Quels BD et romans graphiques offrir comme cadeau à Noël sous le sapin ?

Pas si simple de choisir dans l'immensité de la production annuelle de bandes dessinées ... Alors pour les fêtes, nous vous proposons notre sélection issue des albums primés en 2024, ceux sélectionnés pour le prochain festival d'Angoulême, plus quelques bonus. À vous de vous faire une idée pour des cadeaux !

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Hey Djo ! par Geoffrey Delinte & Marzena Sowa (éd. Gallimard)

Un père, un fils et un camion. En route pour un road trip durant lequel Djo, jeune adolescent de 13 ans, va grandir au fil des rencontres et des aires d’autoroute. Son père, André, chauffeur routier à l’international, ne l’a pas vraiment vu grandir et ne le connaît pas davantage. « Je ne sais même pas s’il sait nager ! Quel genre de père je suis, si je ne sais pas ça ? » s'étonne-t-il. Le dessinateur, Geoffrey Delinte, lui-même fils de routier, a puisé dans les souvenirs de son adolescence quand il noircissait des carnets avec ses nombreux croquis. Au scénario, Marzena Sowa prouve une fois de plus l’étendue de son talent pour raconter des histoires sensibles. « À mille lieues des clichés habituels sur la profession » selon le magazine Les Routiers. Après le récit de son enfance en Pologne communiste avec Marzi (7 tomes parus chez Dupuis), puis celle de Gaël Faye avec la transposition de son roman à succès Petit Pays (Dupuis), l’autrice touche au cœur avec cette si difficile relation père/fils empreinte de non-dits, d’humour et d’amour. À juste titre, cet album a obtenu la Pépite de la meilleure Bande Dessinée lors du 40e Salon du Livre et de la Presse Jeunesse à Montreuil (SLPJ 93) le mois dernier.

Hey Djo ! par Geoffrey Delinte & Marzena Sowa (éd. Gallimard) 168 pages - 24,90€ - 12/06/2024 

Jusqu’ici tout va bien par Nicolas Pitz, d’après le roman de Gary D. Schmidt (éd. Rue de Sèvres)

Nous sommes en 1968 à Marysville, un trou paumé de l’état de New York. Doug vient de quitter avec sa famille la “Grosse Pomme”. Coincé entre son père sans repères (il vient de trouver un nouveau travail), une mère sans remède, un frère violent, un autre avalé par la guerre du Vietnam, l’adolescent rêve de baseball et certainement pas de grandir là. “Vous savez ce que cela fait de quitter la plus grande ville du monde ? ”, déclare-t-il à qui veut bien lui prêter un peu d'attention.

Nicolas Pitz n’a pas son pareil pour croquer ces personnages. La noirceur du récit débuté en noir et blanc se teinte de couleurs quand le jeune Doug rencontre celle qui devient son amie : Lil, la fille de l’épicier, et surtout lorsqu il découvre la beauté des planches de dessin d’oiseaux dans la bibliothèque municipale. Les dessins sont signés Jean-Jacques Audubon, le premier naturaliste, un Français, qui a réalisé au 19ème siècle l’inventaire de tous les oiseaux d’Amérique. Une échappée belle pour Doug qui met du temps à découvrir son talent. “Dessiner c’est pour les crétins et les filles. Je ne dessine pas.” clame-t-il. Et pourtant... 

Cet album est bouleversant. Adaptation du roman de Gary D. Schmidt, couronné du prix du meilleur livre Jeunesse en 2017, il est en lice pour le prochain Festival d’Angoulême 2025 (FIBD). Gageons que l’histoire de Doug qui se bat pour échapper à l’image du « voyou maigrichon » et rêve d’une vie meilleure, ne vous laissera pas indifférent.

Jusqu’ici tout va bien par Nicolas Pitz d’après le roman de Gary D. Schmidt (éd. Rue de Sèvres) 232 pages - 20€ - 14/02/2024 

Ulysse & Cyrano par Antoine Cristau, Xavier Dorison & Stéphane Servain (éd. Casterman)

Voici un album lumineux qui s'est hissé en tête des ventes bien avant qu'il soit consacré par le Prix Landerneau 2024. Avec le bac en fin d'année, puis une entrée à l'école polytechnique, le jeune Ulysse Ducerf semble avoir un avenir tout tracé. Mais après ses études, souhaite-t-il vraiment reprendre l'entreprise cimentière familiale ? C'est en Bourgogne, où sa famille s'est réfugiée pour échapper aux graves accusations visant son père, que sa vie sera bouleversée. Sa rencontre avec Cyrano, un homme bourru et mystérieux, lui permet de découvrir un autre monde : celui du plaisir de cuisiner. "On cuisine rarement pour soi mais davantage pour les autres" précise le scénariste Antoine Cristau. Quant à Stéphane Servain, le dessinateur, il ajoute : "Une des gageures de l'album, cela a été de dessiner les plats et en fait ce qui était difficile, c'était de faire comprendre le goût, le ressenti des personnages à les consommer."

Entre Paris et la Côte d'Or, la passion des auteurs pour l’art culinaire transparaît dans chaque page jusqu'à nous mettre l'eau à la bouche. Alors, dans cette France des Trente Glorieuses, les lecteurs de tous âges, mis en appétit, devraient se poser les mêmes questions que le jeune Ulysse : qu’est-ce que le plaisir ? Où se trouve l’épanouissement... et comment l’atteindre ?

Ulysse & Cyrano par Antoine Cristau, Xavier Dorison & Stéphane Servain (éd. Casterman) 176 pages - 23,99€ - 05/06/2024

Bobigny 1972 par Marie Bardiaux-Vaïente & Carole Maurel (éd. Glénat)

Le roman graphique s'ouvre sur une citation de Simone de Beauvoir : "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que le droit des femmes soit remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant." Des mots qui résonnent encore de nos jours, alors que le droit à l'avortement est attaqué aux USA  comme dans de nombreux autres pays dans le monde. C'est pourquoi cet album est salutaire. Il nous remet en mémoire le procès qui a eu lieu au Tribunal pour Enfants de Bobigny en 1972. Car il s'agit de l'histoire vraie de Marie-Claire, une lycéenne de 16 ans, violée puis dénoncée par un jeune délinquant de son quartier. Dénoncée car elle a eu recours à ce que l'on appelle à l'époque une "faiseuse d'anges". L'interruption volontaire de grossesse est alors considérée par l'article 317 de la loi comme un crime puni jusqu'à 5 ans de prison et d'une amende jusqu'à 100 000 francs.

La mère de Marie-Claire est une des poinçonneuses du métro. Elle ne gagne que 1 500 francs par mois. Elle doit donc s'endetter pour régler les 3 000 francs nécessaires. C'est Maitre Gisèle Halimi qui défend la mère et la fille, avec un objectif : faire changer la loi. Elle est à l'origine du manifeste des 343 femmes publié dans le Nouvel Observateur, qui toutes affirment avoir déjà eu recours à une IVG. À l’époque les estimations évaluent à 1 million le nombre de femmes dans le même cas. Mais selon que l'on soit riche ou pauvre, célèbre ou inconnue, les risques et les conséquences ne sont pas les mêmes. « L'Angleterre pour les riches, la prison pour les pauvres ! » sait-on alors.

Sous le crayon précis de Carole Maurel, défilent à la barre tous les témoins de l'époque : de la comédienne Delphine Seyrig aux médecins comme le professeur Milliez et Jacques Monod, prix Nobel de médecine, sans oublier Michel Rocard, député à l'époque mobilisé pour changer la législation sur l'avortement. C'est finalement Simone Veil qui défendra ce changement de législation devant le parlement en 1974, deux ans après que Marie-Claire soit relaxée.  Dans la salle du Tribunal pour Enfants de Bobigny résonnent en écho les propos féministes de Simone de Beauvoir :  « On exalte la maternité, parce que la maternité c’est la façon de garder la femme au foyer et de lui faire faire le ménage ».

C'est mérité : cet album a été retenu parmi les cinq finalistes du Prix BD France Inter 2025. Tout comme les lycéens qui l'ont choisi pour la compétition du 52ème FIBD d'Angoulême en janvier prochain.

Bobigny 1972 par Marie Bardiaux-Vaïente & Carole Maurel (éd. Glénat) 187 pages - 25 € - 10/01/2024

          À découvrir également : Quatre BD et romans graphiques à découvrir en ce début d'automne

L’héritage fossile par Philippe Valette (éd. Delcourt)

Au premier abord, le format carré et la couverture sombre de cet album intriguent et attirent. L'intrigue ne vous décevra pas. Tout commence dans le paysage désertique de la planète Geminæ. C’est là que se sont échoués après un voyage de 20 000 ans dans l’espace : Reiz, un vieil astronaute. Avec lui, sa fille Nova, âgée de tout juste 12 ans…

Comment c'est possible de voyager si longtemps ? L'auteur Philippe Valette propose un scénario de science-fiction très crédible. La bonne idée : alterner le récit du vieil homme à sa fille sur cette planète à l'atmosphère respirable et, à l'aide de flash-back, celui du voyage de quatre astronautes, matérialisé par le fond noir de la mise en page rappelant l'absence de lumière dans l'espace. Parmi eux, le vieil homme sans la fillette. Il apparaît plus jeune, il se révèle être un milliardaire à l'hubris démesuré, il a un projet fou : implanter une colonie pour l'avenir de l'humanité sur une exoplanète à l'atmosphère proche de celle de la Terre. Embarqués à bord avec les astronautes des centaines d'embryons humains cryogénisés. Mais on découvre peu à peu que ce que le vieil homme raconte à sa fille n'est pas raccord avec les flash-back. On suit les deux histoires grâce aux dessins dignes d'un film d'animation.

Cette écriture cinématographique est revendiquée par son auteur lors d'un entretien Ouest France : « C’est une déformation professionnelle, voire passionnelle. De 11 à 20 ans, j’ai tourné beaucoup de films avec des copains et un caméscope. Je ne vivais que pour ça. » Une vraie passion : « J’adorais raconter des histoires par l’image, jouer sur le cadrage, composer des effets spéciaux, bricoler des maquettes et des accessoires. » Obsédé depuis l'adolescence par le film métaphysique de Stanley Kubrick, 2001 L'odyssée de l'Espace, en même temps qu'il nous raconte cette histoire, Philippe Valette interroge les rapports entre l'homme, l'éthique et la science.

Ce roman graphique fait partie des 12 albums retenus pour le Prix des Libraires Canal BD 2025.

L’héritage fossile par Philippe Valette (éd. Delcourt) 288 pages - 34,95 € - 18/09/24

Saint-Elme (T.5) Les Thermopyles par Frederik Peeters Scénariste Serge Lehman (éd. Delcourt)

Saint-Elme, petite ville de montagne réputée pour son eau de source. Un détective et son assistante sont sur les traces d'un fugueur disparu trois mois auparavant : une enquête qui n'a que les apparences de la facilité. Car à Saint-Elme, tout le monde vous le dira : « Ici, c'est spécial. » Entre deux fondues, il peut pleuvoir des grenouilles.

Le scénariste Serge Lehman et le dessinateur Frederik Peeters concluent en beauté leur pentologie Saint-Elme. Le duo avait déjà montré l'étendue de leur savoir-faire lors de l'album en noir et blanc "L'homme Gribouille". Cette fois-ci ils ont choisi des aplats de couleurs explosives et un aspect « mythologique », notamment à travers le personnage de la ville de Saint-Elme, contraste entre l'eau, omniprésente dans ces montagnes alpines, et le feu (rien à voir ici avec le phénomène sur les mâts des bateaux) « Les dîners américains et les forêts magiques japonaises, pourquoi est ce que ça n'existe pas chez nous ? Cette profondeur mythique semble s'être arrêtée en 1914. C'est le sol que nous avons choisi pour bâtir cette histoire », racontent les deux compères dans un entretien publié dans ActuaBD. Ils souhaitaient créer un récit dans l'ambiance de la série télé "Twin Peaks" croisé avec un polar social et ultra contemporain de la Série Noire. Pari gagné !

Le premier album a ouvert l'histoire au long cours avec une Vache Brulée, album sélectionné en 2022 au Festival d'Angoulême tant le choc esthétique et narratif était fort. Quatre tomes plus tard, le dernier clôt la série dans une bataille sanglante, digne des Thermopyles, album également en lice dans la compétition officielle de janvier 2025.

Une série de BD hautement recommandable - pour des lecteurs avertis.

Saint-Elme (tome 5) Les Thermopyles par Frederik Peeters Scénariste Serge Lehman (éd. Delcourt) - 88 pages - 17,50 € - 24/01/2024

À mourir entre les bras de ma nourrice par Raphaël Pavard, Mark Eacersall & Henri Scala (éd. Glénat)


Nourrice (nom féminin) :
en argot policier, personne qui cache de la drogue chez elle en contrepartie d'une rémunération.

L'histoire se déroule au cœur d'une cité d'une banlieue d'une grande ville indéterminée. Peu importe la géographie précise :  l'histoire de Fatoumata est celle de nombreuses femmes contraintes d'accepter un marché avec des dealers lorsque, comme cette femme de ménage, il est trop difficile d'élever seule trois enfants. Une œuvre très documentée qui ne cède ni à la facilité ni au manichéisme. L'un des deux scénaristes, Henri Sacla, est commissaire de la police nationale depuis plus de 20 ans. Il a fait de l'investigation pour l'essentiel à Paris. En 2020, il signe avec Marc Eacersall, GoSt 111, leur premier roman graphique aussitôt récompensé au FIBD par un Fauve Polar. Une histoire de "tonton" en banlieue parisienne, les indics de la police. Cet album figure de nouveau dans la sélection du festival 2025.

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Cette fois-ci, c'est un petit nouveau qui vient prêter main-forte, Raphaël Pavard, au dessin en couleurs directes, avec crayonné graphique très réaliste. Cette immersion très cinématographique à hauteur de femme révèle une héroïne touchante et originale, prête à tout pour améliorer son quotidien et protéger les siens. À ne pas manquer donc, cet album à la couverture magnifique (une vue en plongée de Fatoumata à son balcon et la cité en contrebas)- un sacré contraste avec ce titre à la Audiard si surprenant.

À mourir entre les bras de ma nourrice par Raphaël Pavard, Mark Eacersall & Henri Scala (éd. Glénat) - 104 pages - 22,50 € - 10/01/2024

Delta Blues Café par Charlot et Miras (éd. Grand Angle/Bamboo)

La légende raconte que "Robert Johnson aurait passé au carrefour des routes 61 et 49 à Clarksdale un pacte avec le diable." Le secret de son talent de bluesman ? Peut-être… Ce qui est sûr c'est que cet album commence avec la projection du Bleu dans l'âme, un film en noir et blanc qui reprend ce mythe. Dans le rôle de l'artiste maudit à l'écran, un jeune acteur noir né dans les Antilles françaises, Laup (le prénom Paul à l'envers à cause du maître esclavagiste d'un de ses ancêtres). Encensé par la critique et adulé par le public, il n'y a qu'un vieux professeur spécialiste de l'histoire du Blues pour tenir des propos acerbes sur le film : "Evoquer leur musique en noir et blanc, sur fond de diableries, alors que leur art touche au sublime. C'est pathétique !… Pourquoi, chaque fois que l’on représente le blues, on se sent obligés de se priver de couleur ?"
C'est pourquoi le dessinateur Miras assume des couleurs pétantes pour cet album. Et musicien depuis toujours, Philippe Charlot, spécialiste lui-même du grand répertoire américain des années 1920 et 1930, a concocté un scénario de passionné. Il nous touche au travers de ses personnages bien définis et de leur quête d'un vieux disque vinyle 78 tours perdu depuis des années.
Bulles de Mantes (78) et le festival Blues sur Seine ont décerné à cet album Delta Blues Café le Prix 2024 de la BD aux couleurs du blues.

Alors cette BD Jazz écrite par un musicien de blues est à glisser entre toutes les oreilles, sans oublier sur la platine Love in vain, un morceau d'émotion enregistré en 1937 par Robert Johnson. Et un morceau fondateur du Rock'n'Roll si souvent repris.

Delta Blues Café par Charlot et Miras (éd. Grand Angle/Bamboo) 72 pages - 16,90 € - 27/03/24

La fabrique de News - un reporter à la chaîne par Pierre Millet-Bellando et M.Lerouge (éd. Steinkis)

Ils s'invitent dans nos salons de l'aube à l'aube, sept jours sur sept et 365 jours par an. Leurs petites entreprises ne connaissent pas la crise ou plus exactement vivent de la crise, des faits divers et des guerres. Mais si leurs visages nous sont connus, qui se cachent sous l'épiderme des femmes et des hommes reporters des chaînes d'info continue ? L'auteur Pierre Millet-Bellando s'est fabriqué un double de papier : Guillaume, un journaliste tout juste sorti d'une grande école reconnue par la profession qui va devenir un soutier de l'info. Sa première sortie sur le fameux "terrain", c'est avec un cameraman "vieux de la vieille" surnommé "Papa". Il a tout fait tout connu mais dorénavant il en réduit à arpenter la salle des quatre colonnes de l’Assemblée Nationale, pour un exercice tout aussi formaté et prévisible : tendre le micro à des députés qui  débitent leur discours "tout prêt à être diffusé" sans même prêter aux questions.

Mais très vite il devient toujours prompt pour partir sur le terrain "Pas de problème", toujours prêt pour dire "Oui j'ai tout" à sa rédactrice en chef "Tatou" (comprendre qu'elle lui donne une liste de courses d'interviews et de micro-trottoir à rapporter absolument). Sa chaîne NewsTV fait clairement penser aux débuts de BFM ou de feu I-Télé avant qu'elle ne s'abîme en une chaîne d'opinions extrêmes C-News.

À l'heure de la multiplication des canaux d'information, le roman graphique pose la question pertinente de savoir "où est passé le quatrième pouvoir" comme on a surnommé longtemps le journalisme, un pilier fondamental des sociétés démocratiques. Au fil des pages de cette satire mordante du cirque médiatique, le jeune reporter finit par se fier à sa boussole, le fantôme d'Albert Londres, c’est-à-dire celui considéré comme la statue du commandeur pour tous les aspirants à porter la plume dans la plaie.

La fabrique de News - un reporter à la chaîne par Pierre Millet-Bellando et M.Lerouge (éd. Steinkis) 168 pages - 20€ - 19/09/2024

Geographia, l'odyssée cartographique de Ptolémée par Jean Laveugle (éd. Futuropolis)

Accrochez-vous bien cette BD hybride décoiffe d'érudition non sans humour ! Fruit de la première collaboration entre la très grande Bibliothèque Nationale de France et les éditions Futuropolis, Geographia détonne dans les publications habituelles et repousse les frontières connues des cases et des bulles. Si vous avez passé votre enfance à rêver sur des cartes de géographie ou les yeux rivés sur un globe terrestre lumineux à votre chevet, alors plongez dans les aventures de Claudius Ptolémée. 2 000 ans après la publication de ce qu'il pensait être l'ouvrage de sa vie La Géographie, il découvre effaré que l'Histoire a bien peu retenu son nom au profit de son rival de toujours Marin de Tir, à qui on a décerné le titre de meilleur géographe de l'Antiquité latine.

À la barre de cette odyssée à travers les siècles, le géographe Jean Laveugle (sans doute un aède digne héritier d'Homère) Ce parisien travaille depuis plusieurs années à la création de bandes dessinées de vulgarisation scientifique. " Alors l'idée de départ, c'était de faire une histoire de la cartographie qui soit une somme, parce que quitte à faire un album sur le sujet, on voulait que le lecteur ou la lectrice puisse avoir une idée assez large de ce qui a pu se faire à travers le temps, depuis l'antiquité jusqu'à aujourd'hui, puis de voir les grandes évolutions dans la cartographie." Vous voilà prévenus...Mais rassurez-vous son coup de crayon ne manque pas de drôlerie et offre un contrepoint salutaire à son propos savant. Et pour cet album, il s'est associé à Emmanuelle Vagnon, spécialiste au CNRS de la cartographie du Moyen-Âge et de la Renaissance.

Le bonus à la fin de l'album : Emmanuelle Vagon a sorti des réserves de la BNF de nombreuses cartes anciennes pour constituer un magnifique dossier.

Geographia, l'odyssée cartographique de Ptolémée par Jean Laveugle (éd. Futuropolis) 160 pages - 23 € - 06/11/2024

Octopolis par Gaétan Nocq (éd. Daniel Maghen)

Les aquarelles du Grand Bleu selon Gaétan Nocq nous plongent dans des abîmes de quiétude sous-marine. Octopolis est un thriller scientifique qui démarre dans les laboratoires du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris et se poursuit entre autres en Méditerranée. Pour l'auteur, il s'agit d'un pendant à son album précédent Les Grand Cerfs (roman graphique adapté du roman de Claudie Hunzinger) "J'ai travaillé dans la forêt. Alors maintenant je vais faire l'inverse, je vais aller dans les eaux, voire dans les abysses, où on a encore énormément de choses à découvrir."

Par petites touches, il nous initie alors à la plongée sous-marine et nous invite à découvrir tout le bestiaire fantastique des grands fonds. Même si l'intrigue policière d'Octopolis reste secondaire - une fille à la recherche de son père perdu en mer - ces grandes planches de bleu sont salutaires et renouvellent notre émerveillement contemplatif. Il faut dire qu'à l'inverse de la ligne claire, Gaétan Nocq pose d'abord ses couleurs, c'est pourquoi il ne se définit pas comme "un dessinateur mais davantage comme un peintre".

Octopolis par Gaétan Nocq (éd. Daniel Maghen) 280 pages - 30€ - 02/05/2024

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