Le FIBD, festival international de la bande dessinée d’Angoulême, est repoussé en raison de la crise sanitaire. Il aura finalement lieu du 17 au 20 mars, ce qui laisse le temps de découvrir des auteurs en lice pour la compétition.
Nylso a été sélectionné dans la catégorie patrimoine pour son album « Jérôme d’Alphagraph » édité chez Flblb, une maison d’édition poitevine. La sélection patrimoine met à l’honneur une œuvre appartenant à l’histoire mondiale du 9ème art ainsi que le travail éditorial ayant permis de le redécouvrir.
Le personnage de Nylso est né au début des années 2000, de sa rencontre avec un libraire indépendant à Rennes. L’homme est un érudit avec qui l’auteur va passer beaucoup de temps. Et si au départ, l’intention était de le dépeindre avec humour, très vite, le personnage de Nylso va prendre son envol et vivre différentes aventures, tout en restant passionné de littérature - Jérôme d’Alphagraph étant un apprenti libraire.
Un parcours atypique
A l’origine, rien ne destinait Nylso à devenir auteur de BD. Très jeune, il est passionné de littérature. Dès l’âge de 12 ans, il se plonge avec délice dans les écrits des auteurs russes comme Tolstoï et grâce à sa ténacité, il parvient à faire rouvrir la petite bibliothèque municipale de son village, près de Rennes. C’est à cette occasion qu’il commence à s’intéresser à l’univers de la BD, puisqu’il doit faire une sélection pour le fond de la bibliothèque. Après des études scientifiques, il devient laborantin dans un laboratoire spécialisé dans la pollution de l’air. Mais cette orientation ne le satisfait pas. Il fait une pause professionnelle et veut écrire et réaliser des vidéos. Il s’installe à Rennes et la découverte d’un fanzine underground en 1992 créera le déclic pour commencer à dessiner.
Création de Jérôme d’Alphagraph
Son personnage nait à ce moment-là. Il va lui faire vivre des aventures en écrivant quatre planches par semaine. Elles correspondent à un épisode et l’exercice devient un challenge pour être édité dans le fanzine « chez Jérôme Comix », jusqu'au jour où il se rapproche des éditions Flblb pour créer un album racontant les pérégrinations de son apprenti libraire. Depuis quatre autres tomes ont suivi. Mais c’est le premier tome qui a été sélectionné pour la sélection patrimoine du FIBD 2022, après un travail de réécriture.
Nylso apprécie de voir son travail reconnu plus de 20 ans après : « pendant des années, je me suis demandé si j’étais un être vivant tellement j’avais peu de visibilité dans la BD ». Le macaron apposé sur le livre lui donne une nouvelle vie, même s’il se vend régulièrement : depuis sa parution, il a été réédité quatre fois. Nylso poursuit sa route d’auteur de bande dessinée et parvient à vivre de son art, sans fioritures. Il se contente de peu et se satisfait de donner libre cours à sa passion.
Depuis une dizaine d’années, il a adopté un rythme régulier pour travailler et préparer de nouveaux albums. Il lit une centaine de pages de littérature par jour, dessine des planches qu’il accumule dans une boîte au gré de son inspiration. Il se rend dans des expositions, feuillette des livres d’art contemporain ou écoute des émissions de toutes sortes pour alimenter son imaginaire.
Il élabore toujours plusieurs livres en même temps et quand il se sent prêt, qu’il a trouvé une thématique, il assemble des planches récupérées dans sa boite. En quelques jours, il sort une première version. Il faudra ensuite plusieurs mois de travail pour que l’album puisse être édité. Son prochain album, qui sortira en juin, évoquera l’enfance et sera destiné à un jeune public.
Pour Flblb, deux albums dans la compétition
Autre perle des poitevins de Flblb, « La fin de juillet », de Maria Rostocka, figure dans la sélection officielle et dans celle destinée aux lycéens. L’autrice, polonaise, raconte l’histoire d’un jeune garçon dans un petit village de son pays. Une chronique de la vie ordinaire entre des relations familiales tendues, et l’ennui du milieu de l’été.