Depuis un an, le tribunal de Saintes suit les auteurs de violences conjugales avec un accompagnement individuel renforcé. L'objectif est d'éviter la récidive en les aidant à se réinsérer. Le procureur de Saintes dresse un bilan positif avec seulement 4 incarcérations pour 34 personnes accompagnées.
Le parquet de Saintes en Charente-Maritime a créé il y tout juste un an, un dispositif de suivi personnalisé des auteurs de violences conjugales. L'objectif est de protéger les victimes en évitant la récidive de leur conjoint. Cet accompagnement indivuel renforcé (AIR) est assuré par des professionnels qui s'assurent d'abord que les personnes respectent les interdictions et obligations de leur contrôle judiciaire et les accompagnent ensuite dans leurs démarches d'insertion sociale et professionnelle.
Depuis un an, 32 personnes ont ainsi été aidées: 31 hommes et une femme.
Didier (nom d'emprunt) en fait partie. Présenté à un juge en juin dernier, il est suivi par une assistante sociale jusqu'à son procès prévu en novembre prochain. Aujourd'hui, il est inscrit dans un programme de soins. Il a aussi récemment trouvé du travail et un logement.
"Si j'avais été seul, cela se serait terminé par une incarcération". J'avais des problèmes d'alcool, des troubles de l'humeur. Quand vous vivez dehors cela fait que vous ne fréquentez pas forcément les bonnes personnes. Il était temps que cela s'arrête
Un dispositif cité en exemple et étendu
Un an après sa mise en place, le procureur de Saintes, Nicolas Septe, dresse un bilan plutôt positif de ce dispositif unique en France puisqu'aucune récidive n'a été constatée.
"Il y a eu de beaux succès, il y a eu aussi quelques échecs puisqu'on a eu quatre incarcérations à l'issue des manquements des obligations et interdictions qui ont été fixés par le juge. Je considère que ce n'est pas un échec en soi puisque chaque fois les victimes ont été mises à l'abri d'une réitération et d'une récidive."
Le dispositif mise en place à Saintes vient d'ailleurs d'être cité comme exemple par le garde des sceaux le 20 septembre dernier dans une circulaire sur les violences conjugales. Il devrait bientôt être étendu à la juridiction de La Rochelle.
Cédric Cottaz, Pascal Foucaud et Martine Sitaud ont rencontré les acteurs de ce dispositif de suivi personnalisé à Saintes :
Des bracelets anti rapprochement bientôt testé à Angoulême pour renforcer la protection les victimes de violences conjugales
La juridiction d'Angoulême fait partie des cinq juridictions choisies par le ministère de la Justice pour utiliser des bracelets anti-rapprochement. Ce nouveau dispositif a été présenté le 24 septembre par le garde des sceaux, Éric Dupond-Moretti. Les bracelets sont équipés d'un système de géolocalisation. Ils donnent l'alerte si l'auteur de violences conjugales se rapproche de sa victime. En visite au tribunal de Saintes, le 25 septembre, Isabelle Rome, haute fonctionnaire en charge de l'égalité femmes-hommes au ministère de la Justice insiste sur son utilité. "Non seulement on permet à une victime de se protéger, précise-t-elle, mais on interdit à son agresseur de s'approcher d'elle puisqu'il y a un périmètre au-delà duquel il ne peut pas l'approcher. Celui-ci sera d'ailleurs fixé par le juge."1.000 bracelets sont déjà disponibles et prêts à être déployés dans les cinq premières juridictions sélectionnées. L'objectif est de le généraliser à tout le territoire d'ici la fin de l'année.