Parmi les auteurs et les éditeurs qui seront présents lors de cette 49ème édition, Gregory Jarry des éditions poitevines FLBLB. Il défend activement le roman-photo, depuis la création de FLBLB il y a une vingtaine d’année. Il a même décrété que 2022 devait lui être consacrée.
Le roman-photo, un mode d’expression à part entière. Le FIBD, festival international de la BD d’Angoulême aura lieu du 17 au 20 mars. Le rendez-vous a été repoussé en raison de la pandémie. Mais il aura bien lieu et c’est tant mieux, les passionnés de BD n’ayant pu en profiter en 2021, l’événement ayant été annulé.
Un peu d’histoire
Le roman-photo fait son apparition à la fin du 19ème siècle et se définit comme "un roman inédit illustré par la photographie d’après nature". Mais il va connaître son âge d’or dans la période de l’après-guerre en Italie, tout en perdant ses lettres de noblesse avec l’arrivée d’un genre intitulé "à l’eau de rose" dans des magazines dits "féminins".
Depuis, des auteurs tentent de redorer le blason de ce mode d’expression où tout est à créer. Au début des années 80, des auteurs comme Jean Teulé ou Gébé ont conçu des ouvrages aujourd’hui réédités par Flblb. La maison d’édition veut favoriser cette forme d’écriture et soutient activement les auteurs.
Grégory Jarry, co-fondateur de Flblb, a écrit un pamphlet Debout le roman-photo, pour démontrer que ce style offre des possibilités infinies, originales et sans références aucunes.
Tout reste à créer, tout est surprenant, puisque ça n’avait jamais été montré avant, c’est un luxe énorme de pouvoir tout inventer.
Grégory Jarry, co-fondateur de la maison d'édition Flblb
Et si les liens avec la bande dessinée sont évidents, comme la narration, les bulles, les cases, le texte ajouté dans ou sous l’image, le roman-photo demande une toute autre technique. La photographie, bien sûr, est l’outil principal.
Plusieurs solutions s’offrent à l’auteur. Il peut imaginer tout son récit en amont et prévoir des tournages. Xavier Courteix, par exemple, avant de réaliser des clichés pour raconter une histoire, savait de quoi il voulait parler. Il a écrit un roman-photo d’anticipation dans lequel ses personnages avaient une caméra intégrée dans les yeux. Il a contacté une clinique de la vue où une chirurgienne a accepté qu’il fasse des images du bloc opératoire et la simulation des opérations. Les images sont donc réelles mais racontent une histoire de fiction.
Gregory Jarry a employé une méthode différente. Dans l’un de ses ouvrages, il se penche sur la question des élections présidentielles. Il a photographié des séquences avec des candidats inventés de toutes pièces et il a écrit et conçu ses séquences après, avec le matériel dont il disposait. Il est, lui, auteur de bande dessinée, ce qui n’est pas le cas de tous les auteurs de romans-photos.
Julie Chapallaz est scénographe et travaille avec différentes salles de spectacle comme l’opéra de paris. Elle ne pratique pas les arts narratifs mais elle voulait raconter une histoire. Après avoir entendu Grégoire Jarry évoquer l’univers du roman-photo à la radio, elle entre en contact avec lui et démarre son projet "la déflagration des buissons".
Il lui a fallu adapter ce qu’elle avait dans la tête au monde réel. Elle est, notamment, allée faire des photos d’ours dans un parc du Jura à plusieurs reprises. Elle travaille avec des maquettes ou des collages qu’elle ajoute aux photos de ses personnages. Les lunettes, elles-mêmes, ne sont pas réelles. Mais le résultat est bluffant.
Les pionniers
Pour Grégoire Jarry, le fait de découvrir des talents dans une technique peu utilisée actuellement est comme un challenge et lui procure un réel plaisir. "Je fais des rencontres de gens un peu fous qui veulent faire des romans photos et qui ont des idées baroques".
Il aimerait pouvoir organiser une exposition à l’occasion du festival de la BD pour faire connaitre ce mode d’expression et se plait à rêver de la participation de stars dans des romans futurs, pourquoi pas autour du festival de Cannes.