La justice aurait-elle pu empêcher Joël Le Scouarnec, condamné en 2020 pour viols et agressions sexuelles sur mineurs, de commettre l’impensable ? Des mails, révélés ce jeudi, indiquent que le chirurgien était déjà dans le viseur de la justice, quatorze ans plus tôt.
Une mise en danger, délibérée. C’est le discours des associations et des familles de victimes de Joël Le Scouarnec après la révélation ce jeudi de mails vieux de 2006 qui s’inquiète d’une première condamnation du chirurgien.
Alors médecin en Bretagne, il est repéré par le FBI et condamné pour détention d’images pédopornographiques. Quatre mois de prison avec sursis, qui ne l’empêcheront pas d’exercer son métier. Une situation impensable pour Frédéric Benoist, avocat d’une des parties civiles du dossier.
Il y a de toute évidence une mise en danger d'autrui par ces négligences et ces carences.
Maitre Frédéric BenoistAvocat de l'association "La Voix de l'Enfant" (partie civile)
C’est un collègue de Quimperlé qui découvre par hasard sa condamnation et donne l’alerte. L’information remonte jusqu’au ministère de la Santé. Mais là encore, aucune conséquence et aucun frein non plus, lors de sa titularisation à l’hôpital de Jonzac, en 2008.
Sa condamnation est pourtant connue de l’hôpital et de l’ordre des médecins. Interrogé il y a trois ans, l’ordre des médecins expliquait que tous avaient suivi la décision de justice.
Le président l'a rencontré et a exposé le cas au Conseil de l'Ordre, qui a décidé que la justice étant passée, et n'ayant pas pris, elle, la décision de suspension. Il n'y avait donc pas lieu, pour la peine, le délit bénin à l'époque, d'empêcher ce médecin de s'installer.
Pascal RevolatAncien président de l'Ordre des médecins de la Charente-Maritime (août 2019)
Y a-t-il eu des erreurs de jugement ? Un manquement de la justice ? La Voix de l’Enfant devrait porter plainte pour mise en danger d’autrui. Joël Le Scouarnec est à l’heure actuelle toujours mis en examen pour agressions sexuelles et viols sur 312 mineurs.