L’allègement du protocole sanitaire annoncé concerne aussi les établissements pour personnes âgées et dépendantes (Ehpad), dont les résidents et le personnel aperçoivent enfin le bout du tunnel. Dans celui de Bernay Saint-Martin, en Charente-Maritime, la vie reprend son cours.
"On continue de rechercher des mots qui commencent par la syllabe – RE !", clame Ketty Mureau aux résidents de l’Ehpad de Bernay Saint-Martin, en Charente-Maritime. L’assistante de soin en gérontologie anime ce vendredi matin l’atelier mémoire.
"Rêver", "réapprendre", "rencontrer". Les idées fusent, jusqu’à dépasser le record précédent de 143 mots. Les termes énoncés ne sont pas anodins, et laissent à penser que la pandémie a marqué les résidents.
Un établissement préservé
En deux ans, jamais le virus ne s’est invité à l’intérieur de l’établissement qui compte 45 pensionnaires permanents. Aucun cas de Covid-19 parmi le personnel ou les résidents depuis le début de la pandémie. Pourtant les trois-quarts des 7.500 Ehpad de France ont déclaré au moins un cas de contamination au sein de leur structure en 2020.
"Un respect strict des protocoles et des gestes barrières nous a permis d’éviter les contaminations, mais il y a aussi une part de chance", reconnaît Priscillia Bernet, directrice de l’établissement.
Préservée, la maison de retraite a pu continuer de proposer des activités même au plus fort de la pandémie.
Ketty se souvient : "Lors du confinement en 2020 les résidents étaient isolés, alors nous nous déplacions en chambre pour maintenir le lien, lire le journal, faire des massages de main." Dès la fin de cette période d’isolement, le pôle d’activité a pu rouvrir pour les résidents et les 6 bénéficiaires de l’accueil de jour.
"Il ne faut pas aller trop vite, car il peut recommencer ce virus !"
Cet épisode, inédit pour chacun, a laissé des souvenirs. Pour Yvette Driaud, dans cette maison de repos depuis 2 ans, le plus dur fût la restriction des visites : "J’ai une fille qui a deux petites jumelles de 9 ans, les deux ne pouvaient venir me visiter en même temps. On ne sépare pas des jumelles !"
Une camarade d’Yvette qui porte le même prénom, tempère : "Ici, cela s’est passé comme d’habitude. Rien à redire, on y est bien, et maintenant les visiteurs peuvent rester plus longtemps !", se réjouit-elle. Attention toutefois à la précipitation et au relâchement : "Il ne faut pas aller trop vite, car il peut recommencer ce virus !", ajoute-t-elle.
Retour à la normale (ou presque)
Si la plupart des activités sont réinstallées, elles ont été aménagées : "On a réduit nos groupes en multipliant les ateliers cependant, ce qui nous permet de maintenir une distance entre chaque résident", précise Ketty Mureau. "Et les parcours d’équilibre ont été modifiés de sorte à ce qu’ils n’aient pas besoin de toucher le matériel !" Pas question donc, de revenir tout de suite à la vie sans masque ou mesures de distanciation.
La veille, le directeur de l’ARS a fait un point de situation avec les directeurs des établissements de la région. Il a donné son feu vert pour un relâchement progressif des protocoles stricts mis en place depuis le début de la pandémie : "Les activités ont repris avec un objectif de quasi retour à la normale, de sortie extérieures, d’activité motricité, ateliers mémoire pour que les résidents puissent reprendre une vie quasiment normale", confirme Priscillia Bernet. Une nouvelle réunion doit avoir lieu la semaine prochaine, afin de préciser les nouvelles mesures dans les Ehpad.
Le gouvernement a exclu l’application du pass vaccinal aux établissements pour personnes âgées et dépendantes. Seul un pass sanitaire valide reste donc exigé pour rendre visite aux résidents.