Depuis quelques mois, un poète fantôme dépose ses textes dans les lieux publics de Saintes. Les habitants s'en réjouissent, les partagent sur les réseaux sociaux et s'interrogent sur l'identité du mystérieux écrivain.
"Ces poèmes, c'est un peu de douceur et de fantaisie qui font plaisir" témoigne Marie-Line, qui a déjà trouvé plusieurs poésies lors de ces promenades dans la ville de Saintes.
Depuis cet automne, un mystérieux personnage sème ses textes, sur les bancs, sous les pierres, dans les parcs... "J'en ai trouvé dans le cloître de la cathédrale, à l'Abbaye aux Dames et dans un jardin public. A chaque fois, c'est comme si cela enrichissait ma promenade. Je les prends en photo mais je les laisse pour que d'autres passants en profitent" raconte cette photographe amateure.
Comme elle, de nombreux Saintais partagent des photos des poèmes en précisant le lieu de la trouvaille et en partageant le texte intégral. Sur les réseaux sociaux, les commentaires sont élogieux : "Bravo au poète, c'est très futé de déposer de telles merveilles dans cette belle ville de Saintes" écrit Viviane. "Ils sont très beaux et agréables à lire. Merci à son auteur pour ce moment poétique" se réjouit Frédérique.
Une démarche singulière
Les poèmes sont tous signés "P. P. F., le poète fantôme".
Astuce marketing ou coquetterie ? Pour le savoir, nous avons contacté l'auteur par mail : "C'est la poésie qui est importante, pas mon identité. L'aspect "fantôme" tient seulement à ma volonté de porter anonymement la poésie là où on ne l'attend pas, notamment à des personnes qui ne la liraient pas autrement que par le truchement du hasard de leur découverte. "
Marie-Line, une de ses lectrices occasionnelles, nous le confirme : "Je ne lis jamais de poésie mais, là, je ressens que c'est un plaisir partagé : cette personne a pris le temps de l'écrire, la plastifier, la déposer et moi, je prends plaisir à la lire." Elle ajoute : "Quand je pars me promener, c'est pour lâcher prise. La lecture du poème me permet vraiment de me vider la tête."
Le poète fantôme semble avoir réussi son pari, lui qui explique que "l'important est d'offrir gratuitement des mots qui, mis dans un certain ordre, vont aller titiller l'esprit des lecteurs et les mener - je l'espère - le temps d'une lecture, à un moment de ravissement".
Démasquer le poète fantôme
Alors que le 200e poème sera bientôt déposé, certains habitants se passionnent pour cette aventure littéraire : c'est à qui trouvera le prochain poème, à qui en collectera le plus grand nombre et même, à qui démasquera le poète.
Nous voulions mener l'enquête mais l'auteur, très évasif, nous en a dissuadé : "Vous le savez, un fantôme n'a pas d'âge..." Il nous glisse juste qu'il a commencé à écrire des poèmes au collège et repris il y a "quelques décennies". Comme il a déjà publié des recueils remarqués, nous comprenons vite que la flatterie sera inutile pour lui extorquer d'autres informations. D'ailleurs, il se moque gentillement de lui-même : "Poète-fantôme, c'est une signature un peu fanfaronne."
En lisant entre les lignes, selon les règles traditionnelles de l'orthographe française, nous pourrions juste en déduire qu'il s'agit d'un homme. Quoique... La poésie offre une grande liberté.
L'écrivain a commencé à semer ses belles feuilles à l'automne, évoquant la ville de Saintes, ses paysages ou ses contemplations.
Il pense continuer à offrir ses poésies jusqu'au Printemps des Poètes. Espérons, comme certains de ces émules sur les réseaux sociaux, que le mystère sur son identité reste entier jusque là.
" Mais qui es-tu, Toi qui sème
Dans notre ville des poèmes ?
Peut être une femme, un homme
Certainement quelqu'un en somme
Tu embellis nos journées saintaises
Car tu sais manier à ton aise
Les mots que tu fais chanter
Pour des poèmes de beauté
Merci à Toi le poète fantôme quelle bonne idée tu as eu,
De nous partager Ces textes magnifiques dans les rues
Cache toi encore longtemps quand tu déposes
Les beaux poèmes que tu nous proposes."
Une admiratrice