployer en mer quatre "navires dédiés aux opérations de lutte anti-pollution" et prépare un plan de "dépollution sur terre", a indiqué le ministre.

Auparavant, dans l'après-midi, le préfet maritime a annoncé lors d'une conférence de presse à Brest que le navire transportait "365 conteneurs, dont 45 répertoriés comme contenant des matières dangereuses et un peu plus de 2.000 véhicules". Il a ajouté que les soutes du navire contenaient quelque 2.200 tonnes de fioul lourd, principale source de préoccupation selon lui, estimant que la façade entre la Charente-Maritime et la Gironde risquait d'être touchée par une pollution "dans plusieurs jours".

Le préfet a une nouvelle fois mis en demeure mercredi matin l'armateur, Grimaldi Group, de "mettre fin au danger pour la navigation et l'environnement marin représenté par les conteneurs et autres éléments à la dérive" et de "traiter les éventuelles pollutions maritimes".
 


Violent incendie mardi


Le navire a sombré mardi après-midi à 333 kilomètres à l'ouest de La Rochelle par 4.600 mètres de fond, ce qui risque de rendre compliquées les éventuelles opérations de pompage.

Dans la nuit de dimanche à lundi, les 27 occupants du navire (26 membres d'équipage et un passager) avaient été secourus par une mer démontée et alors que le bâtiment subissait un violent incendie. Ils sont sains et saufs.

Concernant les conteneurs renfermant les matières dangereuses, M. Lozier a rapporté avoir reçu de l'armateur "un inventaire complet" de leur contenu, dont une centaine de tonnes d'acide chlorhydrique et quelque 70 tonnes d'acide sulfurique.

L'éventuelle pollution qui pourrait être causée par ces produits "serait très localisée", a estimé le vice-amiral d'escadre.
 

La dilution dans l'espace océanique n'entraînerait pas de conséquences graves pour l'environnement", a-t-il ajouté, soulignant qu'une grande partie de ces produits avaient vraisemblablement déjà brûlé.

  

Le "Grande America", navire hybride entre roulier et porte-conteneurs


D'une longueur de 214 mètres, Le "Grande America" venait de Hambourg en Allemagne et devait se rendre à Casablanca au Maroc, quand il a été touché par un incendie dimanche soir.

Le navire transportait des conteneurs en pontée et des véhicules dans ses ponts-garages.


Une quarantaine de conteneurs sont tombés à la mer avant le naufrage. La plupart d'entre eux ont été fortement endommagés par l'incendie et ont vraisemblablement coulé", a précisé M. Lozier.

    
Le procureur de la République a ouvert une enquête, et l'armateur a été mis en demeure de "prendre toutes les mesures nécessaires pour concourir à la lutte contre les pollutions", précise par ailleurs M. de Rugy dans son communiqué.

 
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