La députée de la 2ème circonscription de Charente-Maritime, Anne-Laure Babault s'est rendue à la prison de Rochefort. Cette maison d'arrêt fait partie des plus surpeuplées de France. Avec une capacité de 52 personnes, elle a accueilli jusqu'à 120 détenus. Et tourne en moyenne à 200 % de taux de fréquentation.
Depuis 2000, les parlementaires disposent d'un droit de visiter les établissements pénitentiaires, même à l'improviste. Ce droit, Anne-Laure Babault (LREM) l'a exercé sur sa circonscription avec une visite à la maison d'arrêt de Rochefort. "J'avais déjà visité il y a un an. Être à deux ou à trois dans une cellule, pour moi, c'est une situation difficile. Mais, des activités sont mises en place pour ne pas être enfermé constamment."
Dans cet établissement rochefortais, en principe, seulement 52 détenus peuvent être accueillis. Mais, dans les faits, ils sont en moyenne le double, avec même un pic à 120 détenus il y a quelques mois. "Dans ce cas-là, des matelas sont positionnés au sol dans certaines cellules où les détenus se retrouvent à trois dans 9 m2", assure Frédéric Debaisieux, directeur de la maison d'arrêt de Rochefort.
15 000 places supplémentaires en France
À horizon 2027, l'État a annoncé la création de 15 000 places en détention supplémentaires, sur toute la France. Avec l'objectif de proposer 80 % de cellules individuelles aux détenus français. Pour Anne-Laure Babault, c'est une avancée significative : "Des moyens sont déployés, en 2024, la moitié de ces 15 000 places seront déjà disponibles. Sur Rochefort, pour l'instant, il n'y a pas de moyens supplémentaires à annoncer. Mais je sais que le procureur de la République a rencontré le directeur de l'établissement... Le ministre de la Justice va bientôt venir sur le territoire, je lui ai proposé de venir visiter cette maison d'arrêt, j'espère qu'il viendra."
Un impact mineur en Nouvelle-Aquitaine
Dans les faits, sur l'ensemble de la région Nouvelle-Aquitaine, seule la création de quelques centaines de places est prévue, à Bordeaux, dans un centre pénitentiaire. Rien dans les autres départements de la nouvelle grande région.
C'est donc souvent aux effectifs sur place de trouver des solutions, pour améliorer le quotidien de tous : "La surpopulation, c'est difficile. Nous, notre but est d'essayer de responsabiliser les détenus pour que ça se passe le mieux possible et que le personnel puisse travailler dans de bonnes conditions. On essaye en parallèle de mettre plein d'activités en place pour que les conditions de détention soient les plus calmes possibles", confie le directeur de la prison de Rochefort.
Derrière le terme d'animations évoqué par Frédéric Debaisieux, il y a deux heures de sports chaque semaine, un accès à une librairie, mais aussi la possibilité de se former à différents métiers, notamment artisanaux pour l'après détention. "Nous avons un établissement à taille humaine, ce qui limite les violences. Dès qu'il y a une tension, on fait en sorte d'intervenir pour la résoudre rapidement. Il y a donc très peu d'agressions sur notre personnel."
Trop de prisonniers, pas assez de surveillants
En plus du fléau de la surpopulation, la maison d'arrêt de Rochefort doit aussi composer avec un manque de surveillants : " On sera à six personnes manquantes à la fin d'année. Il y a des problèmes de recrutement. L'administration pénitentiaire fait des efforts, mais on n'arrive pas à combler les places manquantes. Nous sommes 29 personnes en surveillance, il en faudrait au moins deux, trois en plus rapidement pour déjà mieux fonctionner ", conclut Frédéric Debaisieux.
En France, au 1er octobre 2023, ils étaient 74 342 détenus, dont 2 480 devant dormir sur des matelas au sol.